Chapitre IIInterpellation de l'Histoire dans la
littérature maghrébine
francophone
2. Thème d'Histoire dans les pays du Maghreb :
2.1. La Tunisie :
LaTunisie a une spécificité historique
différente de celle de l'Algérie et du Maroc, elle n'a pas cette
ancrage dans la composante berbère encore vivace et qui fait encore
polémique dans les deux pays, et y fait un thème
littéraire. Dans le cas échéant les romanciers tunisiens
essaient de de ressusciter « Carthage afin de puiser dans les mythes
anciens des leçons valables pour aujourd'hui (...) les romanciers
tunisiens remontent encore plus loin dans le temps et trouvent dans le tragique
destin de Carthage un thème romanesque qui se prête à des
lectures multiples »13
Le roman de Abdelaziz Belkhodja Cendres de
Carthage(1993) y fait le parallèle entre la destruction totale de
la cité antique et l'écrasement de l'Iraq et sont mis en
perspective pour mettre en évidence le cynisme de la politique
américaine.
Dans un article paru le 12 mars 2003, dans jeune afrique,
l'historien célèbre M. Talbi, sous le titre «
Delenda Bagdado », reprenant l'expression célèbre
de l'émissaire romain Caton devant le Senat : « Delenda est
Carthago » qui signifie littéralement « Carthage doit
être détruite », dans une similitude étrange avec
l'émissaireaméricainqui ordonna la destruction de
Baghdâd.
La romancière Alia Mabrouk nous livre un roman d'un
aspect archéologique de l'ère romaine où les
propriétaires terriens de la région de DOUGGA refusent de livrer
leur blé aux maitres de l'empire romain, le roman s'appelle DOUGGA
(1993)
Fawzi Mellah dans Elissa, la reine vagabonde (1988)
évoque le mythe entourant la fondation de Carthage. A travers cette
fable historique F.Melleh veut rendre justice à Elissala
fondatrice de Carthage « dont le nom a été effacé
et dont la trace n'existe nulle part contrairement aux noms d'Amilcar ou
d'Hannibal »14, soit une fiction historique au service du
patrimoine collectif tunisien.
Albert Memmi, le très connu intellectuel tunisien, ne
cesse de rappeler dans tous ses écrits ses origines juives malgré
sa naissance en Tunisie, le pays qu'il aime et ne peut le quitter. Dans son
roman le pharaon(1988) il défend la place des
judéo-berbères au Maghreb et spécialement dans son pays,
l'auteur ne cesse de s'interroger sur le sort réservé à la
composante juive après l'indépendance dans un pays se
réclamant déjà de l'islam et de la nation arabe.
13Sabiha Bouguerra, Histoire de la littérature
du Maghreb, ellipses, 2010, p : 154 14Ibid., p : 158
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