Institutions, changement structurel et croissance économiquepar Steeve Amvame-Ekomie Université Omar Bongo - Master Recherche Économie 2021 |
2.1.2.2.3. La réglementation contre les pratiques anticoncurrentielles sur les marchés des produitsUn consensus existe dans la littérature économique concernant l'effet compresseur des réglementations qui augmentent les frais d'établissement de nouvelles entreprises sur la création et la destruction de ces dernières et donc sur la réallocation de la main d'oeuvre. En effet, la création et fermetures d'entreprises occupent une part importante des flux bruts d'emplois dans le monde (OCDE, 2009) et des couts de création élevés maintiendront le seuil de productivité à partir duquel un acteur économique peut lancer son activité à un niveau important, dissuadant la création comme la fermeture d'entreprises. De ce fait, une baisse de ces réglementations permettrait de voir l'avènement d'entreprises ayant une marge de progression plus grande concernant la gestion de leur activité (Bahk et Gort, 1993), ou tout simplement des entreprises plus efficientes que les entreprises déjà établies, obligeant ces dernières à réduire leurs effectifs ou à disparaitre (Aghion et Howitt, 1998). Melitz (2003) montre l'effet de la libéralisation des échanges sur la destruction et la création d'emplois à travers son effet sur la concurrence. Les emplois, du fait de l'implantation de firmes plus performantes sur le marché local qui incitera à une restructuration des entreprises locales, migreront vers les entreprises plus efficientes. 2.2. Analyse empirique : l'importance de l'amélioration de la qualité des institutions et du changement structurel pour la croissance économiqueIl existe peu d'études empiriques montrant qu'il existe un effet accélérateur de l'interaction entre changement structurel et qualité des institutions sur la croissance économique. Nous exposerons néanmoinsquelques-uns des travaux les plus récents d'auteurs utilisant la méthodologie de McMillan et Rodrik (2011) pour effectuer une analyse comparative d'un panel de pays ayant connu des niveaux de transformation structurelle équivalents sur le sujet.8(*) 2.2.1. Transformation structurelle rapide au Vietnam et au GhanaMcCaig et Pavcnik (2013) vont comparer deux pays ayant connu une transformation structurelle profonde mais n'ayant pas bénéficié des mêmeseffets : le Vietnam et le Ghana. Au Ghana, les couts de transaction importants et le manque de diversité de l'économie, qui s'appuie encore principalement sur l'exportation de ressources naturelles, empêche le secteur manufacturier notamment d'êtrecompétitif. Dans le cas du Vietnam, le difficile accès aux terrains et au capital tend à maintenir les différences abyssales de productivité entre et à l'intérieur des secteurs. Cependant, ils concluent que malgré des niveaux d'indicateurs institutionnels faibles et stagnants par rapport à ceux du Ghana, le Vietnam a davantage bénéficié de leur rapide transformation structurelle. * 8 McMillan et Rodrik (2011) procèdent à une décomposition de la croissance de la productivité totale du travail en deux composantes : la croissance de la productivité à l'intérieur des secteurs et la croissance de la productivité due à la réallocation du travail entre les secteurs ayant des niveaux de productivité du travail différents. La première composante représente la croissance intra-sectorielle de la productivité, et la deuxième composante représente le changement structurel. |
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