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En quoi les savoirs et pratiques locaux pourraient-ils contribuer à  regénerer les sols agricoles? étude de cas croisée au Burkina Faso et en Belgique


par Thomas Romaric KARAGA
Domaine des Sciences économiques et de gestion (ISES) de la Haute Ecole de Bruxelles-Brabant. - Bachelier en sciences économiques et de gestion, option Commerce et développement durable. 2021
  

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5.2 Annexe 2

Type de contact : entretien par appel audio

Date : 23 avril 2021

Durée : 25 minutes

Interlocuteur : Hamadé Ouedraogo

Fonction : Cultivateur

Entreprise : champ agricole

Description : Hamadé Ouedraogo exploite un champ de 15 hectares avec ses trois frères et a mis en place une technique agricole régénératrice (le zai).

Nombre de membres : 4

Localisation : Koubri, Burkina Faso

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Thomas Karaga : Bonjour j'espère que vous allez bien, comme je vous l'avais dit quand jetais au Burkina, j'appelle pour un entretien concernant vos techniques de régénération agricoles dans le cadre de mon travail de fin d'études. J'aimerais savoir tout d'abord, quelle technique utilisez-vous ?

Hamadé Ouedraogo : D'accord, je suis content de pouvoir t'aider dans ce travail. J'utilise la technique du zai sur une parcelle cultivable de 15 hectares. J'ai commencé à l'utiliser il y'a quelques temps. Mes trois frères m'ont aidé à le mettre en place dans mon champ car cette technique n'est pas aisée surtout avec nos températures très élevées.

Thomas Karaga : D'accord, je vois, mais qu'est-ce qui vous a poussé à adopter cette technique ?

Hamadé Ouedraogo : J'ai adopté cette technique parce que j'utilisais beaucoup d'engrais chimiques pour augmenter mon rendement agricole. Au début c'était bien, mes productions augmentaient, mais avec le temps, le sol a commencé à se dégrader et donc les rendements ont baissé. Cela a beaucoup affecté mes récoltes et nos entrées d'argent ont baissé brusquement J'ai dû donc me renseigner sur cette technique et l'adopter.

Thomas Karaga : Ou êtes-vous renseigné sur cette technique ? auprès de qui ou de quel organisme ?

Hamadé Ouedraogo : Je me suis renseigné auprès de la direction provinciale de l'agriculture, et on m'a expliqué les différentes étapes pour mettre en place la technique du zai. Mais plus tard, j'ai partagé mes connaissances là-dessus sur les autres agriculteurs qui ne savaient pas comment le mettre en place ou qui le mettaient mal en place.

Thomas Karaga : Cultivez-vous pour ensuite revendre ou c'est beaucoup plus pour votre subsistance ?

Hamadé Ouedraogo : Ici, avec les conditions de vie difficiles, nous les paysans, nous cultivons d'abord pour nous nourrir, ensuite nous revendons l'excédent pour mettre nos enfants à l'école, pour nous soigner ou pour assurer d'autres petits

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besoins. Ce qui fait que si nos récoltes ne sont pas bonnes, c'est toute l'année qui va être amère pour nous. Si les récoltes sont bonnes, alors c'est toute la famille qui est heureuse, et tout le monde en profite, surtout nos enfants qui vont à l'école.

Thomas Karaga : Oui, je vois, quels ont été les résultats de la technique du zaï sur votre exploitation agricole ?

Hamadé Ouedraogo : Les retombées sont allées très vite, je dirai à mon fils de t'envoyer les données des récoltes des différentes années, tu verras comment la technique du zaï a ravivé mon champ. Le haricot qui ne poussait pas, pousse désormais.

Hamadé Ouedraogo : Il y'a eu beaucoup de retombées économiques et sociales. Nos récoltes de maïs et d'haricots se sont accrus, donc les revenus aussi forcément, on a plus de soucis pour faire face à certaines dépenses sociales, les enfants vont à l'école, et ne craignent plus d'être renvoyés à la maison pour défaut de paiement des frais de scolarité, on arrive aussi à se soigner et assurer les besoins basiques de toute la famille. Ces retombées ont été aussi observées chez les agriculteurs voisins à notre exploitation qui ne savaient pas comment mettre en place la technique ou qui la mettaient mal en place.

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5.3 Annexe 3

Type de contact : entretien par appel audio.

Date : 03 mai 2021.

Durée : 25 minutes.

