Chapitre II-Présentation des milieux
d'étude
2.1- présentation de la commune urbaine de
Koutiala
Notre milieu d'étude est la ville de Koutiala. A
travers ce chapitre, nous présenterons de façon succincte
l'historique de la ville de Koutiala, sa situation géographique, sa
démographie. Nous présenterons de façon
particulière la population spécifique de notre
établissement d'enquête, à savoir le groupe scolaire second
cycle de Darsalam. L'étude monographique de la ville de Koutiala et les
documents administratifs nous aiderons à enrichir nos données.
2.1.1- Historique de la commune urbaine de
Koutiala
Koutiala est la déformation de « Koulé
Dia Kan » en Mamara (langue Minianka), qui signifie
« village des fils de bucherons ».
Selon la tradition, la ville de Koutiala serait fondée
par les Sanogo entre le XVIème et le XVII siècle. Ils seraient
venus du petit village de Sanga situé à 5km au Sud-ouest de
Koutiala, où ils exploitaient les terres fertiles, regroupés en
hameaux de cultures.
Les Sanogo furent rejoints par des bucherons ou
Koulé en Bambara, originaires de Ouolosso situé
à 5 Km au Nord-est de Koutiala. Les bucherons travaillaient le bois en
abattant de grands arbres. Ce qui explique les armoiries de la ville : un
Baobab, tombant sous les coups des haches du bucheron, encadré par le
Ciwara, objet d'art.
Plus tard, les Coulibaly, venus de l'actuel arrondissement de
Zangasso, s'installèrent auprès des deux clans pour travailler la
terre. Un quatrième groupe, celui des Ouattara originaire de la ville de
Kong en République de Côte-d'Ivoire, vint s'installer à son
tour à Koulé Dia kan. La ville vécut longtemps
repliée sur elle-même avant d'être, tour à tour, une
province du royaume du Kénédougou au Sud et du royaume Bamanan de
Ségou au Nord.
En 1903, le colonisateur français y crée un
poste administratif. Koutiala fut érigée en commune de moyen
exercice suivant l'arrêté territorial n° 446D.I-3 du 10Avril
1958. Le 02 Mars 1966, Koutiala devient une commune en plein-exercice,
conformément à la loi n°009-66 AN-RM.
La ville connut une expansion territoriale, dans la
décennie 1960-1970, avec la création de nouveaux quartiers tels
que Médina-Coura, Hamdallaye, Bolibana et Darsalam I et II. De vastes
extensions, commencées dans les années 2003 se poursuivent.
43
2.1.2 - Situation géographique de
Koutiala
La commune urbaine de Koutiala est située au Nord-ouest
de Sikasso, la capitale régionale et 3ème région
administrative du Mali. Elle couvre une superficie de 170 020 Km2. Elle compte
12 quartiers et huit villages, administrés par un conseil communal de 41
membres issus des élections municipales de Novembre 2016. Le Maire,
Oumar Dembélé (UDD) et ses six adjoints forment le bureau
communal. Ils sont appuyés dans leurs tâches par neuf (9)
commissions de travail et des agents communaux, relevant de l'administration
communale.
Ville cosmopolite, Koutiala est située au carrefour des
villes de San, à 138 Km au Nord-est ; de Ségou, à 157 Km
au Nord-Ouest, de Sikasso, à 137 Km au Sud-est, de Bobo-Dioulasso (BF)
à 209 km à l'Est. Cette position géographique
privilégiée, fait de la ville une plaque tournante d'intenses
activités agro-industrielles et commerciales avec les centres de
l'intérieur et des états voisins.
Le climat y est de type soudanien ; caractérisé
par une saison de pluie allant de Mai à Octobre et une saison
sèche qui couvre la période Novembre-Avril. Les pluies varient de
900 à 1000 mm par an.
l'Harmattan, un vent chaud, sec et provenant du Sahara, souffle
de Novembre à Mai.
La végétation est la savane arborée,
composée de Karité, de Néré, de Raisin sauvage, de
Kapokier et Baobab.
Située dans une dépression, la ville devient un
véritable réceptacle d'eaux de pluies pendant l'hivernage,
provoquant des inondations dévastatrices. Les principales
rivières telles le Pimpédogo, le Farako et le
Soro restent à sec pendant tout le reste de l'année.
2.1.3- Cadre démographique de Koutiala
La population de la commune de Koutiala est estimée
à 154 545 habitants en 2012, soit 50,20% de femmes et 49,8% d'hommes
avec un taux d'accroissement de 2,7%. (Source : Résultats provisoires du
RGPH 2009. (Estimation de DRPSIAP/Sikasso). Koutiala est la troisième
ville la plus peuplée du Mali après Bamako et Sikasso. Avec,
52,5% de moins de 15 ans, la population est très jeune. Ce qui pose
d'importants défis à relever en matière
d'éducation. Elle est cosmopolite, composée de Minianka, l'ethnie
majoritaire, de Bambara, de Sénoufo, de Peulhs, de Bwa, de Dogons. Ces
groupes humains pratiquent les activités agro-pastorales, l'artisanat et
le commerce. L'animisme, l'Islam et le Christianisme sont pratiqués.
