I.
PROBLEMATIQUE
1.1. Enoncé du problème
Selon le dernier rapport sur le handicap de l'Organisation
Mondiale de la Santé (OMS), on dénombre plus d'un milliard de
personnes handicapées dans le monde, ce qui représente 15 %
environ de la population mondiale. L'enquête mondiale sur la santé
estime que quatre-vingt pour cent (80%) de ces personnes vivent dans les pays
en développement. Parmi les personnes handicapées, une personne
sur sept présente un handicap moteur (HMo). Soixante-dix (70) millions
de PHM dans le monde ont besoin d'une aide technique pour la locomotion. Parmi
elles, 5 à 15% seulement y ont accès [5].
En Afrique subsaharienne, l'estimation de la proportion des
personnes handicapées motrices parmi les personnes handicapées
est de 34,7% au Burkina Faso, 35,7 % en Guinée, 19,9 % au Mali, 37% en
Mauritanie 36,7% au Sénégal et 31,7% au
Togo[9].
Au Bénin, la prévalence du handicap au sein de
la population est estimée à 2,55%, avec une proportion des PHM
estimée à 12,7% [10].
A Lokossa, l'unité de rééducation
fonctionnelle et de réadaptation du Centre Hospitalier
Départemental (CHD) a reçu533 patients en situation de handicap
dont 85 cas de PHM au cours de l'année 2014[11].
Les services de réadaptation médicale (RM) qui
prennent en compte les soins médicaux, l'appareillage, les aides
techniques, la rééducation fonctionnelle et l'accompagnement
familial sont indispensables pour améliorer la qualité de vie des
PHM. Cependant, tous ces services ont un coût que la PHM et/ou sa famille
devrait en payer. Or, les personnes handicapées représentent la
couche la plus vulnérable de la population [10].
L'accès aux services de santé en
générale et plus particulièrement aux services de la
réadaptation médicale esttrès difficile pour les PHM.Ces
obstacles peuvent s'expliquer parl'inadéquation des politiques et des
normes, l'insuffisance des services fournis et des financements, le manque
d'accessibilité, le caractère inadapté des technologies et
des modalités d'information et de communication, et une trop faible
participation des PH aux décisions ayant une incidence directe sur leur
vie [12].
D'après les données obtenues dans quatre pays
d'Afrique australe, seulement 26 à 55 % des PHM
bénéficiaient de la réadaptation médicale dont
elles avaient besoin ; 17 à 37 % avaient les aides techniques
nécessaires ; 5 à 24 % bénéficiaient des
services d'aide sociale nécessaires [12].
La mise en place des systèmes de santé
fondés sur l'approche qualité s'avère être une
solution pour sortir de cette impasse. Ainsi, la résolution de l'OMS, au
cours de la 45ème session du comité régional de
l'OMS pour l'Afrique tenue à Libreville en 1995, invitait les Etats
Membres à mettre en place des mécanismes internes et externes
d'évaluation de la qualité dans les établissements de
soins et des programmes d'assurance de qualité des
soins.[13]. Aussi, aux termes de la Convention relative aux
droits des personnes handicapées, les pays devraient veiller à ce
que les personnes handicapées bénéficient de services de
santé appropriés, y compris de soins de santé
généraux et de services d'adaptation et de réadaptation,
et ne subissent pas de discrimination dans la fourniture des soins de
santé [14, 15].
Pour ce faire, Handicap International (HI) a organisé
une série de séminaires impliquant les acteurs de la
réadaptation de par le monde, dont les séminaires de Ouagadougou
en juin 2012 et du Népal en juillet 2013. L'objectif était de
promouvoir un processus complet et continu de gestion de la qualité au
niveau du système et des services de réadaptation physique et
fonctionnelle [4].
À l'échelle nationale, le Bénin a
procédé en 2012 à l'évaluation de son
système de santé [16]. Cette évaluation a
relevé des insuffisances par rapport au cadre intentionnel, à la
coordination et la planification, à la disponibilité des
ressources en général et leur gestion, et à la
décentralisation de la gestion des ressources et des activités.
Pour lever ces défis, des normes et standards de promotion de
qualité de soins ont été élaborés et mis en
application dans tous les secteurs de la santé [17].
Au cours de notre stage en milieu professionnel en
février 2016 à la Direction Départementale de la
Santé de Mono-Couffo (DDS-MC) dans la commune de Lokossa, nous avons
noté que l'équipe managériale de l'unité de
rééducation fonctionnelle du Centre Hospitalier
Départemental de Mono-Couffo (CHD-MC) et du centre confessionnel de
réadaptation et de rééducation fonctionnelle Bethesda
étaient dans une dynamique de recherche de perfectionnement de la
qualité de prise en charge offerte aux personnes handicapées.
Cette situation a suscité une interrogation qui a été
l'objet de cette étude:Quel est le niveau de la qualité des
services de réadaptation médicale offerts aux personnes
handicapées motrices dans la commune de Lokossa ?
C'est pour répondre à cette question que nous
avons jugé utile de mener une étude intitulée
« Evaluation de la qualité des services de réadaptation
médicale offerts aux personnes handicapées motrices dans la
commune de Lokossa, au Bénin en 2016 ». Les réponses
à cette question devraient nous permettre de faire des propositions en
vue d'améliorer ou de renforcer la qualité des services
deréadaptation dans la commune de Lokossa.
Pour mieux cerner ces différents aspects, nous avons
élaboré le cadre conceptuel, formulé l'hypothèse et
fixé des objectifs de recherche.
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