III.3.1- L'analyse de la matrice de corrélation
spatiale
Elle permet de faire une analyse qualitative des chocs
à l'origine des effets de débordement entre les pays de l'UEMOA.
Par exemple dans le tableau n°11 on peut interpréter qu'un choc de
dépenses publiques au Bénin est négativement
corrélé à un choc de dépenses publiques au Burkina
Faso. Mais, dans le tableau n°12 un choc de recettes publiques au
Bénin est positivement corrélé à un choc de
recettes publiques en Côte d'Ivoire, etc. Les résultats de nos
estimations sont consignés dans les tableaux ci-dessous :
Tableau 11 : Corrélation spatiale de choc de
dépenses publiques
Correlation de choc de dépenses
publiques
BEN BFA CI MLI
NIG SEN TOG
BEN
|
1,000
|
|
|
|
|
|
|
|
BFA
|
-0,372
|
|
1,000
|
|
|
|
|
CI
|
-0,084
|
|
0,353
|
|
1,000
|
|
|
MLI
|
-0,133
|
|
0,073
|
|
-0,034
|
|
1,000
|
NIG
|
-0,096
|
|
0,140
|
|
-0,030
|
|
0,077
|
|
1,000
|
|
|
|
|
SEN
|
0,272
|
|
0,077
|
|
-0,188
|
|
-0,081
|
|
-0,118
|
|
1,000
|
|
|
TOG
|
-0,136
|
|
0,075
|
|
0,141
|
|
-0,369
|
|
0,062
|
|
-0,140
|
|
1,000
|
Source : Auteur, à partir du logiciel StataTableau 12
: Corrélation spatiale de choc de recettes publiques
Correlation de choc de recettes
fiscales
BEN BFA CI MLI NIG
SEN TOG
BEN
|
1,000
|
|
|
|
|
|
|
|
BFA
|
-0,065
|
|
1,000
|
|
|
|
|
CI
|
0,025
|
|
0,118
|
|
1,000
|
|
|
MLI
|
-0,113
|
|
-0,004
|
|
0,110
|
|
1,000
|
NIG
|
-0,017
|
|
0,085
|
|
-0,059
|
|
-0,018
|
|
1,000
|
|
|
|
|
SEN
|
0,183
|
|
0,107
|
|
-0,054
|
|
-0,162
|
|
-0,242
|
|
1,000
|
|
|
TOG
|
-0,022
|
|
-0,268
|
|
-0,259
|
|
0,036
|
|
0,153
|
|
0,052
|
|
1,000
|
Source : Auteur, à partir du logiciel Stata
III.3.2- Les effets de débordements
budgétaires
Pour capter les effets de débordement issus de la
politique budgétaire sur les économies des pays de l'union,
plusieurs indicateurs sont possibles. Dans le cas présent, nous
privilégions seulement la croissance économique pour chaque pays
dans l'optique d'évaluer les effets de débordement sur la
performance économique en vue de voir les impacts externes des chocs
budgétaires.
o Une politique budgétaire au Bénin
Il ressort de la figure n°6 (voir en annexe) qu'un choc
de dépenses publiques mené par le gouvernement béninois
produit un effet positif sur la croissance économique du Burkina Faso
pour (0,134) ; le Niger pour (0,040) ; le Sénégal pour (0,115) ;
le Togo pour (0,134) avec une ampleur assez faible alors que l'effet positif
est bien significatif pour le Mali avec (0,365). Par contre ce même choc
engendre un effet négatif et très significatif sur
l'économie ivoirienne avec une ampleur de (-0,360). Quant à un
choc de recettes fiscales, les effets de débordement sont positifs sur
la croissance économique en Côte d'Ivoire, mais l'ampleur (0,084)
est faible par rapport à l'effet des dépenses publiques.