44
La principale culture commerciale est celle du coton.
L'importante production cotonnière a valu à la ville de Koutiala
l'appellation « capitale de l'or blanc ». La vie économique de
la ville de Koutiala est basée sur l'importante production
cotonnière assurée par les paysans sous l'encadrement de la CMDT.
Elle a favorisé la création et le développement de
nombreuses usines de transformations dont la matière principale est le
coton. Il s'agit notamment des huileries, des usines d'aliments-bétail
et de fabrique d'emballage qui ont permis de créer des emplois. Le
commerce est dynamique. Il se fait avec les villes de l'intérieur et
avec les pays voisins. Il porte sur des produits agro-pastoraux et
industriels.
2.2-Population scolaire spécifique de
Darsalam
Notre milieu d'étude est le quartier de Darsalam
situé dans la ville de Koutiala. Le quartier est divisé en deux
parties : Darsalam 1 et Darsalam 2. Il est situé au Nord-est de la
ville, sur la route de San. Il compte une population de 32 660
habitants28.
Le quartier compte de nombreuses structures éducatives
préscolaires ; des établissements d'enseignement fondamental
public et privé, les établissements d'enseignement secondaire,
technique et professionnel.
La présente étude s'effectue au groupe scolaire
second cycle de Darsalam, situé dans le quartier dont il porte le nom.
Communément appelée « Ecole du sahel » à cause
du caractère sec et rocailleux du terrain sur lequel il a
été bâti, quelques années plus tôt, le groupe
scolaire Darsalam second cycle est un ensemble composé de 12 classes
réparties en quatre groupes, à savoir, Darsalam A, Darsalam B,
Darsalam C et Darsalam D. Chaque groupe scolaire compte les trois niveaux
d'enseignement du second cycle : 7ème, 8ème et
9ème années. Il est placé sous la
responsabilité d'un Directeur d'école, aidé dans ses
tâches par le personnel enseignant. Le groupe scolaire Darsalam second
cycle compte un effectif de 1085 élèves. Notre
enquête porte sur un échantillon 134 personnes
dont 120 élèves choisis selon la technique
d'échantillonnage probabiliste de hasard simple ; de 9
enseignants de français et des acteurs externes
constitués d'un conseiller pédagogique, de
4 enseignants de français à la retraite retenus
sur la base de la technique d'échantillonnage non probabiliste de choix
intentionnel. Le choix des enseignants de français à la retraite,
du conseiller pédagogique de français se justifie, d'une part,
par leur statut d'anciens praticiens de la fonction enseignante, d'autre part,
par leur responsabilité dans la formation et le sui-pédagogique
des enseignants.
28 . Source :
résultats provisoires du RGPH 2009. Estimation DRPSIAP/SIKASSO
45
La répartition des effectifs par classe et par groupe
scolaire se présente suivants les tableaux ci-après :
Tableau 4 : Effectifs des classes Darsalam A.
Classes
|
Effectifs
|
Pourcentage par sexe
|
Total
|
Total général
|
7ème Année
|
G : 50
|
46%
|
109
|
|
|
F : 59
|
54%
|
|
|
8ème Année
|
G : 29
|
48%
|
|
|
|
F : 31
|
52%
|
60
|
271
|
9ème Année
|
G : 45
|
44%
|
102
|
|
|
F : 57
|
56%
|
|
|
Source : Enquête personnelle, Koutiala avril
à octobre 2018 Tableau 5 : Effectifs des classes Darsalam B.
Classes
|
Effectifs
|
Pourcentage par sexe
|
Total
|
Total général
|
7ème Année
|
G : 45
|
38%
|
118
|
|
|
F : 73
|
62%
|
|
|
8ème Année
|
G : 37
|
51%
|
73
|
|
|
F : 36
|
49%
|
|
278
|
9ème Année
|
G : 30
|
34%
|
87
|
|
|
F : 57
|
66%
|
|
|
Source : Enquête personnelle, Koutiala avril
à octobre 2018 Tableau 6 : Effectifs des classes Darsalam C.
Classes
|
Effectifs
|
Pourcentage par sexe
|
Total
|
Total général
|
7ème Année
|
G : 52
|
48%
|
110
|
|
|
F : 58
|
52%
|
|
|
8ème Année
|
G : 34
|
49%
|
69
|
|
|
F : 35
|
51%
|
|
262
|
9ème Année
|
G : 40
|
48%
|
83
|
|
|
F : 43
|
52%
|
|
|
Source : Enquête personnelle, Koutiala avril
à octobre 2018 Tableau 7 : Effectifs des classes Darsalam D
Classes
|
Effectifs
|
Pourcentage par sexe
|
Total
|
Total général
|
7ème Année
|
G : 50
|
45%
|
112
|
|
|
F : 62
|
55%
|
|
|
8ème Année
|
G : 31
|
56%
|
55
|
|
|
|
274
|
F : 24
|
44%
|
9ème Année
|
G : 44
|
41%
|
107
|
|
46
F : 63
Source : Enquête personnelle, Koutiala avril
à octobre 2018
Les tableaux 4, 5, 6 et
7 présentent des effectifs élevés dans
toutes les classes. Seule la classe de la 8ème année de
l'école Darsalam D compte un effectif de 55 élèves. Les
effectifs pléthoriques rendent difficile l'acte d'enseignement avec des
classes bruyantes, des surcharges sur les table-bancs, insuffisances de livres
de lecture.
