Repenser la liberté comme mystère chez G. Marcel. une approche analytico-herméneutique de : "les hommes contre l'humain".par Freddy KAKULE KANAMUNGOYA Université Saint Augustin de Kinshasa (USAKIN) - Graduat 2020 |
I.3. L'être comme mystèreLa question sur l'être n'a pas seulement intéressé les philosophes antiques mais au long de l'histoire, elle a fait objet de beaucoup de débats dans le monde philosophique. Cela étant, nous ne pouvons pas passer sous silence l'apport de G. Marcel sur la question de l'être. En effet, Marcel dans ses écrits souligne que la question « qu'est-ce que l'être ? » va toujours en paire avec celle du « que suis-je ? » d'autant plus que questionner sur l'être, c'est s'interroger sur la totalité de l'être et sur soi-même comme totalité14(*). Il serait donc arbitraire de séparer le que suis-je et le qu'est-ce que l'être, puisque les deux ne peuvent qu'être abordé concomitamment. De ce fait, Marcel reconnait véritablement la difficulté à laquelle on se heurte lorsqu'on veut aborder la question de l'être. A la question qu'est-ce l'être ?, dit-il, je me demande du coup qui suis-je moi qui questionne sur l'être ? Quelles qualités ai-je pour procéder à ces investigations ? Si je ne suis pas, comment espérai-je les voir aboutir ? En admettant même que je sois, comment puis-je être assuré que je suis ?15(*) Toute cette panoplie de questions sur l'être nous fait comprendre que je ne puis m'interroger sur l'être que parce que je suis. Sans doute, l'interrogation sur l'être fait-elle partie de moi, de mon essence, elle n'est pas une réalité qui est au-devant de moi mais par contre c'est une réalité dans laquelle je me trouve engagé. Alors, une nécessité s'impose de distinguer le problème du mystère. I.3.1. Le problèmeLe problème signifie dans la conception marcellienne « quelque chose qu'on rencontre, qui barre la route. Il est tout entier devant moi. C'est quelque chose contre quoi l'esprit vient buter à un moment donné de la recherche, comme le pied sur une pierre, et tente de le dépasser en lui donnant une solution »16(*). En d'autres termes, le problème se trouve « devant moi », j'ai la possibilité de le cerner, le réduire, absorber, ou même le transformer en matière pensable à laquelle une solution est impérative. Il est une erreur de la part de certains métaphysiciens de vouloir convertir l'ontologie en problème suivie ou non d'une solution. Cela est une erreur puisqu'en effet, le propre de tout problème est que je devrais pouvoir me maintenir en dehors, en deçà ou au-delà de ce problème que je formule. Ceci veut tout simplement dire que le problème ne fait pas partie de moi (l'être). Comme nous l'avons souligné supra, on ne peut pas se questionner sur l'être si on n'est pas, si on n'existe pas, mieux encore la question « qu'est-ce que l'être ?» d'une part, et le « que suis-je ?» d'autre part ne peuvent qu'être répondues simultanément. C'est parce que je suis que je peux m'interroger sur l'être. De ce fait, la question sur l'être fait partie de moi, de ma structure ontologique et non en dehors ou au-devant de moi. Marcel reconnait que plus nous traitons l'être comme un problème, plus nous le mutilons et nous le rendons inintelligible en l'amputant de mon être et de ma relation à l'être.17(*) La relation entre mon être et l'Etre est vraiment essentielle. Sur ce, nous sommes engagés dans l'être et il ne dépend pas de nous d'en sortir. En résumé, nous comprenons que toute tentative de prendre l'être comme problème est philosophiquement insoutenable. Alors, que dire du mystère ? * 14 Cf. G. MARCEL, Position et Approche Concrète du Mystère Ontologique. Introduit par M. DECORTE, 2ème éd., Paris, Béatrice-Nauwelaerts, 1967, p. 55. * 15 Cf. Ibid. * 16 IDEM, Etre et Avoir, Paris, Aubier, 1935, p. 146. * 17 Cf. G. MARCEL, Position et Approche Concrète du Mystère Ontologique, op. cit., p.13. |
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