3.2.
Problématique
Le massif forestier camerounais regorge de nombreuses
ressources qui sont convoitées par plusieurs opérateurs,
notamment les populations locales, les concessionnaires forestiers
engagés dans une gestion durable, à une transformation du bois en
valeur ajoutée et des opérateurs irrespectueux quant au
bien-être des populations locales, des ressources forestières et
des lois et règlements du pays (WRIet al., 2005 :1). A cet
effet, 43 % des 14 millions d'ha qui font l'objet du plan d'affectation des
terres forestières au Cameroun, sont attribués aux concessions
forestières. Ces dernières sont principalement exploitées
par les concessionnaires dans un but de maximisation du profit à travers
la production de bois d'oeuvre. Elles sont aussi utilisées par les
populations locales pour satisfaire leurs besoins de subsistance et pour
améliorer leurs revenus à travers l'exploitation des Produits
Forestiers Non Ligneux (PFNL) qui s'y trouvent comme les plantes
médicinales, les plantes comestibles, les chenilles ou le
gibier(FAO, 2008 : 1).
La loi forestière camerounaise n°94/01 du 20
janvier 1994 dans article 44 stipule que pour exploiter les concessions
forestières, les opérateurs privés doivent obtenir un
titre d'exploitation assorti d'un plan d'aménagement et des cahiers des
charges qui prennent en compte les besoins et les opinions des populations
riveraines.
Cependant, les aspects socio-économiques des plans
d'aménagement sont le plus souvent abordés comme une
formalité. Les contraintes légales étant peu
précises, on retrouve finalement assez peu d'implications
concrètes issues des résultats des enquêtes
socio-économiques (GTZ, 2006 :44).Celles-ci ne se limitent
généralement qu'à une simple description
socio-économique de la zone affectée par le projet sans
évaluer les impacts des activités forestières sur les
populations, ne proposent pas de mesures d'atténuation ou de
renforcement de ces impacts (Lescuyer et al., 2011). Dans le
même sens, la FAO (2008 : 1) affirme que les concessionnaires
forestiers n'accordent pas encore assez d'intérêt à
l'importance et au rôle que jouent les PFNL dans le développement
économique, social et culturel des populations forestières
à travers le monde. Il existe également des ressources
forestières à usages multiples qui sont aussi bien
convoitées par les populations locales comme PFNL que par les
concessionnaires pour le bois d'oeuvre. A ce titre, « dans les
forêts humides du Cameroun, 61% des 23 principales espèces
ligneuses exploitées par les compagnies forestières ont une forte
valeur pour les communautés locales et pour la subsistance, les revenus
et la santé des ménages » (Tieguhong. et Ndoye,
2007 :7). Ceci pourrait notamment créer des conflits d'usage entre
les populations locales et les concessionnaires.
Dans un tel contexte où les parties prenantes ont
parfois des objectifs différents ou similaires, nous nous posons la
question de savoir : dans quelle mesure la vie des populations locales
vivant autour et à l'intérieur des concessions forestières
dépend desressources forestières eten quoi l'activité
des compagnies peut-elle impacter la satisfaction de leurs besoins ?De
cette préoccupation centrale résultent les questions
suivantes :
· quelles sont les espèces de plantes et d'animaux
utilisées par les communautés locales pour lasubsistance et les
revenus ?
· quelles sont les zones de collecte de ces
espèces, les changements qui ont affecté la productivité
et l'accès aux ressources clés avant et après
l'exploitation forestière dans les sites
sélectionnés ?
· quelle est la production actuelle et les techniques
d'extraction des compagnies forestières ainsi que les espèces
pouvant être source de conflits ?
· quels sont les impacts potentiels de l'activité
forestière sur les populations locales et les relations qui en
découlent?
· dans quelle mesure est-il possible de mettre sur pied
des approches novatrices et multi-usages de gestion des produits
forestiers ?
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