6.1.7 3.1.6.2. Les
variables reliées aux conditions de vie
Flanagan (1978) a tenté d'identifier empiriquement
quels éléments de l'existence quotidienne font la qualité
de la vie. Pour ce faire, plus de 6 500 incidents critiques ont
été rapportés par un échantillon de près de
3 000 personnes. Ces incidents critiques ont ensuite été
regroupés en quinze catégories comprenant des types de
comportements et d'expériences semblables. Ces catégories forment
cinq groupes distincts : le bien-être matériel et physique
(sécurité financière, santé et
sécurité personnelle) ; les relations avec les autres (conjoint,
enfants, famille, amis) ; les activités sociales, civiques et
communautaires ; le développement personnel et l'accomplissement
(développement intellectuel, compréhension personnelle, emploi,
créativité et expression personnelle) ; le temps libre
(socialisation, activités récréatives actives et
passives).
Dans un second temps, le même chercheur a demandé
aux sujets, dans le cadre d'une enquête nationale, quelle importance ces
catégories revêtaient actuellement pour eux. Il ressort de
l'étude de Flanagan que la variable jugée la plus importante par
la grande majorité des gens est celle de la santé et de la
sécurité personnelle, laquelle obtient plus de 95 % des
suffrages. Viennent ensuite le fait d'avoir et d'élever des enfants
ainsi que le fait de se comprendre soi-même, qui sont des facteurs
importants ou très importants pour plus de 85 % des
répondants.
Le confort matériel, les relations d'intimité
avec le conjoint et le travail sont évalués comme importants ou
très importants par près de 80 % des répondants.
Les six domaines présentant les plus grands coefficients de
corrélation avec la qualité de la vie globale sont le confort
matériel, la santé, le travail, la récréation
active, l'apprentissage et l'expression créative.
Dans une étude du même type, Bharadwaj et
WiIkening (1977) ont identifié la santé, la famille et la
communauté comme les principales sources de satisfaction chez les
hommes. Chez les femmes, la vie familiale domine. Chez les personnes
âgées, l'occupation du temps libre et la famille prennent le plus
d'importance. Les études nationales américaines indiquent que,
parmi les domaines de la vie qui constituent les meilleurs prédicteurs
de bonheur éprouvé par un individu, figurent en tête de
liste la satisfaction face au mariage et à la vie familiale. De
façon générale, les résultats obtenus par Campbell
(1976, 1981) démontrent que pour la plupart des gens un mariage et une
vie familiale réussis sont associés de près à un
plus grand sentiment de bien-être. Le fait d'avoir des amis et
d'entretenir des relations intimes et gratifiantes avec ceux-ci contribue
également à la qualité de la vie.
La santé physique revêt aussi une importance
indéniable dans l'évaluation de la qualité de la vie. De
façon générale, et surtout chez les personnes
âgées où elle est effectivement souvent
altérée, la santé physique est étroitement
liée au sentiment de bien-être. Le fait d'être physiquement
séduisant est généralement relié à des
affects positifs et est associé au fait d'être jeune, en
santé, intelligent et bien éduqué. Une
auto-évaluation positive est importante dans la mesure où les
gens qui entretiennent des sentiments positifs envers eux-mêmes voient
leur vie beaucoup plus favorablement que ceux qui ne se distinguent que par
leur réussite aux niveaux économique et éducationnel.
D'après l'étude longitudinale conduite par Heady et ses
collaborateurs (1984a, b; 1985) en Australie, il semble que le bien-être
et l'inconfort (illbeing) relèvent d'indicateurs distincts. Les
conditions socio-économiques et la santé influencent davantage
les affects négatifs. Ainsi, le fait d'être en mauvaise
santé va produire une évaluation négative de la
qualité de la vie alors que les personnes en bonne santé ne
considèrent pas la santé dans leur appréciation de la
qualité de la vie. La satisfaction dans l'ordre du loisir, des amis et
du mariage contribue davantage aux perceptions positives. De même, un
réseau social bien développé va augmenter le sentiment de
bien-être, sans pour autant atténuer de façon sensible les
affects négatifs.
Enfin, un ensemble d'études considèrent le
rôle et l'influence de la communauté sur le sentiment de
bien-être. Ces recherches s'intéressent aux liens entre le
voisinage, l'environnement physique et social et la qualité de la vie
(Goeppinger et Baglioni, 1985 ; Murrel et Narris, 1983 ; Rhoads et Raymond,
1981 ; Russ-Eft, 1979 ; Zautra étal., 1977).
De par sa complexité et sa nature multifactorielle, la
qualité de la vie n'est pas sans poser de problèmes lorsqu'il
s'agit de procéder à son évaluation. Issue du mouvement
des indicateurs sociaux, la mesure de la qualité de la vie a d'abord
été fondée sur des indices objectifs,
généralement statistiques. Par la suite, l'élaboration de
modèles théoriques soulignant l'importance des
éléments cognitifs et affectifs dans la perception de la
qualité de la vie a ouvert la voie au développement d'une
série de mesures qui tiennent davantage compte du point de vue de la
personne elle-même.
L'utilisation des mesures objectives repose sur la conviction
que la qualité de la vie réside dans les circonstances objectives
de la vie. Ces mesures décrivent les conditions de l'environnement
physique et humain qui peuvent influencer l'expérience de la vie, mais
elles n'évaluent pas cette expérience directement. Les mesures
subjectives, par contre, ne peuvent posséder la même
précision que les indicateurs qui sont exprimés en nombre de
dollars, en unités de temps ou en mètres carrés, mais
elles ont le grand avantage de s'adresser directement au sentiment de
bien-être de l'individu.
|