II.1.3- L'analyse de la nouvelle géographie
économique (NEG)
Selon les théoriciens la nouvelle économique
géographique comme Capron (2000) ; Krugman (1991a) et Siroên
(2000), la trajectoire économique des pays est non seulement le
résultat d'une dynamique propre à chaque pays mais aussi
influencée par les politiques économiques nationales mises en
oeuvres et les chocs enregistrés du fait de leurs différents
niveaux spatiaux. Une telle hypothèse est renforcée par l'analyse
de l'indicateur de Moran, qui met en évidence l'autocorrélation
spatiale entre les revenus par tête dans les régions retenues.
L'existence d'effet de débordement (externalités
des activités ou des politiques nationales), les relations de «
vertical Linkage » entre certaines entreprises, le chevauchement des
accords régionaux et des espaces, la mobilité du travail sur
autant de facteurs régionaux pouvant influencer la trajectoire
économique des pays et donc leur degré et vitesse de convergence
ou de divergence. Dans le cas des effets de débordement, l'analyse
théorique en distingue deux types : les externalités
localisées (spillover locaux) et les externalités
généralisées où sont concentrées les
activités économiques ou les infrastructures
bénéficient des avantages de la concentration. Dans ce contexte
il y aura renforcement des phénomènes de polarisation de
croissance inégale. Cette localisation peut être le
résultat des « effets frontières » mis en
évidence par la théorie des « zones d'intégration
naturelles ».A l'inverse lorsque les externalités positives se
généralisent, les avantages de la concentration des
activités se diffusent dans un espace plus large par « effet de
contagion » favorisant ainsi la réduction des disparités de
revenus. Entre ces deux situations, on peut observer le cas
intermédiaire où la concentration d'activités dans une
région donnée implique des effets de débordement à
la fois locaux et globaux.
II.2- Choix de politiques budgétaires
Par nature, les économistes admettent fondamentalement
que l'économie est instable. Les pays enregistrent fréquemment
des chocs sur l'offre ou sur la demande qui impactent positivement ou
négativement leurs économies. La prise en compte de la nature des
chocs peut influer sur le choix de la politique budgétaire selon qu'ils
soient symétriques ou asymétriques. Ce qui nous amène
l'analyse des choix de politiques de stabilisation conjoncturelle.
Graphique 5 : Les principaux effets du déficit
budgétaire
Augmentation des dépenses ou baisse des
prélèvements fiscaux
Stimulation de la demande globale (multiplicateurs)
Croissance et création d'emploi
hausse
|
des
|
taux
|
réduction
|
de
|
croissance et à
|
d'intérêt
|
|
|
l'investissement
|
|
l'emploi
|
Effet d'éviction et
Possibilité de
Frein à la
Déficit
Augmentation de la dette publique
Augmentation de la charge de la dette (intérêt
pays par l'Etat)
Augmentation du déficit
Source : Auteur, à partir de l'analyse
keynésienneII.2.1- La politique
d'austérité budgétaire
En union monétaire, l'impact des politiques
d'austérité est amplifié en raison de
l'interdépendance des pays par des liens commerciaux. Lorsque tous les
pays consolident simultanément leurs finances publiques, la production
de chaque pays est non seulement réduite dans l'économie
domestique, mais elle sera également affectée par les
consolidations budgétaires réalisées dans les autres
pays-membres. Les politiques d'austérité menées de concert
en union européenne risquent de conduire à une contraction
cumulative de l'activité économique. Batini et al., (2012)
confirme les effets dépressifs des consolidations et constate que les
réductions de dépenses publiques sont bien plus dommageables
à l'activité que les hausses d'impôts.
Une étude du Fonds Monétaire International (FMI,
2010) a analysé les expériences de consolidation
budgétaire menée dans les économies avancées. Les
résultats concluent des effets non keynésiens (multiplicateur
négatif) pour les politiques de restrictions budgétaires en
prenant appui sur quelques pays comme le Canada, le Danemark, l'Irlande, la
Suède qui présentent en réalité une certaine
particularité. Elles portent sur de « petites économies
ouvertes » avec leur propre monnaie et qui ont mené des politiques
de rigueur budgétaire, en les combinant avec la
dépréciation monétaire. Contrairement à ces
derniers, le FMI montre que dans tous les pays, depuis 30 à 40 ans, les
effets des consolidations budgétaires sont restés
keynésiens, c'est-à-dire dépressifs.
Une autre étude du FMI (2012) réalisée
par dix-sept (17) économistes donne des résultats similaires.
