6.3.2.3. La description des quelques
PFNL importants
Dans cette partie, nous allons décrire quelques PFNL:
la mangue sauvage (Irvingia gabonensis), le moabi (Baillonella
toxisperma), njansang (Ricinodendron heudelotii), l'ébaye
(Pentaclethra macrophylla), l'amvout (Tricoscypha abut), les
champignons (Termitomyces spp.), les escargots (Achatinidae
spp.) et les chenilles (Imbrasia spp), le rotin(Laccosperma
secundiflorum), le palmier (Elaeis guineensis) et le raphia
(Raphia hookeri), l'ekouk/lombo/emien (Alstonia boonei) et le
moambé jaune (Enantia chlorantha).
· La mangue sauvage (Irvingia
gabonensis)
Photo 1. Fruit et amande de
Irvingia gabonensis
Irvingia gabonensisest un arbre dont les fruits se
consomment directement, mais il est surtout prisé pour son amande.
Durant sa période de production (juinàseptembre), ses fruitssont
ramassés au pied des arbres.Une fois collectés, ils peuvent
être immédiatement consommés ou fendus grâce à
une machette tranchante et les amandes sontextraites. Cette dernière
opération peut s'effectuer sur le lieu de collecte ou à la
maison. Puis les amandes sont épluchées après avoir
ététrempées dans de l'eau et séchées pendant
2 à 4 semaines, le plus souvent sur une claie au soleil ou au-dessus du
feu de cuisine. Lorsqu'on veut en consommer,on les frit dans de l'huile et on
les écrase à la pierre pour en faire une sauce.Après les
avoir frit dans de l'huile, elles peuvent aussi être pilées dans
un mortier pour en faire une pâte.Cette pâte est moulée dans
un récipient et séchée au soleil pendant longtemps.
Ensuite on obtient une boule compacte que l'on utilise pour la sauce en
râpant juste la quantité nécessaire.
Les amandes de Irvingia gabonensis se vendent
fraiches ou séchées.Le prix varie entre 1 000FCFA et
1 500FCA le litre.
Afin d'en avoir pendant une longue durée, les amandes
sont conservées soit sous forme de graines séchées, ou de
pâte séchée. Les deux formes sont attaquées par
lesmoisissures lorsqu'elles ne sont pas
régulièrementexposées à la chaleur. Dans ce cas, la
qualité est affectée. En plus des moisissures, les amandes
séchées et stockées dans les sacs peuvent être
charançonnées.
En dehors de son importance alimentaire, les populations
locales utilisent ses écorces dans la pharmacopée traditionnelle
pour soigner le mal de dents, de ventre et la typhoïde.
· Le moabi (Baillonella
toxisperma)
Photo 2. Arbre et fruit
de Baillonella toxisperma
Baillonella toxispermaest un arbre dont les fruits
sont ramassés entre juillet et septembre,et peuvent être
consommésdirectement. Mais le véritable trésor qui
réside en lui c'est sa graine, qui procure de l'huile
communémentappelée huile de moabi.Pour obtenir cette huile, les
populations ramassent les fruits et les stockent en forêt pour qu'ils
pourrissent afin de faciliter l'extraction des graines. Une fois les graines
extraites, elles sont transportées au village et séchées
surune claie au soleil pendant environ un mois. Ensuite, elles sont
décortiquées à l'aide d'un couteau puis
séchées de nouveau sur une claie pendant deux à trois
jours. Après ce deuxième séchage,elles sont pilées
au mortier.Lapâte obtenue est mise dans une certaine quantité
d'eau bouillie et remuée jusqu'àl'obtention d'une pâte
huileuse. Pour finir, cette pâte est pressée à deux mains
pour y extraire del'huile. Celle-ci est autoconsommée ou placée
dans des récipients et vendue à 1 000FCFA la bouteille de
bière (0,75 litre) et 1 500FCFA le litre.Pour les populations, cet
arbre a aussi des vertus thérapeutiques. Ses écorces soignentle
mal de ventre, de dos et de dents.
· Njansang(Ricinodendron
heudelotii)
a
.
c
b
Photo 3. Fruit (a), amandes
(b) et graines (c) deRicinodendron heudelotii
Le njansang est une graine issue des fruits de l'arbre
Ricinodendron heudelotii.Il est utilisé comme condiment dans
l'alimentation. Les fruits sont ramassés pendant la période de
septembre à décembre. Après le ramassage, les fruits sont
stockés dans un coin en forêt etlaissés pourrir pour se
débarrasser de leurs parties tendres et libérer la graine par la
même occasion. Ces graines dures comme des petits cailloux sont ensuite
apportées au village et bouillies dans une marmite pendant 2 à 3
jours jusqu'à ce que les graines commencent à s'ouvrir. Les
graines sont ensuite cassées à l'aide d'un caillou et les amandes
obtenues sont lavées et séchées au soleil. Pour finir,
elles sont consommées ou vendues généralement entre
1 000 FCFA et 2 000 FCFA le litre.
· L'Ebaye (Pentaclethra
macrophylla)
Photo 4. Gousses et graine
d'ébaye (Pentaclethra macrophylla) (Source :
www.prota.org)
L'ébaye est un PFNL convoité principalement pour
ses graines, qui sont contenues dans de grandes et longues gousses (cf.photo
4). Ces graines sont destinées à la commercialisation.Les
populations locales ne savent pas comment les utiliser. Seuls les Baka
l'utilisent pour la fabrication d'une huile.Son écorce est
utilisée dans la médecine traditionnelle pour soigner le mal de
ventre.
Les recherches menées par l'ICRAF (2012) sur ce PFNL
indiquentque des graines de l'ébaye est extraite une huile comestible.
Ces graines peuvent être consommées bouillies ou grillées,
fermentées elles constituent un condiment ayant un goût de
viande.
· L'amvout (Tricoscypha
abut)
Photo 5. Tricoscypha
abut
C'est un fruit rouge consommé par les populations
etconnu sousplusieurs noms : Boutor (Kako), Ngoyo (Baka), Amvout
(Bulu).Ilest collecté généralement entre le mois de mai et
de juillet. Certains de ces fruits sont acides et d'autres sucrés. Ce
sont les fruits sucrés qui sont généralement
appréciés par les populations.
· Les champignons(Termitomyces
spp.),
Photo 6.
Champignons(Termitomyces spp.),
Ces PFNL alimentairessonttrès appréciés
par les populations locales. Ilsse ramassent pendant les saisons pluvieuses
etsont destinés à l'autoconsommation. Depuis un certain temps,
les « bayam sellam » achètent des mottes de
terre qui sortent de la forêt et sur lesquelles poussent les
champignons.
· Les escargots(Achatinidae
spp.) et les chenilles(Imbrasia spp.),
Photo 7.
Escargot(Achatinidae spp.) et chenilles (Imbrasia
spp.)
Ce sont des sources de protéines animales de la
cueillette qui sont importantes pour les populations.
Les escargots se ramassent généralement pendant
la saison des pluies, ils abondent en forêt après une pluie. Ils
sont destinés à l'autoconsommation. Parfois ils sont vendus au
village. Leprix varie entre 25 FCFA et 50 FCFA l'unité.
En ce qui concerne les chenilles, elles sont principalement
destinées à l'autoconsommation et quelques fois vendues.Elles
sont le plus souvent collectées pendant la saison des pluies,
lorsqu'elles se nourrissent des jeunes feuilles des plantes. Lacollecte est
généralementpratiquée par les femmes et les enfants.Elles
se développent sur des essences d'arbres particulières.Nous avons
pu recenser 6 essences d'arbres au Sud et 8 à l'Est qui fournissent les
chenilles comestibles aux populations locales. Parmi ces arbres, 4 sont
similaires dans les deux Régions.Il s'agit de l'abing, l'ayous, le
sapelli et le raphia comme le présente le tableau 11.
Tableau 11.
Principalesessences fournissant les chenilles au Sud et à
l'Est
Nom scientifique
|
Nom local
|
Nom de la chenille
|
Sud
|
Est
|
Piptadeniastrum africanum
|
Dabema
|
Dabema
|
Oui
|
Non
|
?
|
Essop
|
Chenillle
|
Oui
|
Non
|
Raphia hookeri
|
Raphia
|
Vers blancs/Kanga
|
Oui
|
Oui
|
Peterslanthus macrocarpus
|
Abing/abale
|
Chenillle
|
Oui
|
Oui
|
Triplochiton scleroxylon
|
Ayous
|
Chenillle
|
Oui
|
Oui
|
Entandrophragma cylindricum
|
Sapelli/Assé
|
Assé
|
Oui
|
Oui
|
?
|
Kako
|
Kako
|
Non
|
Oui
|
?
|
Minzi
|
Mbinzi
|
Non
|
Oui
|
?
|
So'o
|
So'o
|
Non
|
Oui
|
Erythropleum spp.
|
Tali/Takou
|
Korfo'o
|
Non
|
Oui
|
· Le rotin (Laccosperma
secundiflorum)
Photo 8. Rotin (Laccosperma
secundiflorum)
Le rotin est utilisé dans l'artisanat pour la
fabrication des paniers et des chaises aussi bien en milieu urbain que rural.
Il se collecte durant toute l'année. D'après les populations pour
obtenir ce PFNL il faut allertrès loin dans la forêt.
· Le palmier(Elaeis
guineensis)et le raphia(Raphia hookeri)
Ces deux PFNL sont particuliers et très importants pour
les populations forestières car, ils ont plusieurs usages. Ils sont
utilisés dans l'alimentation et dans l'artisanat.
Le raphia fournitdes chenilles et du vin qui sont
consommées par les populations. Sa tige, improprement appelée
bambou, est utilisée dans la fabrication des lits, des tabourets, des
claies, descharpentes, et est utilisée comme tuteur. Ses feuilles
entrent aussi dans la fabrication de nattes qui servent de couvertures. A cet
effet, 62% des toits des logements dans la Région de l'Est sont faitsde
matières végétales.
b
a
Photo 9. Nattes (a) et claie
(b) à base de Raphia hookeri
Le palmier est également utilisé pour la
production devin qui est très consommé par les populations
locales. Ce vin est très riche en vitamines.Ses noix sont
utilisées dans la production d'huile de palme et de palmiste. Ses
feuilles sontaussiutilisées dans la construction des toitures et la
fabrication debalais.
Photo 10. Extraction du vin
de palme
· L'ekouk/lombo/emien (Alstonia
boonei)
Alstonia booneiest un arbre appelé
« ekouk » au Sud et « lombo » à
l'Est. Son écorce est utilisée dans la pharmacopée
traditionnelle pour soigner le paludisme, les maux de ventre et de tête.
Il est également utilisé commecontre poison. Les populations
l'introduisent généralement dans les vins de palme et de raphia
avant qu'ils ne soient consommés. Dans la Région del'Est et du
Sud il a été le principal PFNL médicinal collecté
par les populations durant la période d'étude.
· Le moambé jaune (Enantia
chlorantha)
Encore appelée « mfo'o » ou
« po'o », ce PFNL est une essence d'arbre médicinale
dont l'écorce est utilisée pour soigner plusieurs maladies :
la jaunisse,le mal de ventre,les plaies, la gale et le paludisme.
Photo 11. Ecorce de
Enantia chlorantha
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