Interlocuteur : Frédéric Muratori ( f.muratori@regenacterre.be).

Fonction : Agronome chargé de recherche (courriel : serteyn.l@greenotec.be).

Entreprise : Regenacterre, site internet : https://www.regenacterre.be/.

Description : association sans but lucrative pour le développement et la promotion de l'agriculture régénératrice.

Nombre de membres : Plus de 100 membres. Localisation : 19, rue du buisson, 1360 Perwez.

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Thomas Karaga : Bonjour monsieur, enfin on s'appelle vu votre emploi du temps très occupé, je vais commencer par la première question. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Frédéric Muratori : Oui, me présenter moi personnellement ou la structure ?

Thomas Karaga : Oui, vous personnellement, j'ai vu sur internet ce que votre structure fait comme actions

Frédéric Muratoni : Heu, moi je suis Frédéric Muratoni, je suis agronome, j'ai fait l'agronomie à Louvain-La-Neuve il y'a une vingtaine d'années. J'ai travaillé dans la recherche et puis maintenant, je travaille chez Regenacterre.

Thomas Karaga : D'accord, pouvez-vous me dire quelle technique de conservation/régénération des sols utilisez-vous ou préconisez auprès des agriculteurs ?

Frédéric Muratoni : En fait l'agriculture régénératrice c'est un ensemble de techniques, mais qui ne sont pas vraiment définis par les techniques mais par les objectifs, les objectifs de résultat, et le résultat c'est augmenter la matière organique du sol, et donc le carbone dans le sol, et augmenter la vie du sol. On parle de santé du sol en anglais, alors on voit bien qu'il y'a différents paramètres dans le sol : la biologie, la chimie, la physique du sol. Ces trois paramètres doivent être augmentées. Alors, la technique pour arriver à ces objectifs, il y'a trois piliers comme dans l'agriculture de conservation. C'est d'abord la diminution du travail du sol, la couverture du sol, et la rotation des cultures. Et à cela, on ajoute la santé de la plante, ça veut dire qu'on va augmenter ce qui va renforcer la santé de la plante et diminuer tout ce qui va affaiblir la plante. Et donc on sait que certains traitements notamment herbicides vont affaiblir la plante, elles vont tuer les mauvaises herbes à coté, mais elles vont aussi affaiblir la plante, donc il y'a ce pilier-là, qui est la santé de la plante. Et il y'a un cinquième qui est l'intégration dans l'environnement, parce que si on parle de l'agriculture régénératrice ici, ça n'a rien à voir avec l'agriculture régénératrice au Burkina Faso ; on pourra utiliser la technique de couverture du sol avec telle ou telle méthode, mais on va utiliser autre chose comme matière végétale, intégrer l'animal dans le système. Le cinquième pilier c'est une sorte de, ça s'appelle

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l'adaptation à l'environnement des techniques. Le fait qu'il soit adapté les techniques au système, ne pas changer le système.

Thomas Karaga : pouvez-vous me dire quels ont été les résultats de ces techniques ?

Frédéric Muratoni : En fait, nous ce qu'on fait c'est du conseil agricole auprès des agriculteurs, qui choisissent de suivre ou pas ces techniques, et donc il y'a des agriculteurs qui commencent à avoir de bons résultats, parce que le premier résultat c'est l'augmentation du taux de matière organique dans les sols. Et ça en Belgique, on a des problèmes d'appauvrissement des sols, certaines régions qui produisent beaucoup de légumes avec du travail intensif du sol, ont fini par diminuer les taux de matière organique, et donc c'était ça le premier résultat, quand on augmente le taux de matière organique dans le sol, on a des résistances à la sécheresse qui sont plus importantes, et des risques d'érosion qui sont moins importantes chez l'agriculteur avec les techniques régénératrices.

Thomas Karaga : D'accord, et ces techniques ont telles des désavantages ou c'est uniquement que des avantages.

Frédéric Muratoni : Lee principal avantage c'est comme je viens de le dire, quand on a plus de matières organiques, il y'a des effets secondaires bénéfiques, comme diminution à l'érosion, maintien de l'eau, la matière organique c'est du carbone, donc si on augmente la quantité de matières organiques, on aura beaucoup de carbone. Il aller voir l'initiative 4 pour 1000 sur internet, qui est une initiative en France. Vous voyez de quoi je parle ? Lorsque vous taper sur google 4 pour 1000 France, il y'a des explications sur la théorie qui veut que si on augmentait de 0,4% le taux de matières organiques de partout dans le monde dans les sols agricoles, on pourrait capter suffisamment de carbone pour balancer le changement climatique, et il y'a beaucoup de références, il faut aller voir sur internet. Et donc il y'a ça comme avantage, alors il y'a un autre avantage, c'est que quand réfléchit à la santé de la plante, et qu'on va commencer à diminuer l'utilisation de produits chimiques. Après, il y'a des inconvénients, l'inconvénient c'est que si on ne travaille plus le sol, on peut avoir des problèmes de mauvaises herbes qui sont plus difficiles à contrôler que quand on laboure le sol. Quand on travaille le sol avec des outils, c'est facile de ne plus avoir de

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mauvaises herbes. Alors que quand on travaille le sol sans, il faut être plus attentif.

Thomas Karaga : D'accord, et pensez-vous que l'agriculture industrielle peut utiliser ces techniques là ou pas ?

Frédéric Muratoni : Ah oui, c'est pas plus facile, c'est vrai, mais il y'a maintenant des techniques de non travaille du sol, de plantation sans travail du sol, il y'a peut-être 5 ou 6 ans en arrière, il y'avait qu'un constructeur ou deux constructeurs qui faisaient du semoir comme, et maintenant tous les grands constructeurs de machines agricoles font de gros semoirs , qui sont donc utilisés pour faire de grandes cultures, vraiment l'agriculture industrielle et qui permet d'utiliser les techniques ou on travaille moins le sol, et donc ici, le risque c'est de faire qu'une partie du système. C'est donc important que tous les piliers soient utilisés, toutes les techniques soient utilisées en même temps, parce que si on fait que du semi-direct et qu'on ne fait pas des couvertures du sol, et qu'on utilise beaucoup de produits phytosanitaires ou de produits chimiques, alors on va avoir trois inconvénients par rapport aux avantages. Mais c'est adapté à l'agriculture industrielle.

Thomas Karaga : D'accord, c'était toutes les questions que j'avais à vous poser, j'ai eu vraiment les réponses que je voulais, c'était vraiment très détaillé.

Frédéric Muratoni : Ah oui, D'accord, c'était court, j'ai cru qu'on allait parler pendant deux heures. Je voudrais rajouter qu'un des autres avantages dont on parlait tout à l'heure : augmentation du carbone, lutte contre l'érosion... ça peut parfois être intéressant pour la communication de l'acheteur. Donc on travaille par exemple avec des producteurs de pomme de terre, et un maltais qui achète du grain pour faire de la bière , et lui il veut acheter du grain de nos agriculteurs parce que alors il peut parler aux brasseurs pour dire que « si vous acheter du grain qui est produit comme ça, vous faites du bien à l'environnement, vous pouvez réparer la planète en utilisant le grain de nos agriculteurs qui utilisent ces techniques de régénération », donc il y'a un côté commercial derrière aussi.

Thomas Karaga : A grande échelle, pensez--vous qu'il y'a des avantages sociales ou économiques pour la Belgique à adopter ces techniques-là ?

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Frédéric Muratoni : Oui, c'est sûr, il y'a de plus en plus de citoyens qui veulent qu'on remplace les pesticides par autre chose, qui veulent qu'on fasse attention à l'érosion, quand par exemple, la biodiversité. C'est important que maintenant, l'agriculture maintenant change vers des modèles qui répondent à tout ça. Et donc, il y'a des opportunités, les industriels qui commencent à comprendre qu'il y'aura même un marché maintenant, donc c'est sûr qu'il y'a des opportunités qui vont amener même d'avantage la société à développer ce genre d'agriculture. Il y'a par exemple les techniques d'agroforesterie, donc amener des lignes d'arbres autour des parcelles, ça fait aussi partie des techniques. C'est comme si on avait une grosse boite à outils, c'est comme si l'agriculture régénératrice c'était toutes les techniques possibles pour utiliser les bienfaits de la nature, et donc l'agroforesterie par exemple qui peut embellir le paysage ou retenir des coulées de boues, pour les citoyens, pour la société, c'est de bons avantages, donc voilà.

Thomas Karaga : D'accord merci beaucoup pour toutes vos réponses, et votre temps.

Frédéric Muratoni : Je t'en prie, bon travail à toi et beaucoup de courage.

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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera