a. La qualité
de la gouvernance : corruption et croissance économique
Si certains auteurs montrent que la corruption a un effet
positif sur la productivité et l'entreprenariat des pays dans lesquels
l'appareil institutionnel n'est pas développé (Houston,
2007 ; Méon et Weil, 2008) ou adoptant un régime politique
particulier (Mendez et Sepulvelda, 2006), il n'en demeure pas moins qu'il
existe un large consensus sur l'impact négatif de la corruption sur la
croissance économique.
Dès lors, une mauvaise qualité des institutions
politiques, à travers la corruption, a un effet négatif sur la
productivité et la croissance économique. En effet, la corruption
entraine des distorsions dans l'allocation de l'investissement public, qui se
fera davantage en faveur des activités de recherche de rente, qui
n'engrangent aucune productivité. (Tanzi et Davoodi, 1997 ; Mauro,
1998 ; De la Croix et Delavallade, 2007)
Il y a donc une corrélation négative entre
corruption et croissance économique avec des effets directs et indirects
notamment à travers ses effets sur l'investissement, le capital humain
ou encore le financement et les dépenses publics (Ugur et Dasgupta,
2011). Ces effets sur la croissance sont encore plus préjudiciables pour
les pays ayant un revenu par habitant élevé.
De même, la corruption, sous la forme de
l'évasion fiscale, amoindrit la structure fiscale des pays
touchés par ce phénomène ainsi que sa capacité de
collecte des recettes fiscales (Attila, 2008 ; Riedel et al, 2010).
La corruption, sous la forme de versements de pots-de-vin
affecte négativement l'efficacité et la croissance des
entreprises (Kaufman et Wei, 1999). Fisman et Svenson (2007) montrent
d'ailleurs que ce type de corruption a un effet financier négatif plus
significatif que l'effet financier du poids des charges fiscales sur la
croissance des firmes. Ceci s'explique notamment par le fait que la corruption
augmente le temps passé par les responsables des entreprises
concernées sur la paperasserie permettant de maquiller les
irrégularités conséquentes à leurs
décisions.
b. Démocratie
et action des pouvoirs publics
En mettant en place un cadre politique propice à la
captation d'investissements, l'action politique des pouvoirs publics influe sur
la croissance. Dans ce contexte, la littérature économique
considère la dimension clivante de l'impact de la démocratie sur
la croissance économique. D'un côté, ses effets positifs
sont évidents : les niveaux élevés de revenus et de
capital humain (Doucouliagos et Ulubasoglu, 2008), la faible instabilité
politique (Alesina et Perotti, 1996 ; Jong-A-Pin, 2009), l'existence d'un
système électoral crédible privilégiant les
politiques d'intérêt général au détriment de
l'intérêt individuel (Knutsen, 2011), sont autant de canaux
montrant l'impact positif direct ou indirect de la démocratie sur la
croissance économique.
D'un autre côté, cette influence est
critiquée. En effet, selon les auteurs défendant la position
contraire, la croissance économique diminue à des niveaux
élevés de démocratie (Barro, 1996). Cela s'explique entre
autres par le fait que les régimes démocratiques n'imposent pas
ou appliquent plus difficilement des mesures impopulaires permettant
d'accroitre l'investissement (Kuzman et Al, 2002). Acemoglu (2008) affirme lui
que les institutions démocratiques créent des distorsions en
raison de leur tendance à la redistribution.
Par ailleurs, en favorisant la formation, notamment à
travers l'éducation, l'action des pouvoirs publics contribue à
augmenter la vitesse d'adaptation du capital humain aux grands changements
technologiques, qui va affecter la croissance économique de long terme
(Bernhabib et Spiegel, 1994 ; Aghion et Cohen, 2004).
Guellec et Van Pottelsberghe (2001) montrent l'importance des
pouvoirs publics dans la croissance de la productivité à travers
la promotion de la recherche-développement. Selon OCDE (1993), la
recherche-développement englobe « les travaux de
création entrepris de façon systématique en vue
d'accroître la somme des connaissances, y compris la connaissance de
l'homme, de la culture et de la société, ainsi que
l'utilisation de cette somme de connaissances pour de nouvelles
applications ». La R-D a un effet positif pour les entreprises et les
secteurs qui décident d'investir leurs fonds dans ce domaine en plus des
effets positifs externes sur les entreprises environnantes. (Mairesse et
Mohnen, 1990).
2.1.2.2.
Les effets de l'amélioration de la qualité des institutions sur
le changement structurel
Selon OCDE (2010), les institutions agissent sur la
réallocation des ressources nécessaires au changement structurel
à travers des politiques et des règlementations au niveau du
marché du travail influençant la productivité et les flux
de travailleurs, à savoir la protection de l'emploi, les allocations de
chômage généreuses ou encore les règlementations
contre les pratiques anticoncurrentielles sur les marchés de
produits.
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