CONCLUSION GENERALE
Dans le cadre de notre travail de fin d'étude il a
été question de traiter « l'impact de
l'intégration régionale sur la croissance économique de la
zone CEEAC de 1995 à 2018 ».
Pour ce faire, l'objectif de la présente étude
était de faire une analyse théorique au moyen de la
littérature d'une part, et d'autre part une analyse
économétrique de l'impact de l'intégration
régionale sur la croissance économique dans la zone CEEAC. Pour
atteindre cet objectif, nous nous sommes posé la question
ci-après à la problématique :
Ø L'intégration régionale a-t-elle- un
impact sur la croissance des Etats de la CEEAC ?
L'hypothèse émise pour répondre à
la question soulevée à la problématique est que :
Ø De façon plus spécifique, le commerce
entre les pays de la zone et l'ouverture commerciale seraient des facteurs
déterminants du développement économique de ces pays. Les
pays qui s'engage dans le libre-échange, y tirent un réel
avantage comparatif, ce qui impacterait sur la croissance économique de
leurs économiesVu la vulnérabilité des économies de
l'ASS et leur retard en matière du développement, nous supposons
que ces indicateurs de la gouvernance pourraient avoir des effets faibles voire
nuls sur la croissance économique de ces économiques, car la
mauvaise gouvernance en ASS selon la Banque la Mondiale est l'une des causes
majeures de la faible progression économique de ces Etats.
Pour arriver à la vérification de cette
hypothèse nous avons fait recours aux méthodes analytiques,
comparatives, économétriques et aux techniques documentaires et
statistiques.
Pour ce faire, ce travail a été
subdivisés en trois chapitres dont :
Ø Le premier chapitre a porté la revue de la
littérature sur l'intégration régionale
Ø Le deuxième chapitre s'est focalisé sur
l'intégration économique régionale dans la zone CEEAC
Ø Le troisième chapitre quant à lui a
fait l'objet de l'analyse empirique de
l'intégration régionale sur la croissance économique
Les résultats de l'estimation révèlent
que parmi nos deux indicateurs d'intégration (ouverture commerciale et
le commerce intra-zone, seul le commerce entre les Etats de cette zone impact
la croissance mais avec une amplitude faible.
Ce résultat qui peut paraître contre-intuitif ou
inattendu du fait de la faible participation des échanges entre les pays
de la CEEAC dans la croissance trouve néanmoins plusieurs justifications
à sa cause. Une justification théorique simple est que le
commerce intra-zone dans la CEEAC ne remplit pas les conditions prévues
par la théorie du commerce international pour promouvoir la croissance.
En effet, la similarité dans la spécialisation des types de
produits ne favorise pas la complémentarité. Le canal des
transferts technologiques semble également inopérant au sein de
la CEEAC. En effet, l'homogénéité globale des
qualifications ne favorise pas de transfert de compétences entre les
pays. En plus de ces raisons théoriques, d'autres plus pragmatiques
pourraient expliquer nos résultats. Ces dernières sont
fondamentalement liées au déficit d'infrastructures
communautaires.
Sur ce nous formulons le recommandions ci-après
auprès des décideurs :
Opérer un plan ambitieux pour combler le
déficit dans les infrastructures de transport nationales et
inter-pays. Le développement des infrastructures communautaires
est un pilier indispensable pour renforcer l'intégration et sa
soutenabilité à long terme. En effet, comme l'a montré
notre théorie sur les infrastructures dans cette zone, le coût de
la distance associé au commerce bilatéral entre les pays de la
CEEAC est très élevé malgré le relatif
rapprochement physique des pays. Vraisemblablement, ce coût
élevé traduit entre autres l'absence de réseaux
communautaires dynamiques pour rapprocher davantage les États
membres.
Il apparaît ainsi fondamental que la communauté
engage un plan ambitieux pour combler le déficit dans les
infrastructures de transport nationales et inter-pays. Pour ce faire, une
mesure concrète que nous proposons, c'est de créer un fonds
régional pour les infrastructures de transport. Le financement de ce
fonds pourrait être assuré par une taxe spéciale sur les
importations de véhicules. Plusieurs raisons sous-tendent cette mesure.
Premièrement, il existe un lien étroit entre l'infrastructure
routière et l'importation de véhicules. En effet, les
véhicules contribuent à la dégradation de l'infrastructure
routière. Mais les infrastructures dégradées encouragent
l'achat/l'importation de véhicules plus puissants qui peuvent pratiquer
ces infrastructures, ce qui contribue davantage à la dégradation
des infrastructures. Il s'en suit donc un cercle vicieux de la
dégradation des infrastructures routières. La taxe peut
créer un cercle vertueux car elle permettrait de construire et
d'améliorer les infrastructures routières. Dès lors, les
utilisateurs ne ressentiront plus le besoin d'acheter ou d'importer des
véhicules plus puissants et, par conséquent, les infrastructures
routières résisteront plus longtemps.
La création de pôles de production et de
compétitivité, tous les pays de la CEEAC doivent
travailler de concert pour créer des pôles de production et de
compétitivité. Une telle politique, même si elle implique
une spécialisation des pays à court terme, aura l'avantage de
favoriser la diversification des produits régionaux et une
complémentarité dans le commerce entre les pays. Plus
concrètement, il s'agit d'élaborer une cartographie des
potentialités agricoles, industrielles et minières de la
communauté et de les faire éclore à travers les
différents pays selon leurs avantages comparatifs.
Cette mesure est d'autant plus importante que la similitude
actuelle dans la spécialisation des pays ne favorise guère le
commerce régional. En effet, étant donné que les
matières premières exportées par les pays ne font pas
l'objet d'une transformation à l'échelle sous-régionale,
le commerce de la zone se fait au détriment d'elle-même.
La création de pôles de
compétences, de technologie et d'innovation, Pour faire face
aux défis de la mondialisation et des mutations économiques et
technologiques, la CEEAC doit investir dans la formation et dans la R-D de
manière significative. Concrètement, la CEEAC doit mobiliser des
ressources pour la création de grandes universités
communautaires. La construction de deux ou trois grandes universités de
classe internationale contribuerait au renforcement des compétences et
à leur diversification au sein de la communauté. Des domaines
clés comme les sciences dures (mathématiques, informatiques,
logiciels), les sciences biologiques et médicales, les sciences
agronomiques mériteraient une attention spéciale. Une telle
volonté politique doit être portée de concert avec la
diaspora issue de cette zone qui pourrait contribuer significativement à
son élaboration et à sa mise en oeuvre. Des programmes
d'excellence (formation d'excellence, bourses d'excellence) pourraient ainsi
voir le jour dans différents pays de la région. Par ailleurs,
pour faire face aux défis ci-dessus évoqués, il est
important d'inscrire à l'ordre du jour la question de la R-D car
même si celle-ci peut paraître coûteuse, c'est elle qui
prépare l'avenir.
|