Lien entre les activités humaines et mouvements des éléphants (loxodonta cyclotis) autour du parc national de l'Ivindo, Gabon.par Walter D. Mbamy Université Omar Bongo - Master 2020 |
II.3. Aperçu du Conflit Homme-Faune dans l'Ogooué-IvindoII.3.1. Répartition des plaintes et Evaluation de pertes par village· Plaintes par village La question d'intrusion des éléphants dans les plantations des villageois est un problème fondamental dans les villages de tout le département de l'Ivindo voire de toute la province. En effet, les éléphants visitent même les abords des maisons, ce qui a d'ailleurs fait l'objet du dépôt de multiples plaintes de la part des populations qui se trouvent impuissantes. Le cadre législatif et règlementaire stipule, dans l'article 314 du code forestier que « Les dommages causés par les animaux sauvages sont, après enquête, pris en charge par l'État à l'exclusion de ceux occasionnés par la chasse illicite ». Quelques populations avisées signalent aux autorités compétentes les dégâts, qui à leur tour descendent sur les lieux de dévastation afin d'en évaluer l'ampleur. A ce titre, les victimes des dégâts causés par les éléphants ont déposé plusieurs plaintes auprès de la direction provinciale des Eaux et Forêts de Makokou. Depuis plus de 4 ans des plaintes sont déposées. Au deuxième et troisième trimestre 2018, 437 plaintes, en tout, ont été formulées et déposées dans la province. On a précisément enregistré 101 plaintes dans le Département de l'Ivindo au 2e trimestre de l'année 2018 et au 3e trimestre 336 plaintes du Département de la Lope. Dans l'objectif de recevoir un quelconque dédommagement par les autorités en charge des Eaux et Forêt, les populations doivent déposer une plainte signée par la victime et le chef de village auprès du représentant local du Ministère. Celui-ci va dépêcher un agent muni d'une fiche de constat sur le terrain (Annexe 3). Cette fiche de constat dument rempli, signée par les autorités locales et compétentes sera jointe à la plainte pour mise dans le répertoire du Ministère. Apres dépôt de dossier, les populations dans un espoir permanent d'être dédommagées. Pour une évaluation financière standard, le Ministère en charge de l'Agriculture a pris le décret n°1016/PR/MEADPR fixant le barème d'indemnisation à verser en cas de « destructions volontaires ». En effet, selon le calcul numéraire fait, il ressort que le coût d'un bananier dévasté est de 6 000 F CFA et 3 000 F CFA pour les autres plantes telles que le manioc, taro, igname, ananas, canne à sucre, etc. Nous avons pu faire une évaluation financière des pertes enregistrées le 2e trimestre de l'année 2018 dans la province de l'Ogooué Ivindo. Au total il y a eu 11 villages qui ont déposé des plaintes durant ce trimestre de 2018, la totalité des bananiers dévastée est évaluée à 40 824 000 F CFA3(*). Le manioc qui est plus cultivé a été dévasté à hauteur de 184 059 000 F CFA (Annexe 1 a et b). Le total des pertes de ces villages est de 259 649 400 F CFA. Et les pertes par village sont énormes, elles vont de 40 800 à 114 937 200 F CFA (Tableau 3). EF= Evaluation Financière ; NP= Nombre de Plante ; VP= Valeur de la Plante Source : Données du Ministère des Eaux et Forêt / DGFAP, 2019. Réalisation : Walter Mbamy, 2020 Tableau 3 : Evaluation financière des pertes par village au deuxième trimestre 2018 Villages Cultures
* 3 Ce calcule a été effectué sur la base des prix des pieds de plantes homologués par le Ministère de l'Agriculture. |
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