CONCLUSION
Cette étude avait comme objectif de chercher à
comprendre pourquoi certains entrepreneurs ne veulent pas s'associer avec
d'autres pour le développement de leurs affaires, ou pourquoi certaines
entreprises ne veulent pas ouvrir leurs capitaux à l'entrée
d'autres actionnaires pour financer leurs projets de développement.
Ainsi, nous avons visé, à travers les résultats de cette
étude, non seulement de fournir un guide pratique pour les gestionnaires
d'entreprises de la RDC en général et de Lubumbashi en
particulier, mais aussi de compléter les différents travaux qui
ont porté sur des thématiques voisines.
Pour y arriver, tout est parti de l'observation du
phénomène susmentionné. Ainsi, cette observation a abouti
à faire une réflexion sur la problématique de cette
recherche qui se résume en deux questions : (1) Pourquoi la plupart des
entreprises de Lubumbashi n'ouvrent pas leurs capitaux à
l'épargne du publique malgré leurs besoins en financement et les
difficultés d'obtenir un financement par l'intermédiation des
banques commerciales ? (2) Sur le plan managérial, les raisons qu'elles
avancent et les décisions qui en découlent sont-elles
fondées ?
Comme base de travail, nous avons répondu de
manière anticipative à ces deux questions en émettant deux
hypothèses de recherche : (1) Les entrepreneurs fondateurs ont la
crainte de perdre le contrôle et une partie des dividendes de leurs
entreprises en acceptant d'autres actionnaires et (2) Sur le plan
managérial, les raisons qu'ils avancent et les décisions qui en
découlent ne sont pas fondées
La vérification de ces hypothèses nous a conduit
à mener une enquête auprès des entreprises afin de
s'enquérir de leurs avis sur l'ouverture du capital/actionnariat, des
raisons pour lesquelles elles pourraient passer ou non à une telle
action, des conséquences qui découleraient d'une telle
décision, ainsi que d'autres facteurs qui expliqueraient leurs avis. Se
fondant sur la loi de grands nombres selon laquelle toutes les erreurs d'un
échantillon supérieur à 30 suivent la loi normale, cette
enquête s'est effectuée dans 36 entreprises ayant répondu
à notre questionnaire d'enquête ont constitué donc
l'échantillon de cette de cette étude.
Grace aux méthodes d'analyses qualitatives et
quantitatives, les données issues de cette enquête ont
été traité en six paliers. Les 5 premiers ayant fait
l'objet d'Analyses factorielles des correspondances (AFC), ont
été traitées par le logiciel XLSTAT, le
6ème palier ayant cherché à étudier les
facteurs prédictifs de l'ouverture du capital/actionnariat dans les
entreprises de Lubumbashi, a fait l'objet d'un modèle de
prédiction, analysé par une régression logistique
grâce au logiciel SPSS.
Ainsi, hormis cette conclusion et l'introduction, nous avons
présenté ce travail en trois chapitres. Le premier porte sur la
revue de littérature théorique et empirique sur la perception de
l'actionnariat et ouverture du capital. Il met en relief certaines
pensées d'autres auteurs ainsi que les résultats des
études précédentes ayant des traits communs avec celle-ci.
Le deuxième décrit de manière plus détaillée
la méthodologie de recherche ayant permis à aboutir à ces
résultats, il présente ensuite le champ de l'étude. Le
troisième chapitre analyse les données et présente les
résultats et ouvre enfin une discussion de ces dits résultats.
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Globalement, les résultats de cette étude
réfutent l'existence d'un lien entre la forme juridique et l'avis de
l'entreprise si en cas d'opportunité d'affaires, celle-ci ferait appel
à des nouveaux actionnaires. Ainsi, la forme juridique ne peut expliquer
si l'entreprise peut ou ne pas ouvrir son capital/actionnariat. Par contre les
résultats établissent un lien significatif entre le type
d'actionnariat pratiqué dans l'entreprise et l'ouverture du capital/de
l'actionnariat. C'est-à-dire, qu'ils montrent que les entreprises
peuvent être pour ou contre de faire appel à de nouveaux
actionnaires selon qu'elles pratiquent tel ou tel autre type d'actionnariat.
