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Institutions, changement structurel et croissance économique


par Steeve Amvame-Ekomie
Université Omar Bongo - Master Recherche Économie  2021
  

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a. La qualité de la gouvernance : corruption et croissance économique

Si certains auteurs montrent que la corruption a un effet positif sur la productivité et l'entreprenariat des pays dans lesquels l'appareil institutionnel n'est pas développé (Houston, 2007 ; Méon et Weil, 2008) ou adoptant un régime politique particulier (Mendez et Sepulvelda, 2006), il n'en demeure pas moins qu'il existe un large consensus sur l'impact négatif de la corruption sur la croissance économique.

Dès lors, une mauvaise qualité des institutions politiques, à travers la corruption, a un effet négatif sur la productivité et la croissance économique. En effet, la corruption entraine des distorsions dans l'allocation de l'investissement public, qui se fera davantage en faveur des activités de recherche de rente, qui n'engrangent aucune productivité. (Tanzi et Davoodi, 1997 ; Mauro, 1998 ; De la Croix et Delavallade, 2007)

Il y a donc une corrélation négative entre corruption et croissance économique avec des effets directs et indirects notamment à travers ses effets sur l'investissement, le capital humain ou encore le financement et les dépenses publics (Ugur et Dasgupta, 2011). Ces effets sur la croissance sont encore plus préjudiciables pour les pays ayant un revenu par habitant élevé.

De même, la corruption, sous la forme de l'évasion fiscale, amoindrit la structure fiscale des pays touchés par ce phénomène ainsi que sa capacité de collecte des recettes fiscales (Attila, 2008 ; Riedel et al, 2010).

La corruption, sous la forme de versements de pots-de-vin affecte négativement l'efficacité et la croissance des entreprises (Kaufman et Wei, 1999). Fisman et Svenson (2007) montrent d'ailleurs que ce type de corruption a un effet financier négatif plus significatif que l'effet financier du poids des charges fiscales sur la croissance des firmes. Ceci s'explique notamment par le fait que la corruption augmente le temps passé par les responsables des entreprises concernées sur la paperasserie permettant de maquiller les irrégularités conséquentes à leurs décisions.

b. Démocratie et action des pouvoirs publics

En mettant en place un cadre politique propice à la captation d'investissements, l'action politique des pouvoirs publics influe sur la croissance. Dans ce contexte, la littérature économique considère la dimension clivante de l'impact de la démocratie sur la croissance économique. D'un côté, ses effets positifs sont évidents : les niveaux élevés de revenus et de capital humain (Doucouliagos et Ulubasoglu, 2008), la faible instabilité politique (Alesina et Perotti, 1996 ; Jong-A-Pin, 2009), l'existence d'un système électoral crédible privilégiant les politiques d'intérêt général au détriment de l'intérêt individuel (Knutsen, 2011), sont autant de canaux montrant l'impact positif direct ou indirect de la démocratie sur la croissance économique.

D'un autre côté, cette influence est critiquée. En effet, selon les auteurs défendant la position contraire, la croissance économique diminue à des niveaux élevés de démocratie (Barro, 1996). Cela s'explique entre autres par le fait que les régimes démocratiques n'imposent pas ou appliquent plus difficilement des mesures impopulaires permettant d'accroitre l'investissement (Kuzman et Al, 2002). Acemoglu (2008) affirme lui que les institutions démocratiques créent des distorsions en raison de leur tendance à la redistribution.

Par ailleurs, en favorisant la formation, notamment à travers l'éducation, l'action des pouvoirs publics contribue à augmenter la vitesse d'adaptation du capital humain aux grands changements technologiques, qui va affecter la croissance économique de long terme (Bernhabib et Spiegel, 1994 ; Aghion et Cohen, 2004).

Guellec et Van Pottelsberghe (2001) montrent l'importance des pouvoirs publics dans la croissance de la productivité à travers la promotion de la recherche-développement. Selon OCDE (1993), la recherche-développement englobe « les travaux de création entrepris de façon systématique en vue d'accroître la somme des connaissances, y compris la connaissance de l'homme, de la culture et de la société, ainsi que l'utilisation de cette somme de connaissances pour de nouvelles applications ». La R-D a un effet positif pour les entreprises et les secteurs qui décident d'investir leurs fonds dans ce domaine en plus des effets positifs externes sur les entreprises environnantes. (Mairesse et Mohnen, 1990).

2.1.2.2. Les effets de l'amélioration de la qualité des institutions sur le changement structurel

Selon OCDE (2010), les institutions agissent sur la réallocation des ressources nécessaires au changement structurel à travers des politiques et des règlementations au niveau du marché du travail influençant la productivité et les flux de travailleurs, à savoir la protection de l'emploi, les allocations de chômage généreuses ou encore les règlementations contre les pratiques anticoncurrentielles sur les marchés de produits.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo