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Usages locaux des ressources forestieres autour de trois concessions camerounaises (1050, 1046 et 1059) : complementarité ou compétition ?


par Duplex NOUMBISSI
Université de Dschang - Diplôme d’Ingénieur Agronome 2012
  

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CHAPITRE 3: INTRODUCTION

Ce chapitre décrit les généralités, présente la problématique, les objectifs, l'importance de l'étude ainsi que les principales articulations du mémoire.

3.1. Généralités

L'Afrique Centrale est une sous-région fortement boisée. Environ 57% de son étendue est couverte par des forêts naturelles. Elle représente la plus vaste superficie continue de forêts tropicales humides d'Afrique et est la deuxième plus grande du monde après l'Amazonie. Ce couvert forestier englobe plusieurs pays : le Gabon, la Guinée Equatoriale, la République du Congo, la zone humide du Cameroun et la République Démocratique du Congo (RDC) ainsi qu'une petite partie de la République Centrafricaine (FAO, 2002 : 121). Avec 47,5 millions d'hectares de forêts, plus de 20 millions d'hectares de forêts tropicales humides et 22,5 millions d'hectares de forêts de production dont 14 millions sont exploitables, le secteur forestier Camerounais contribue à l'économie nationale, en fournissant des revenus, des emplois, de la nourriture, des médicaments, de l'énergie, et des services environnementaux importants (ADD, 2012 ; WRI, 2005 :1). Depuis 1980, il constitue la deuxième source de recettes d'exportation du pays après le pétrole, avec 29 % et 26 % des recettes d'exportation hors pétrole en 2001 et 2004 respectivement. Il offre près de 13 000 emplois formels et peut-être 150 000 emplois informels et représente 4,8 % du produit intérieur brut hors pétrole en 2004, dépassant de loin toutes les autres matières premières agricoles (Topa et al., 2010 : 17).

En dehors du bois d'oeuvre qui suscite plus l'attention des pouvoirs publics, les Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) sont aussi d'une grande importance car ils contribuent à la réduction de la pauvreté (Mbolo et al., 2006). Par exemple, « La valeur totale des produits forestiers pour lesquels des statistiques commerciales ou des estimations existent à savoir le bois, le charbon, le Gnetum africanum, la gomme arabique et l'écorce de Prunus africana, avoisine les 304 milliards de FCFA, avec 63 milliards de FCFA tirés des Produits Forestiers Non Ligneux et 68 milliards de FCFA pour l'énergie domestique » (Topa et al., 2010 : 2).

Sur le plan juridique au Cameroun, plusieurs avancées ont été faites dans le domaine de la gestion durable des forêts. En 1994, le Cameroun a adopté la Loi n° 94/01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et des pêches suivie d'un décret d'application n° 95/531/PM du 23 août 1995. Cette loi et les textes pris pour son application fixent le régime des forêts, de la faune et de la pêche en vue d'atteindre les objectifs généraux de la politique forestière, de la faune et de la pêche, dans le cadre d'une gestion intégrée assurant de façon soutenue et durable, la conservation et l'utilisation desdites ressources et des différents écosystèmes tel que stipulé dans son article 1.

Théoriquement celle-ci met l'accent sur l'implication des populations locales dans la gestion des ressources forestières à travers une gestion décentralisée. Elle concrétise une ouverture, sur une base égalitaire, de tous les acteurs impliqués dans la gestion des forêts. Elle reconnait par exemple aux populations riveraines le droit d'usage ou coutumier d'exploiter tous les produits forestiers, fauniques et halieutiques à l'exception des espèces protégées en vue d'une utilisation personnelle et non commerciale (article 8 (1)).

Cette loi n'a pas été vraiment effective jusqu'à 1998, à cause des textes d'application règlementaires absents, d'un manque de volonté politique et d'une faible capacité institutionnelle. Le Gouvernement Camerounais a entrepris une réforme de cette loi en 1998, cette dernière met l'accent sur « la reconnaissance des droits des communautés locales et des populations autochtones d'utiliser les terres forestières, à profiter de leurs ressources et à participer aux décisions afférentes » (Topa et al., 2010 : 77).

Malgré les différentes réformes de la loi, on observe qu'en pratique l'intérêt des populations locales qui vivent depuis longtemps autour et à l'intérieur de ce massif forestier n'est pas toujours pris en compte. Les modalités pratiques d'une telle participation ne sont pas précises à nos jours. Les textes réglementaires officiels en vigueur prévoient certes une grande implication despopulations locales dans la gestion des forêts, sans pour autant expliquer comment cela doit se faire concrètement.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon