CONCLUSION GENERALE
Le présent travail sur la vulnérabilité
sociale des populations liée au paludisme dans la ville de
Yaoundé avait pour objectif de parvenir, à travers le cas des
clusters choisis comme zone d'étude, à une caractérisation
des facteurs amplificateurs du paludisme et à une analyse de la
vulnérabilité des populations aux risques associés en
milieu urbain. L'idée fondamentale étant de parvenir à une
meilleure compréhension de la dynamique de ces phénomènes
et surtout de proposer une autre approche pour aborder les risques de paludisme
en ouvrant la réflexion sur la notion de vulnérabilité
très souvent délaissée au profit des travaux sur
l'aléa. Les clusters étudiés se particularisent par la
forte densité des habitations proche des zones à risque et par
leur proximité avec les cours d'eau. La mise en parallèle des
résultats obtenus pour chacun de ces espaces nous a permis de souligner
les spécificités de chacun ainsi que des éléments
de convergence. Au terme de cette réflexion, des résultats utiles
à la vérification des hypothèses ont été mis
en évidence.
L'utilisation des SIG dans la santé publique est
répandue. Les SIG et la santé sont devenus un domaine de
recherche distinct. Cependant, les capacités des SIG n'ont pas
été largement appliquées dans la littérature du
paludisme. Quelques études examinant les aspects sociaux et spatiaux du
paludisme ont utilisé certaines méthodes SIG pour la gestion des
données, le géocodage, la liaison et la cartographie des
données, mais elles ne se sont pas explicitement identifiées
comme étant issues de SIG et n'ont pas pleinement profité des
capacités analytiques des SIG. Ces études associent les
données sur à l'information socioéconomique (par exemple,
les données des revenus des ménages) et examinent les relations
entre les caractéristiques familiales, les conditions
socioéconomiques et prévalence du paludisme dans le
ménage. Cependant, ils ne font qu'une attention superficielle à
l'articulation spatiale des cas. Dans le cas qui concerne notre étude,
Les données utilisées évaluent les contributions des
facteurs humains, entomologiques et environnementaux (par exemple, revenu,
statut social, éducation, larves, moustiques, gîtes larvaires,
environnements géographique) au risque d'infections du palu. Cette
étude s'appuie sur des approches comparatives des clusters
traités et non traités pour examiner l'efficacité des
insecticides face à la résistance des moustiques et à
l'accroissement larvaire dans les gîtes. Le but est d'évaluer
l'évolution spatiale des agents vecteurs, en accordant une attention
particulière à des nouvelles formules d'insecticides. L'analyse
par sous-unité locale permet de connaitre la distribution et la
hiérarchisation spatiales des gîtes larvaires afin de permettre
des actions plus ciblées.
La lutte contre le paludisme fait partie des priorités
de l'action gouvernementale au Cameroun. L'investissement colossal des pouvoirs
publics et de son corollaire de partenaires a malheureusement du mal à
endiguer cette endémo-épidémie devenue un véritable
facteur de pauvreté et de sous-développement. L'étude a
abouti à la prescription d'une intervention concertée autour de
trois paradigmes (la recherche scientifique, la prévention et la prise
en charge), en mettant un accent sur la création d'un Observatoire
National du Paludisme Urbain (ONPU) et sur les innovations à apporter
aux actions déjà menées. Ces prescriptions sont de nature
à induire une régulation substantielle.
Cependant, cette ambition doit être relativisée
dans la mesure où l'éradication définitive
souhaitée est tributaire d'un processus global de transition et de
restructuration urbaine au sens large. La transition urbaine pose d'ores et
déjà le problème de maîtrise des dynamiques
démographiques à corréler avec les capacités
urbaines (à l'exemple des capacités d'offre de soins de
santé) dans un contexte d'intense migration urbaine dominée par
l'asile de pauvreté. La restructuration par réhabilitation ou par
rénovation urbaine pose un problème d'investissement dans un
contexte de sous-développement. Un autre challenge réside dans
l'enclenchement d'une mobilité des comportements urbains, des logiques
d'hiérarchisation des priorités et de gouvernance des villes
caractérisés par la déconnexion du rapport socio-spatial
entre le centre urbain et les zones suburbaines ou périurbaines.
Par ailleurs, l'éradication du paludisme urbain est
aussi tributaire de l'éradication du paludisme rural. Car, la
mobilité humaine établit un continuum territorial entre l'urbain
et le rural. Ce continuum est le gage d'une fluidité des faits et
phénomènes de sociétés transférables entre
l'urbain et le rural à l'exemple de l'infection palustre. La
transférabilité du paludisme entre ces deux cadres socio-spatiaux
est donc un fossoyeur de toute politique de lutte fondée sur le principe
de marginalisation ou de non-équité territoriale.
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