Elle compare la valeur des multiplicateurs budgétaires dans les
modèles macroéconomiques DSGE pour les politiques
discrétionnaires et affirme que les multiplicateurs sont toujours
positifs dans ces modèles. Pour la zone euro, le multiplicateur est
même supérieur à un. En d'autres termes, si tous les pays
prennent des mesures de consolidation budgétaire en même temps, la
contraction de l'activité sera supérieure à l'impulsion
budgétaire. Par conséquent, la conduite de politiques de rigueur
budgétaire dans l'ensemble ades effets récessifs forts et les
déficits publics ne pourront pas être compensés. Holland
et Portes (2012) ont observé les répercussions des divers
plans d'austérité adoptés en zone euro. Ils expliquent que
les politiques économiques poursuivies ces dernières
années par les pays européens se révèlent
particulièrement nocives pour l'activité. Aussi, la consolidation
budgétaire a entraîné une hausse du ratio dette
publique/PIB dans chaque pays membre, excepté l'Irlande. La
consolidation coordonnée des politiques budgétaires s'est
traduite par une hausse du ratio de 5 % environ pour la zone euro dans son
ensemble. Il faut noter que les plans d'austérité ont
été mis en oeuvre pour atténuer les tensions sur les
marchés de la dette souveraine et éviter la contagion. Cependant,
les plans ont conduit à une hausse des taux d'intérêt, la
persistance des effets négatifs sur la production et finalement un
accroissement des ratios dette/PIB. Les conclusions de leurs travaux montrent
que le décalage dans le temps des ajustements budgétaires
permettrait de réduire les coûts sur l'emploi et la croissance,
sans pour autant que l'endettement s'éloigne de sa trajectoire
soutenable.
Dans la même lancée, Auerbach et Gorodnichenko
(2012) ont montré à partir d'une étude sur un panel de 30
pays de l'OCDE (en grande partie les pays de la zone euro) que les effets de
débordement des chocs budgétaires sont plus accentués
(forts) pendant les périodes de récession. Quant au régime
de change, les effets restent plus faibles dans les régimes à
taux de change fixe que dans les régimes à taux de change
flottants. Erceg et Lindé (2012) ont développé un
modèle DSGE13 à deux économies
pour observer comment l'appartenance à une
13 Le modèle DSGE a permis examiner les
effets d'une expansion des dépenses publiques dans une trappe à
liquidité. Si la trappe à liquidité est très
longue, le multiplicateur de dépense peut être beaucoup plus grand
que dans des circonstances normales, et les coûts budgétaires
minimes. Mais compte tenu de ce `fiscal déjeuner libre, `on ne sait pas
pourquoi les décideurs voudraient limiter la taille de l'expansion
budgétaire. Notre document traite de cette question dans un
environnement de modèle dans lequel la durée de la trappe
à liquidité est déterminée de manière
endogène, et dépend de la taille de la relance budgétaire.
Nous montrons que, même si le multiplicateur est élevé pour
de faibles augmentations dans les dépenses publiques, il peut diminuer
sensiblement à des niveaux de dépenses plus élevés
; ainsi, il est essentiel de faire la distinction entre la réponse
marginale et moyenne de la dette de sortie et le gouvernement.union
monétaire façonne les effets d'une consolidation, qu'elle prenne
la forme d'une hausse d'impôts ou d'une réduction des
dépenses publiques. Une consolidation budgétaire entraîne
une contraction de l'activité dans l'union monétaire. Leurs
travaux aboutissent aux résultats suivants : d'abord à court et
moyen termes, une contraction des dépenses publiques déprimera
davantage la production que si la consolidation budgétaire avait pris la
forme d'une hausse d'impôts. Par contre, le modèle suggère
que les réductions des dépenses sont moins dommageables à
l'activité ; ensuite à long terme, ils préconisent une
combinaison de réductions de dépenses et de hausses
d'impôts si un pays membre d'une union monétaire est contraint de
consolider ses comptes publics.
Néanmoins, ils reconnaissent avoir sous-estimé
les répercussions qu'une baisse des dépenses publiques peut avoir
sur la croissance potentielle. Or, les dépenses d'infrastructures sont
susceptibles de stimuler la productivité du capital privé et que
les dépenses en éducation améliorent la
productivité de long terme par l'accumulation du capital humain.
Des études du (FMI) (2013) affirment que les
consolidations budgétaires ne stimulent jamais l'activité
économique. L'accélération de l'activité domestique
suite à l'adoption d'un plan d'austérité se traduit par un
accroissement de la demande extérieure, impulsée par une
dépréciation réelle du taux de change. En plus, les
politiques d'austérité augmentent le ratio de la dette
publique/(PIB) ; puisse que le resserrement budgétaire sur
l'activité économique réduit le PIB.
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