Contrairement aux autres pays, l'effet de débordement reste
négatif. Mais cette ampleur relativement faible dans certains pays comme
le Burkina Faso avec(-0,038) ; le Mali avec (-0,131) ; le Niger avec (-0,043) ;
le Sénégal avec (-0,074)
et de façon très marginale, le Mali avec
(-0,007).
o Une politique budgétaire au Burkina Faso
Les résultats issus de nos travaux (voir figure
n°7 en annexe) montrent qu'un choc de dépenses publiques au Burkina
Faso se traduit par des effets de débordement négatif sur les
autres économies de l'UEMOA. Mais, l'ampleur de ces effets varie selon
les pays. Ainsi, elle très significative au Sénégal pour
une valeur (-0,416) ; au Niger avec (-0,302) et au Mali avec (-0,258). Par
contre, cet effet négatif est marginal au Togo avec (-0,054) et en
Côte d'Ivoire avec (-0,050). Au Bénin, il est presque nul avec
(0,009). Pour les effets de débordement résultant d'un choc de
recettes fiscales, ils sont positifs dans certains pays comme la Côte
d'Ivoire avec une ampleur assez significative de (0,195), mais plus
significative au Niger avec (0,355) et moins au Mali avec (0,135). Pour les
pays autres que le Togo et le Sénégal l'ampleur de l'effet est
respectivement de (-0,158) et (-0, 096), donc moins importants. Pour le
Bénin l'effet négatif est assez proche de zéro, soit
(0,029).
o Une politique budgétaire en Côte-
d'Ivoire
Un choc de dépenses publiques (voir Figure n°8 en
annexe) en Côte d'Ivoire crée des effets positifs sur la
croissance économique des pays avec une amplitude faible comme au
Bénin avec (0,086), au Burkina Faso avec (0,019). Mais, elle reste
relativement plus élevée au Niger avec (0,118) et très
élevée au Togo avec (0,277). A l'inverse dans d'autres pays,
l'effet de débordement est négatif à l'instar du Mali avec
une amplitude assez faible de (-0,071) et au Sénégal avec
(-0,138). Pour un choc de recettes fiscales en Côte d'Ivoire toujours,
l'ampleur de l'effet est positive sur le Bénin et le Burkina Faso, et
faiblement significative. Les coefficients sont de l'ordre de (0,056) et de
(0,195). Au Sénégal, l'effet de débordement positif mais
très peu signifiant puisqu'il proche de zéro (0,001). Parcontre,
il est négatif au Mali avec (-0,317) et au Togo avec (-0,346), ce qui
est assez significatif. Il en est de même pour le Niger avec une ampleur
de (-0,139).
o Une politique budgétaire au Mali
La figure n°9 en annexe met en exergue les effets de
débordement d'une politique budgétaire au Mali. Les
résultats donnent ce qui suit :
-Pour un choc de dépenses publiques, il se traduit par
un effet de débordement positif sur la croissance économique des
pays comme le Burkina Faso et le Sénégal avec des coefficients
dans l'ordre respectif de (0,318) et (0,491). On voit nettement que l'impact
est assez significatif dans ces pays. En revanche dans d'autres pays comme le
Bénin où l'effet de débordement est négatif avec
une amplitude de (-0,314), en Côte d'Ivoire, de façon très
marginale avec (-0,033), au Togo avec une ampleur très proche de
zéro (-0,021) et enfin au Niger pour (0,095).
-Simultanément, un choc de politique de recettes
fiscales engendre aussi des effets de débordement à la fois
positifs et négatifs. L'effet est positif sur l'économie du
Burkina Faso avec une amplitude assez faible au Togo (0,081), au Burkina Faso
(0,107) et en Côte d'Ivoire (0,113). Par contre au Sénégal
cette ampleur est plus significative (0,368). Quant à l'effet
négatif, il concerne l'économie du Bénin et du Niger dans
l'ordre respectif de (-0,044) et de (-0,087).
