Repenser la liberté comme mystère chez G. Marcel. une approche analytico-herméneutique de : "les hommes contre l'humain".par Freddy KAKULE KANAMUNGOYA Université Saint Augustin de Kinshasa (USAKIN) - Graduat 2020 |
II.3. Liberté et Avoir.La notion de « être et avoir » est parmi les notions clés qui ont valu à G. Marcel la notoriété et la popularité dans le monde philosophique. En effet, le terme avoir renvoie à beaucoup de choses qu'il est difficile de saisir son vrai sens. Il faut aussi reconnaitre que le rapport entre l'être et l'avoir présente une complexité énorme à telle enseigne qu'on est tenté d'identifier ou d'assimiler l'être en avoir et de transmuer l'avoir en être. N'avons-nous pas tendance à dire facilement quand nous voyons les pauvres quémandant au bord de la route qu'ils ne sont rien ? Ne sommes-nous pas aussi tentés de nous identifier et surtout d'identifier les autres à l'avoir ? Combien de congolais cherchent à confirmer leur être en fonction de ce qu'ils possèdent comme biens ?C'est pourquoi la complexité et l'ambivalence du concept avoir nous amène à écarter les différents contextes dégradés et presque évanouissants dans lesquels ce concept est souvent utilisé. Nous ne toucherons pas ici les expressions telles que : avoir faim, avoir mal à la tête, avoir besoin de... Nous ne nous attacherons qu'aux exemples où l'avoir est manifestement pris avec l'accent fort et précis, là où il désigne une possession, et du lien qu'il entretient avec la liberté. Marcel signale au départ que dans tout avoir-possession (chose, objet ou tout ce qui peut être assimilé à une chose) se trouve un « quid » revendiqué par un « qui »traité comme centre d'inhérence ou d'appréhension38(*). En d'autres termes, on remarque une tension entre un « qui » possesseur et un « quid » possédé, cette tension se révèle d'abord par la possibilité d'utilisation. Bien que cette dernière ne caractérise pas totalement l'avoir, elle est très importante par le fait qu'elle nous permet de bien comprendre et saisir jusqu'à quel niveau peut aller la déclaration sur l'avoir. On peut facilement dire que l'on a une maison, une voiture, un ordinateur, un téléphone etc. Mais quelqu'un ne peut jamais déclarer qu'il a la lune ou le soleil qu'il garde comme possession chez lui à la maison, parce que les possibilités d'utilisation ou de manipulation sont quasi impossibles. De ce qui précède, nous comprenons que l'avoir-possession implique donc trois aspects39(*). · Une revendication exclusive du moi ; · Un souci d'entretient ; · Et une puissance qui me permet soit de me faire obéir soit de disposer des choses que j'ai. * 38 IDEM, Etre et Avoir, op. cit.,p. 219. * 39 Cf. R. TROISFONTAINE, De l'existence à l'être, op. cit., p. 225. |
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