CONCLUSION GENERALE
Parvenu au terme de notre travail, nous nous voyons être
dans le devoir de conclure sans toutefois prétendre mettre un point
final ou dire le dernier mot concernant le débat sur la liberté.
Cela étant, notre travail s'est voulu être une approche
analytico-herméneutique de la liberté qui, pour Marcel, est de
l'ordre du mystère. Ainsi, pour mener cette réflexion à
bon port, nous nous sommes basés particulièrement sur son ouvrage
« Les hommes contre l'humain » et notre
thématique s'est intitulée: « Repenser la
liberté comme mystère chez Gabriel Marcel. Une approche
analytico-herméneutique de "Les hommes contre
l'humain" ». Pour mieux appréhender la pensée de
notre auteur, nous avons divisé notre quête en 3 chapitres:
L'être et la liberté, G. Marcel et le mystère de la
liberté, et crise de la liberté dans la société
moderne.
Dans le premier chapitre, il a été question de
présenter d'une façon panoramique le lien indéniable se
tissant entre l'être et la liberté. Parlant de l'être, nous
sommes partis d'abord de la conception des anciens à l'instar de
Parménide comme étant celui qui a donné une connotation
métaphysique au concept « être » avec
sa remarquable découverte : « l'être est, le
non-être n'est pas ». Ensuite, nous nous sommes associés
à Aristote qui, à son tour définit la métaphysique
comme étant la science de l'être en tant qu'être. Partant de
ce deux conceptions, nous avons constaté que chez les antiques dire
l'être ne devrait pas seulement se limiter à une simple parodie,
mais il fallait une grande activité rationnelle pour le faire, parce que
le concept être est le plus englobant, le plus
généralisant, qui embrasse tout et dit tout.
De ce fait, nous n'allions pas finir notre parenthèse
sans pourtant parler de la conception marcellienne de l'être qui consiste
à prendre l'être comme mystère. Pour Marcel, le
mystère n'est pas l'inconnaissable ou une lacune de la connaissance mais
il est plutôt une réalité dans laquelle je me trouve
impliqué, engagé entièrement et je ne saurais pas m'en
détacher pour l'observer du dehors ou de l'extérieur. Aussi
souligne-t-il, s'interroger sur l'être, c'est s'interroger sur sa
totalité et sur soi-même comme totalité. C'est pourquoi, je
ne puis m'interroger sur l'être que parce que je suis, j'existe en tant
qu'être-incarné c'est-à-dire, un être
possédant un corps. Cet être-incarné c'est
évidemment l'homme.
A travers la notion du corps, Marcel montre son appartenance
au courant de la métaphysique des existences laquelle ne cherche pas
à saisir l'être en tant qu'être dans l'abstrait mais elle
partdes données existentielles et s'intéresse davantage à
l'être-incarné considéré, d'après Marcel,
comme donnée centrale de toute réflexion métaphysique.
Ainsi, la notion de liberté ne revient qu'à l'homme étant
donné qu'il est l'unique être capable de s'interroger sur sa vie,
sa destinée, son choix etc.
Ensuite, dans le deuxième chapitre, nous avons
présenté de façon claire la conception de la
liberté d'après G. Marcel. Il est convaincu que la liberté
ne doit jamais s'ériger en absolu, mais elle doit se laisser
éclairer, éveiller et susciter par la Transcendance. A travers
cette position, il montre clairement sa distance par rapport à d'autres
philosophes non-chrétiens, particulièrement les athées qui
pensent que la Transcendance restreint la liberté de l'homme. Pour ce
faire, la liberté ne peut jamais être de l'ordre du
problème, car elle n'est pas une chose « jetée devant
moi » ou une chose que je peux chercher en dehors de moi. C'est ainsi
que la liberté est un mystère d'autant plus que c'est une
réalité dans laquelle je suis entièrement
engagé.
Pour bien saisir la question de la liberté chez notre
auteur, nous l'avons confrontée avec d'autres notions qui fondent le
socle de sa philosophie. Nous avons à titre d'exemple : l'avoir, la
volonté, la raison, la valeur, le don (grâce), la
liberté-choix, la liberté-réponse etc. C'est à
travers l'interaction de toutes ces notions avec la liberté que
s'éclaircit davantage la compréhension marcellienne de la
liberté. En effet, nous avons constaté que si on exploite l'autre
sans tenir compte de sa dignité, on le réifie, on l'asservit, on
l'avilit et on nie ipso facto sa liberté. Aussi, si on use mal
l'avoir (possession) ce dernier finit par nous affecter et par dévorer
notre être. Sur ce, il est une invitation pour nous d'utiliser les biens
qui sont à notre disposition avec parcimonie et rationalité.
Il existe aussi une guerre permanente entre le
déterminisme et la liberté. En effet, l'existence du
déterminisme est une négation radicale de la liberté, de
même la liberté nie la présence de tout
déterminisme. A la question de savoir si l'homme est
déterminé ou pas, la réponse ne viendra pas des livres.
Mais c'est à chaque homme de voir si ses actions, ses pensées et
ses paroles tiennent de l'exercice de la liberté ou non. Par ailleurs,
nous sommes convaincus que si l'homme était déterminé, il
n'aurait même pas cette possibilité de se poser une telle question
car il manquerait justement la liberté de se la poser.
Enfin, le dernier chapitre de notre travail nous a conduits
à relever les défis du monde contemporain
caractérisé par l'émergence des sciences
expérimentales et des techniques. La société contemporaine
est en crise à cause de la mécompréhension, l'usage abusif
du terme « liberté », et de la mégestion de
la technique. En effet, Marcel n'est pas contre la technique comme le pensait
ses contemporains. Il s'insurge plutôt contre toute mauvaise gestion de
la technique qui peut aller jusqu'à avilir l'homme. Aussi constate-t-il,
dans un monde en pleine civilisation et industrialisation, il est possible de
perdre les repères axiologiques qui sont les soubassements des toutes
les sociétés humaines.
La société occidentale est en pleine
dégringolade, car elle veut vivre une liberté absolue sans pour
autant se référer aux valeurs. Or, nous avons souligné
tout au long de notre travail qu'un acte libre doit nécessairement nous
mener vers un bien. De nos jours, à cause de la mauvaise conception de
la liberté, la société contemporaine vit dans une
dégradation des valeurs. Certaines pratiques qui étaient jadis
des antivaleurs sont maintenant considérées comme des valeurs et
même légalisées. Il y a notamment, l'homosexualité,
la transsexualité, le lesbianisme, l'avortement provoqué, la
zoophilie, la bissexualité etc. Toutes ces pratiques sont loin
d'être l'expression d'une liberté authentique.
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