1.3 L`approche de John Stuart Mill sur les avantages
comparatifs
Stuart Mill25 prolonge la théorie des
avantages comparatifs de Ricardo en montrant que celui-ci avait omis de
préciser comment le surplus de richesses engendré par le commerce
international sera partagé entre les pays. Sur ce point, Stuart Mill
affirme que ce sont les prix internationaux des produits qui, résultant
du niveau de la demande mondiale, déterminent le gain né de
l`échange pour les différents pays. En effet, si pour Ricardo les
prix internes sont déterminés par les coûts, Stuart Mill
démontre que la détermination du prix international des produits
répond au principe de l`offre et de la demande, et par conséquent
est conditionnée au niveau de la demande mondiale.
Stuart Mill appuie sa thèse sur la démonstration
suivante : pour chaque prix relatif possible, un pays X souhaitera exporter une
certaine quantité du bien A et importer une certaine quantité du
bien B. Un pays Y adoptera une attitude symétrique en exportant le bien
B et en important le bien A. Mais comme il est improbable que les
quantités offertes soient égales aux quantités
demandées, c`est le prix relatif pour
25Stuart Mill J. (1848), Principes
d'économie politique.
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lequel l`offre et la demande s`égalisent qui va
déterminer les quantités échangées. D`où le
fait que les situations de répartition inégale du gain à
l`échange sont les plus courantes.
Stuart Mill en déduit que les pays qui ont un avantage
comparatif dans les produits fortement demandés au niveau international
ont plus de chance d`acquérir des gains élevés à
l`échange. La spécialisation sur la base des avantages
comparatifs n`est favorable que si la demande étrangère est telle
que le prix international est supérieur au prix en autarcie. De plus,
étant donné que les termes de l`échange sont
définis par le rapport entre l`indice des prix à l`exportation et
l`indice des prix à l`importation, il n`y a jamais de situation stable
car les pays sont confrontés à tout moment à des risques
de détérioration des termes de l`échange.
Par ailleurs, une autre conclusion de Stuart Mill consiste
à dire que l`ouverture commerciale profitera davantage aux pays pauvres
qu`aux pays riches en raison du fait que les premiers peuvent profiter de la
demande plus importante et plus rémunératrice des seconds pour
exporter leurs produits. À l`inverse, les gains que les pays riches
peuvent tirer de l`échange avec les pays pauvres seront limités
par le faible pouvoir d`achat de ces derniers. Il en résulte que, non
seulement les pays pauvres peuvent s`insérer dans le commerce mondial,
mais ils en profitent davantage que les pays riches.
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