o Une politique budgétaire au Niger
La figure n°10 en annexe laisse entrevoir que la
réaction de la politique budgétaire à travers les
dépenses publiques produit des effets de débordement positifs sur
la croissance des pays comme le Bénin et le Burkina Faso dans l'ordre de
(0,025) et de (0,059). Cependant, son effet reste négatif sur les autres
pays à savoir la Cote d'Ivoire pour (-0,040), le Mali pour (-0,162)
où l'ampleur est plus significative de même que le
Sénégal avec (-0,102). Quant au Togo, l'effet négatif est
plus proche de zéro donc presque nul soit (-0,019). Lorsqu'il s'agit
d'une réaction de politique budgétaire portant sur les
recettes fiscales, l'effet dedébordement est
différencié entre les pays. Pour les effets de débordement
positifs, ils affectent la croissance économique du Mali dans une
proportion de (0,289) et le Sénégal à hauteur de (0,183),
ici, l'effet est assez significatif. La présence d'un effet
négatif s'observe sur l'économie béninoise avec une
ampleur de (-0,269), ce qui est assez significatif, alors qu'au Burkina Faso
l'effet négatif est proche de zéro (soit 0,015), en Côte
d'Ivoire, il atteint (-0,034) de même qu'au Togo (-0,061), ce qui est
faible.
o Une politique budgétaire au Sénégal
Il est admis d'après les résultats (voir
figuren°11 en annexe) qu'un choc de dépenses publiques au
Sénégal crée des externalités négatives sur
l'ensemble des pays de l'union excepté le Burkina Faso. Pour les pays
dont les effets de débordement sont négatifs, il y a le
Bénin avec une ampleur de (-0,036), la Côte d'Ivoire pour
(-0,101), le Mali avec (-0,130), le Niger pour (-0,018). Par contre au Burkina
Faso, l'effet de débordement est très positif et significatif
soit (0,275). Au regard des résultats sur un choc de recettes fiscales,
les effets de débordement sont variés d'un pays à l'autre.
Ils sont positifs dans certains pays tel que la Côte d'Ivoire avec
(0,075), le Mali (0,078) et le Niger (0,127). Les effets négatifs
portent sur le Burkina Faso dont l'ampleur est de (-0,221), mais assez
significatif, puis le Bénin avec (-0,046) et enfin le Togo avec
(-0,012), ce qui est presque nul puisque la valeur est proche de
zéro.
o Une politique budgétaire au Togo
Les résultats issus de la figure n°12 (voir en
annexe) montrent qu'un choc de politique budgétaire au Togo produit des
effets sur la croissance économique des pays de l'UEMOA. C'est ainsi
qu'une politique de dépenses publiques génère des effets
de débordement négatifs sur l'ensemble des pays de l'union
excepté le Bénin où l'effet s'avère positif.
L'ampleur de cet effet est plus accentuée au Sénégal et au
Mali il est de l'ordre de (-0,364) et (-0,148) ; ce qui est assez
représentatif par rapport au Niger, à la Côte d'Ivoire et
au Burkina Faso avecrespectivement (-0,052) ; (-0,017) et (-0,031). Pour un
choc de recettes fiscales sur la croissance économique, les effets de
débordement restent positifs sur l'économie du Mali et la
Côte d'Ivoire avec une ampleur de (0,261) et (0,091). Il est
également positif au Niger avec (0,024). Quant aux autres pays comme le
Bénin, l'effet de débordement est négatif (-0,067), au
Burkina Faso (-0,040), mais moins significatifs qu'au Sénégal
où l'ampleur de l'effet est de (-0,173).
Frankel et Rose (1998) soutiennent qu'une union
monétaire est propice à l'intensification des échanges et
à la synchronisation des cycles économiques. Pourtant, une
évaluation de l'ampleur des effets de débordement nous a permis
de voir le caractère asynchrone des cycles de croissance
économique. La fréquence des chocs asymétriques pousse
les pays au recours abusif à la politique budgétaire pour
stabiliser leur économie. Du coup, l'efficacité des politiques
budgétaires est remise fondamentalement en cause pour deux raisons
principales : (i) le risque de générer des effets
indésirables sur la croissance économique des pays ; (ii) et
la présence du comportement « de passager clandestin »
lorsque l'externalité est favorable aux pays voisins.
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