Perceptions de l'ethnicisation politique au Cameroun: cas dans l'arrondissement de Dschangpar Jonias KAMWA KAMDE Université de Dschang Cameroun - 2019 |
1.1 Dans les choix des gouvernantsÀ l'entame de ce sous titrage, écoutons les propos de cet enquêté parlant de l'effet de l'ethnicisation politique sur la participation des populations : « Ça m'a influencé au point où la récente élection j'ai dit je ne peux pas voter un francophone, c'est un anglophone que je vais voter. »71(*) Choisir un gouvernant, la personne devant présider aux destinées de la nation ou de la localité est très délicat et nécessite un certain niveau de réflexion. C'est un phénomène complexe, un acte personnel. Cependant, le triste constat qui a été fait dans l'arrondissement de Dschang est celui selon lequel il y'a une grande subjectivité qui amine les populations quand il s'agit d'opérer un choix, de déterminer les élus de la localité. On parle dès lors d'une subjectivité identitaire pour ainsi dire que bien que la subjectivité soit là, elle ne s'écarte pas pour autant de l'appartenance ethnique et identitaire. Le choix initialement conçu comme un acte personnel ne l'est plus car il s'inscrit dès lors dans des démarches collectives, des cultures et des traditions. Plus que les programmes, ce qui importe en compétition électorale, c'est l'identification des électeurs à un candidat considéré comme natif du terroir. À ce propos, les programmes électoraux importent peu en définitive puisque les choix se portent d'abord sur les candidats et non sur les idées. Conscients de l'influence qu'exerce l'ethnie sur les attitudes électorales, les gourous politiciens peuvent donc s'en servir intelligemment pour étancher leur soif de pouvoir politique. Le déterminant ethnique est très important dans le choix des leaders. Les acteurs politiques en ont bien conscience et joue sur cet aspect. Voici quelques propos du terrain parlant de l'ethnicisation politique et le choix des gouvernants pour corroborer ce que nous affirmons. « C'est une arme pour les hommes politique, l'arme des faibles, parce qu'on ne veut pas travailler on compte sur les faveurs de ses frères du village »72(*) « Il est plus facile de convaincre ses frères, vu les liens en communs, ce qui constituerait déjà un électorat considérable surtout dans les élections législatives et municipales »73(*) Au vue de ces dires, on conçoit mal une autorité de la localité de Dschang provenant d'une autre ethnie ; qu'un béti par exemple soit maire à Dschang cela n'est pas encore encré dans les mentalités des populations. Également, ces dires nous amènent à comprendre la subjectivité dans le choix des gouvernants qui se transparait plus dans le cadre des élections municipales et législatives. Nous ne pouvons dès lors pas comprendre la subjectivité dans le choix des gouvernants si nous envisageons séparer l'individu de la société mieux de son groupe social, si nous les considérons comme deux entités distinctes. Les actions des populations de l'arrondissement de Dschang sont mieux cernées quand on envisage de considérer la société dans laquelle elles vivent. Par conséquent, considérer l'individu comme entité séparé de la société serait un biais considérable dans la compréhension de ses agissements. Bref, nous devons en ces deux entités (société et individu) voir une sorte d'interdépendance, une complémentarité puisque les faits qui en découlent sont issus de cette relation d'interdépendance. * 71Propos de l'enquêté n°2, 16 - 4 - 2019. * 72 Propos de l'enquêté n°4, 17-4- 2019. * 73 Propos de l'enquêté n°23, 2 -5- 2019. |
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