5 CHAPITRE 2 :
INSERTION THEORIQUE DE L'ETUDE
L'insertion théorique est encore appelée cadre
de référence. Selon Fortin (2006, p. 91), « Le cadre de
référence peut être défini comme une structure
abstraite formée d'une ou de plusieurs théories ou de concepts
qui sont réunis ensemble en raison des rapports qu'ils ont avec le
problème de recherche à définir ». La tache dans
ce chapitre est subdivisée en deux parties. En premier, nous allons
définir les concepts qui se rapportent à notre étude et en
second, il s'agira d'expliquer notre sujet à partir de théories
choisies à cet effet.
5.1.1 2.1. DEFINITION DES CONCEPTS
Un concept est une expression que les chercheurs empruntent au
vocabulaire courant et construisent pour désigner ou circonscrire des
phénomènes de la réalité observable qu'ils
désirent étudier scientifiquement. Le concept a pour mission de
guider la recherche, en lui procurant un point de vue. Il fournit donc un point
de départ à la recherche.
Pour notre recherche, nous ferons un effort particulier
consistant à situer chaque concept dans le contexte de notre
étude. Nous avons identifié les concepts suivants :
développement, Projet, projet structurant, amélioration,
qualité de vie, population, zone rurale.
2.1.1. Développement
Pour l'économiste français, François
Perroux (1961), le développement est la combinaison des changements
mentaux et sociaux d'une population qui la rendent apte à faire croitre
cumulativement et durablement son produit réel et global.
Le PNUD (Programme des Nations Unies pour le
Développement) définit le développement comme le fait
d'élargir l'éventail des possibilités offertes aux hommes.
Cette définition est inspirée de la théorie des
« besoins essentiels (ou élémentaires) »
créée dans les années 1970 au sein du bureau International
du Travail (BIT). Le développement y est caractérisé par
la disponibilité d'un minimum de biens pour assurer la survie et les
services de base comme la santé et l'éducation.
Il faut noter que le concept de développement connait
différentes définitions (notamment sur les plans
économique, social et environnemental), même si celles-ci se
rejoignent sur certaines grandes lignes.
Au plan économique, la plupart des définitions
sont centrées sur la recherche de croissance,justifiée
par la théorie dite du trickle down effect. Selon cette
théorie, les bénéfices de la croissance ont des
retombées sociales pour toute la population ; les pauvreseux-mêmes
profiteraient automatiquement des créations d'emplois et de laproduction
accrue des biens et des services. Il s'agit donc de moderniser les
paysdu Sud en développant leurs industries, leurs productions, leurs
échangescommerciaux.A partir des années 70, devant l'explosion
des chiffres de la pauvreté, les priorités affichées sont,
avant tout, la satisfaction des besoins de base et la lutte contre la
misère. Le postulat de la croissance capitaliste reste toutefois
inchangé. Il est de plus en plus associé à la
libéralisation des marchés. Par exemple, l'OCDE
(Organisation de Coopération et de Développement Economique)
affirme qu'un « élément essentiel pour le
développement est une libéralisation plus
pousséedes échanges multilatéraux, se traduisant à
la fois par une baisse des droits dedouane et par des échanges plus
faciles » car cela « entraînerait en une année
des gains de bien-être importants à l'échelle mondiale.
»
Au niveau social, la notion de bien-être est
souvent reprise dans les définitions officielles.Par exemple, le Rapport
des Nations-Unies de 1986 présente le développementcomme un
processus « qui vise à améliorer sans cesse le
bien-être de l'ensemble dela population et de tous les individus, sur la
base de leur participation active, libre etsignificative au
développement et au partage équitable des bienfaits qui
endécoulent. » Il s'agit de « rendre le
développement plus démocratique et plusparticipatif. Ces choix
doivent comprendre des possibilités d'accéder au revenu et
àl'emploi, à l'éducation et aux soins de santé, et
à un environnement propre neprésentant pas de danger.
»
De manière générale, la dignité
humaine et la liberté sont au centre de la plupart des
définitions. Ainsi, pour le pape Paul VI, « le
développement ne se réduit pas à lasimple croissance
économique. Pour être authentique, il doit être
intégral, c'est-à-direpromouvoir tout homme et tout l'homme.
» Pour la Commission Sud (Commission qui rassemble des chefs
d'États de pays du Sud), « Ledéveloppement est un
processus qui permet aux êtres humains de développer
leurpersonnalité, de prendre confiance en eux-mêmes et de mener
une existence digne etépanouie. C'est un processus qui libère les
populations de la peur du besoin et del'exploitation et qui fait reculer
l'oppression politique, économique et sociale. »
Sur le plan environnemental, les définitions modernes
du développement font de plus en plus référenceà
l'environnement. Au Sommet de la Terre de Rio en 1992, on affirma que
« Ledéveloppement, c'est-à-dire la satisfaction des
besoins de l'humanité, suppose pourêtre durable de ne pas
construire lui-même ses propres obstacles. Les
conséquences,à moyen et long terme, des orientations choisies ne
doivent pas aboutir à desimpasses sociales, économiques,
biologiques ou environnementales. [...] les êtreshumains sont au centre
des préoccupations relatives au développement durable. Ilsont
droit à une vie saine et productive en harmonie avec la nature.
»
Nous pourrions multiplier les exemples de définitions.
Retenons que les idées mères qui semblent se dégager de
la majorité des définitions officielles sont :
· la croissance et le progrès,
sources de bien-être matériel ;
· le bien-être matériel et social,
source de bien-être individuel et d'harmonie sociale ;
· la démocratie, sur un modèle
occidental.
Dans le cadre de notre étude, le développement
renvoie à un processus aboutissant à l'amélioration de la
qualité de vie des individus ; les projets structurants
étant par cette occasion des éléments qui pourraient
déclencher ce processus.
|