Bien que l'ouverture de l'actionnariat soit un moyen de
financement de l'entreprise, il résulte de cette étude que 69%
des entreprises de la ville de Lubumbashi augmenteraient leur
rentabilité si elles augmentaient leur capital mais malheureusement de
toutes ces entreprises qui augmenteraient leur rentabilité, 60% sont
contre l'ouverture de leur actionnariat et que 28% d'entreprises estiment que
l'augmentation du capital diminuerait leur rentabilité alors les 3%
estiment que cette opération n'aurait aucune conséquence sur leur
rentabilité.
Depuis les travaux de Jensen & Meckling (1976) ayant mis
en évidence l'existence des éventuels conflits
d'intérêts entre les principaux acteurs de l'entreprise
(actionnaire et dirigeant, actionnaire majoritaire et actionnaires
minoritaires), la question des conflits d'intérêts entre les
parties prenantes de l'entreprises reste aujourd'hui au centre des travaux et
des débats scientifiques. Cette étude ayant cherché
à étudier la de réticence des entrepreneurs congolais
à s'associer à d'autres pour développer ensemble leurs
affaires démontre ces derniers craignent la dilution de leur pouvoir et
les conflits qui en résulteraient, ce qui explique que 67% d'entreprises
de la ville de Lubumbashi ne peuvent ouvrir leur capital/actionnariat aux
tierces.
Aux vues des résultats de cette étude, il nous
revient de faire une recommandation selon laquelle : Les entreprises
individuelles et/familiales ayant montré leur limite, finissant par
disparaitre ou rester des PME éternellement, les conséquences
positives de l'ouverture de l'actionnariat (faisant jouir à l'entreprise
des économies d'échelles et augmenter sa rentabilité) est
un moyen privilégié pour faire développer les entreprises
congolaises. Non seulement que cette opération fournit à
l'entreprise des moyens pour son développent, mais aussi apporte des
compétences supplémentaires. Elle réduit certains risques
(risques de l'actionnaire) par une diversification du portefeuille. Elle est un
moyen imposant à l'entreprise une gestion saine et une organisation plus
structurée dont généralement ne font pas preuve les
entreprises individuelles. Certes, avant de prendre une telle décision,
il revient au(x) fondateur(s) de mettre en place des règles bien
définies afin d'éviter les éventuels conflits
d'intérêts. Le cofinancement est le seul moyen par lequel les
congolais pourraient arriver à mettre à la phase du monde de
grandes entreprises, voir des firmes multinationales capables de prendre la
place de ces entreprises étrangères jouant le rôle plus
important dans les secteurs clé de l'économie nationale comme les
mines, le pétrole, l'agriculture, les finances, le mobilier, etc.
Le contexte dans lequel s'est déroulé cette
étude n'ayant pas été favorable suite à la
pandémie de la Covid-19, cela ne nous a pas permis d'exploiter toutes
les pistes pour arriver aux résultats. Ce contexte justifie même
la raison d'avoir limité notre échantillon à 36 car
plusieurs entreprises étaient injoignables pendant cette période.
Quoique la loi des grands nombres nous autorise d'étendre ces
résultats à toute notre population d'étude avec cet
échantillon 36 entreprises ayant participé à
l'enquête, nous ne pouvons le faire qu'avec réserve. Ceci ouvre
ainsi la voie à d'autres chercheurs qui aimeraient vérifier ces
résultats en étendant la taille de leur
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échantillon. Cette étude n'ayant cherché
à trouver la corrélation entre les différentes variables,
plutôt à en établir des liens, ceci se présente
comme une des pistes par lesquelles les futurs chercheurs viendraient la
compléter.
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