Par ailleurs, les élèves qui passent de la
sixième à la septième année sans être soumis
à un examen ont besoin d'une formation de base solide afin de
réussir cette étape de leur apprentissage. Or, un effectif
élevé est un facteur qui réduit considérablement
non seulement le temps de lecture des apprenants mais aussi de leur
familiarisation avec le texte et partant de leur faible appropriation de
l'orthographe. Ce qui constitue une entrave de l'apprentissage de l'orthographe
par la lecture. Les effectifs des apprenants qui vont crescendo dans les
écoles depuis quelques années constituent, certes, un facteur
favorable à l'augmentation du taux de scolarisation suite à la
demande d'éducation élevée mais représentent un
poids pédagogique pour les enseignants qui assurent l'acte
d'enseignement. Cette situation est consécutive à l'offre qui n'a
pas suivi la demande d'éducation et les salles de classes sont
insuffisantes par rapport au nombre d'inscrits malgré le
développement du secteur privé dans le domaine de
l'éducation.
Au-delà des difficultés ci-dessus citées,
les effectifs élevés rendent difficiles les évaluations
régulières en orthographe, en conjugaison, contribuant ainsi
à l'échec des apprenants en Dictée de contrôle.
Elles recommandent l'adoption d'une pédagogie dite des grands groupes
qui a montré malheureusement ses limites. Toutefois, un
élément encourageant qui ressort de ces effectifs
élevés est la parité fille/garçon,
évocatrice d'une prise de conscience des parents de l'importance de la
scolarisation des filles
Graphique 3 : répartition des
élèves enquêtés selon l'âge
12 13 14 15 16 17 18 19 20 21
Elèves enquêtés par âge
12 ans - 0,83% 17 ans- 13%
13 ans - 12% 18 ans- 12%
14 ans - 24% 19 ans - 2%
15 ans - 22% 20 ans - 0%
16 ans - 12% 21 ans - 2%
Source : Enquête personnelle, Koutiala avril
à octobre 2018.
Ce graphique présente des enquêtés de la
tranche d'âge de 12 à 21 ans. Une analyse faite sur la base de
l'âge d'inscription à l'école à sept ans, la tranche
d'âge 13, 14 et 15 ans correspond à l'âge des apprenants au
collège. Au-delà de cette tranche d'âge, la présence
au second cycle des apprenants âgés de 16 à 21 ans nous
permet de dégager deux hypothèses : primo, tous les
apprenants âgés de 16 ans au collège ont soit accusé
un retard dans leur inscription à l'école soit redoublé
une classe ; secundo, tous les apprenants de 16 ans à 21 ans,
inscrits à l'âge de 7 ans, ont redoublé une à six
fois durant le bloc unique de neuf ans de l'enseignement fondamental.
Par ailleurs, 37% des enquêtés devraient être dans le
circuit de l'enseignement secondaire général tandis que 4%
devraient être dans l'enseignement supérieur niveau Licence 1,
Licence 2 et Licence 3. Au total, 41% des enquêtés ne devraient
pas être dans l'enseignement fondamental. Ce qui permet de supposer que
les apprenants ont redoublé plusieurs classes pour faiblesse de
niveau.
47
Graphique 4 : répartition des
élèves enquêtés selon le statut :
régulier-redoublant.
Répartition des élèves
enquêtés selon leur statut: passant-redoublant.
Rédoublants
36%
Passants
64%
Passants Rédoublants
48
Source : Enquête personnelle, Koutiala avril
à octobre 2018
Ce graphique présente 36% de redoublant, soit plus de
trois quart des enquêtés contre 64% de d'élèves
réguliers repartis dans les classes de 7ème, 8ème et
9ème années de Darsalam A, B, C et D. Si le pourcentage de
passant est plus élevé, celui des redoublants, 36%, permet
d'affirmer que le taux de redoublement reste très
élevé.
Graphique 5 : répartition des
élèves enquêtés par sexe.
Féminin
58%
Masculin
42%
Masculin
Féminin
Source : Enquête personnelle, Koutiala avril
à octobre 2018
Ce graphique laisse comprendre que plus de la moitié des
élèves enquêtés sont des filles. Ce qui
représente un espoir pour la scolarisation des filles.
Le chapitre suivant porte sur l'élucidation des concepts
et la revue critique de la littérature.
49
|