B- REVUE DE LA LITTÉRATURE
Objet de connaissance sur lequel on a encore beaucoup à
apprendre, des sociologues « urbains » américains et
français se sont penchés sur l'étude du
phénomène de l'urbanisation bien que peu d'entre eux, aient
cherché à établir des corrélats avec les
minorités autochtones. Les architectes urbanistes, historiens et
géographes, continuent majoritairement à percevoir l' «
espace de la ville » dans son aspect morphologique sans trop explorer les
processus et rapports de force qui se déroulent à
l'intérieur des zones urbaines.
Le sociologue français HENRI LEFEBVRE 80 esquisse
l'hypothèse d'une « urbanisation planétaire,
généralisée, et complète », devenue un
phénomène plus que jamais familier. Il estime que l'urbanisation,
loin de constituer un phénomène neutre et anodin,
créée dans sa logique de « production de l'espace » des
conditions favorables au développement et au raffermissement du
capitalisme.
Toutefois, l'aspect spécifique des autochtones n'a pas
été intégré dans son étude.
Dans le même sens, NEIL BRENNER81envisage de refonder
une véritable théorie des études urbaines contemporaines.
Se fondant sur les analyses de LEFEBVRE, le théoricien urbain
américain établi les bases théorico-conceptuelles et
méthodologiques. Il postule en outre, l'humanisation de ce «
processus de restructuration spatial ».
Toutefois, si précieux que puisse paraître, son
ouvrage d'une densité épistémologique très
estimable, on peut penser à la suite de nombreux auteurs, qu'il ne
repose pas sur des études de terrain mais s'inscrit principalement dans
une perspective théorique.
MILTON SANTOS82 s'inscrivant dans la perspective marxiste,
estime qu'au sein de la plupart des villes des pays en développement
qui, prennent généralement naissance autour d'une fonction
administrative 83 et autour desquelles s'agrègent les fonctions
commerciales,
24
Mémoire présenté par DIGNA DENAM
Sylvester
77 Habmo (B), « Quand les peuples nomades se
sédentarisent : Multiculturalisme et cohabitation interethnique au Sahel
»
78 Résumé du plan 2019, UNHCR, Global
Focus, 17/04/2019 ; P. 5
79 Entretien avec le Chef Service Régional
de la Solidarité et de la lutte contre les fléaux sociaux
à la Délégation des Affaires sociales, le 10/09/2020
80 Henri Lefebvre, La révolution urbaine, Paris,
Gallimard, 1970
81 BRENNER (N), Implosions/Explosions: Towards a study of
planetary urbanization, Berlin, Jovis, 2014
82 Santos (M), Quelques problèmes des grandes villes dans
les pays sous-développés, Revue de géographie de Lyon, vol
36, n°3, 1961
83 Op.cit. pp 3
bancaires, culturelles, résidentielles etc., existe une
fragmentation des classes sociales (classe supérieure formée par
l'aristocratie de la terre, et la nouvelle classe des industriels,
commerçants, spéculateurs en tout genre ; les classes moyennes
constituées de la haute classe moyenne qui participe au mode de
production de la classe supérieure sans compter cependant sur les
mêmes revenus, la basse classe moyenne et les classes pauvres que
composent ceux disposant d'un emploi stable mais très modeste comme les
ouvriers et petits commerçants et, ceux qui vivent au jour le jour
Il observe aussi, que l'urbanisation exhibe les
inégalités sociales, taudis dans des quartiers insalubres
rivalisent avec des immeubles etc.
Toutefois, cette analyse miltonienne, a le mérite de
peindre les villes du Sud et de ressortir les difficultés
rencontrées. Mais la société de classe dont il parle n'est
pas une exclusivité des pays du Sud. En outre, il n'a pas exploré
l'impact de ce processus d'urbanisation sur la population locale.
GUBRY ET TAYO84 se donnent à coeur de ressortir les
conséquences démographiques de l'urbanisation au Cameroun. Par
une démarche comparative, ils établissent une grille
d'évolutive des indicateurs démographiques sur la base des
données recueillies lors du Recensement Général de la
population et de l'habitat de 1976, et note les problèmes de logements
décents, d'emploi, de santé etc.
La situation des groupes aborigènes n'a tout de même
pas été particulièrement explorée.
SECTION III : LA CONSTRUCTION DE LA PROBLÉMATIQUE
ET L'ENONCIATION DES HYPOTHÈSES
Nous nous intéresserons d'abord à la question de la
problématique (A) avant de procéder à l'énonciation
des hypothèses de travail (B).
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