6.3.4. Le sciage artisanal
En dehors de l'agriculture, la cueillette et la chasse, le
sciage artisanal occupe aussi une place de choix dans les différentes
sources de revenus en zones forestières.Les populations locales tirent
des revenus importants de cette activité (Cerutti et Lescuyer, 2010).
Entre mars et septembre 2012, 27%des ménages au Sud et
49% des ménages à l'Est ont tiré un revenu decette
activité.
6.3.4.1. La description de
l'activité
Le sciage artisanal emploie plusieurs catégories
d'acteursau niveau local : les prospecteurs, les vendeurs d'arbres, les
scieurs, les débardeurs, les chargeurs et les superviseurs ou
responsables.
· Les superviseurs ou responsables sont les personnes qui
sont en charge de la gestion de l'activité localement
appelée« chantier ». Ceux-ci sont des habitants du
village et fonctionnent le plus souvent en partenariat avec un entrepreneur
urbain qui finance généralement l'activité, vu qu'elle
nécessite beaucoup d'argent.
· Les prospecteurs sont les individus qui identifientla
position des essences en forêt ou dans les parcelles agricoles et
viennent informer les superviseurs. Ceux-ci sont payés en fonction du
type d'essence, de son état, de sa distance par rapport à la
route et de leur pouvoir de négociation.
· Le vendeur d'arbres est la personne qui vend les
essences qu'il possède sur sa parcelle. Le montant qu'il reçoit
dépend aussi de son pouvoir de négociation. Ce dernier peut
s'autofinancer ou recevoir un financement externe et employer un scieur.
· Le scieur est celui qui abat les arbres et les
débite. Il est payé en fonction du nombre d'arbres abattus et du
nombre de pièces débitées.
· Les débardeurs sont les personnes qui
transportent les pièces débitées de la forêt
à la route. Leurs rémunérations dépendentdu nombre
de pièces transportéeset de la distance par rapport à la
route.
· Les chargeurs sont ceux qui chargent les pièces
dans les camions. Ils sont payés en fonction du nombre de pièces
chargées.
En général, la rémunération des
acteurs de la chaine au niveau local est proportionnelle à la valeur de
l'essence.
Lorsqu'un entrepreneur urbain vient au village, il contacte
une personne (superviseur) avec qui il s'accorde sur le type d'essence, le
nombre de piècesdont il a besoin et le montant à
débourser.Le superviseur peut demander une avance à son
partenaire. Ensuite, il cherche un prospecteur qui identifie les arbres soit en
forêt ou dans les parcelles agricoles. Aussitôt les essences
identifiées, le superviseur vient négocier avec le
propriétaire. Quand c'est en pleine forêt, il paye juste la
prospection.Dès qu'il y a accord entre les différentes parties,
le superviseur engage un ou plusieurs scieurs et leur fournit le
matériel nécessaire (carburant, huile, éventuellement une
tronçonneuse) et une avance de paiement.Une fois l'arbre scié et
débité, le superviseur engage les débardeurs, puis des
chargeurs qui vont mettre les pièces dans un véhicule pour
qu'elles puissent être transportées en ville. Certainssuperviseurs
ne s'occupent pas du transport jusqu'à la ville.Leur travail se limite
au débardage, ceci afin d'éviter les
tracasseriesroutières, c'est le
« parc-brousse ».Dans ce cas, c'est l'entrepreneur qui se
charge des tracasseries routières.
Les scieurs ont révélé que les essences
qu'ils scient proviennent aussi bien de la zone tampon (agricole) que de la
concession.Durant la période de l'enquête, le bubinga est
l'essence qui a été la plus exploitée de manière
artisanale au Sud, alors que dans la Région de l'Est, l'ayous suivi de
l'ébène sont les essences les plus exploitées comme
l'indique le tableau 16.
Tableau 16. Principales
essences d'arbres exploitées au Sud et à l'Est entre mars et
septembre
Nom scientifique
|
Nom commun
|
Nombre de ménages
concernés
|
Sud
|
Guibourtia spp.
|
Bubinga
|
8
|
Diospyros crassiflora
|
Ebène
|
1
|
Sarcocephalus spp.
|
Bilinga
|
1
|
Afzelia spp.
|
Doussié
|
1
|
Milicia excelsa
|
Iroko
|
1
|
Millettia spp.
|
Wengue
|
1
|
Est
|
Triplochiton scleroxylon
|
Ayous
|
22
|
Diospyros crassiflora
|
Ebène
|
7
|
Entandrophragma cylindricum
|
Sapelli
|
3
|
Erythrophleum gabunense
|
Adoum
|
2
|
Afzelia spp.
|
Doussié
|
2
|
Erythropleum spp.
|
Tali
|
2
|
Terminalia superba
|
Fraké
|
1
|
Milicia excelsa
|
Iroko
|
1
|
Baillonella toxisperma
|
Moabi
|
1
|
Sterculia rhinopetala
|
Nkana
|
1
|
Pterocarpus spp.
|
Padouk
|
1
|
|