Section 2PAUVRETE ET CHOMAGE
EN RD CONGO (Kongo Central)
2.1. Pauvreté en
RDCongo
La taille moyenne des ménages pauvres est de 7
personnes. Ce qui correspond approximativement au double de la composition des
ménages riches.
De même, le taux de dépendance est relativement
élevé dans les ménages pauvres que riches. En effet,
pratiquement 2 enfants sont en âge de travailler dans les ménages
pauvres contre 1 enfant dans les ménages riches.
Graphique 1 : Composition de
ménages
![](Lapport-des-PME-dans-la-rduction-du-chmage-et-de-la-pauvret-dans-la-ville-de-Mat1.png)
Source : Rapport sur l'évaluation de
la pauvreté en RDC, Banque Mondiale, 2016
Etonnamment, la plupart des chefs des ménages pauvres
sont instruits, surtout pour les ménages dirigés par les hommes.
Près de la moitié des femmes chefs des ménages pauvres
sont sans instruction contre 20% ayant faites au moins les études
secondaires et 30% les études primaires.
Le principal secteur qui emploie les pauvres est
l'agriculture, surtout pour ceux vivant dans les zones rurales (62,3% des
pauvres correspondant à 28 millions de personnes).
Environ 81% des pauvres actifs en milieu rural étaient
employés dans le secteur agricole en 2012 contre 10,6% dans les services
et 2,3% dans le commerce.
Graphique 2 : Répartition des
ménages pauvres par niveau d'éducation et sexe du chef de
ménage
![](Lapport-des-PME-dans-la-rduction-du-chmage-et-de-la-pauvret-dans-la-ville-de-Mat2.png)
Source : Rapport sur l'évaluation de la
pauvreté en RDC, Banque Mondiale, 2016
Excepté la ville Province de Kinshasa où
l'agriculture occupe faiblement les pauvres (5%) alors que le secteur des
services est prépondérant avec 52,8% suivi du commerce 26,5% ;
les villes secondaires de la RDC emploient les pauvres dans le secteur agricole
et des services à part quasi-égale (31,7% contre 36%). Le
commerce occupe quant à lui les pauvres à hauteur de 19,4%.
Nonobstant cette situation, les pauvres se retrouvent en
majorité dans le secteur informel comme travailleurs indépendants
à concurrence de 75% en 2016.
Graphique 3 : Répartition de
pauvres par secteur d'emploi et zone résidentielle
![](Lapport-des-PME-dans-la-rduction-du-chmage-et-de-la-pauvret-dans-la-ville-de-Mat3.png)
Source : Rapport sur l'évaluation de la
pauvreté en RDC, Banque Mondiale, 2016
Répartition spatiale des pauvres
Bien que le pays ait enregistré une baisse du taux de
pauvreté de 5,3% au niveau national et 5,6% et 4,1% en milieu rural et
urbain respectivement, les tendances sont contrastées au niveau
provincial.
Dans la plupart des Provinces, l'incidence de la
pauvreté est supérieure à 60% (19/26).
Les Provinces ayant un taux d'extrême pauvreté en
deçà de 60% sont : Nord-Kivu (49%), Kongo-Central (49,3%),
Kinshasa (52,8%), Ex Province Orientale (Bas Uélé, Haut
Uélé, Tshopo et Ituri : 55,2%).
Les Provinces du centre et nord-ouest ont une forte incidence
de la pauvreté alors que la ville de Kinshasa et les Provinces de l'Est
ont des taux de pauvreté bas.
Tableau 6 : Répartition
spatiale du taux de pauvreté
Taux de pauvreté
|
Provinces
|
30-50
|
Kongo-Central, Nord Kivu, Haut-Uélé
|
51-60
|
Kinshasa, Lualaba, Haut Katanga, Ituri
|
61-70
|
Kwango, Kasaï, Kasaï oriental, Haut-Lomami,
Equateur, Tshuapa, Tshopo, Maniema, Sud Kivu
|
71-95
|
Mai-ndombe, Kwilu, Sankuru, Kasaï Central, Lomami,
Tanganyika, Sud-Ubangi, Nord-Ubangi, Mongala, Bas-Uélé
|
Source : FEC, sur base des données du
Rapport sur l'évaluation de la pauvreté en RDC, Banque Mondiale,
2016
Considérant le nombre de pauvres, sa répartition
varie considérablement entre Provinces. Kinshasa, Sud-Kivu, Kwilu,
Lomami, Haut-Katanga et Nord-Kivu comptent plus de pauvres.
Tableau 7 : Répartition
spatiale du nombre de pauvres
Nombre de pauvres
|
Provinces
|
110 000 - 900 000
|
Tshuapa, Mongala, Bas-Uélé,
Haut-Uélé
|
900 001 - 1 500 000
|
Kwango, Kasaï, Lualaba, Mai-ndombe, Equateur, Sankuru,
Maniema, Tanganyika, Ituri, Nord-Ubangi
|
1 500 001 - 2 200 000
|
Kongo central, Sud-Ubangi, Tshopo, Kasaï-central,
Kasaï- Oriental, Haut- Lomami
|
Plus de 2 200 001
|
Kinshasa, Kwilu, Lomami, Haut-Katanga, Nord-Kivu, Sud-Kivu
|
Source : FEC, sur base des données du
Rapport sur l'évaluation de la pauvreté en RDC, Banque Mondiale,
2016
2.2. Le chômage en
RDC
L'emploi constitue un enjeu majeur pour l'État
congolais. En effet :
- La RDC dispose d'une population jeune et en pleine
croissance, à la recherche d'opportunités et d'emploi ; le
chômage frappe en majorité les jeunes qui constituent l'essentiel
de la population.
- Le taux de chômage des jeunes de 15-24 ans (15,85 %)
est plus élevé que celui des adultes (9,37 %), selon une
publication du BIT Kinshasa/ RDC de 2017.
- Les jeunes femmes semblent également plus
exposées au chômage que les jeunes hommes avec des taux de
chômage respectifs de 20 % et 12 %.
Par ailleurs, il y a lieu de retenir quelques
caractéristiques du marché de travail en RDC :
- Le secteur privé (sans compter les entreprises
publiques privatisées) n'absorbe que 1,2% de la main d'oeuvre ; le reste
de la population obligée de se rediriger dans le secteur informel
(l'agriculture de subsistance) ;
- Le secteur formel, qui emploi d'ailleurs une faible main
d'oeuvre, reste très limité. Il est essentiellement
constitué d'entreprises publiques (elles emploient en moyenne 5.000
à 12.000 personnes chacune), de petites et moyennes entreprises, et d'un
petit nombre de grandes entreprises (actives dans le secteur minier et des
télécommunications) qui appartiennent à des groupes
étrangers. L'eau, l'électricité et le transport
ferroviaire sont le monopole des entreprises publiques.
- Trois secteurs constituent des sources d'emplois en RDC : le
secteur de construction, celui de l'agriculture et le secteur minier. En effet
:
En 2005, la construction employait 71.000 personnes ; ce
nombre s'est accru certainement avec le nombre important des projets
d'infrastructures en attente d'exécution ; En 2005, plus de 10 millions
de personnes travaillaient dans lecteur de l'agriculture (projetée
à 15 millions en 2010). Le secteur minier emploi entre 500.000 et 2
millions de travailleurs formels et informels, et ce secteur est
géographiquement limité (principalement actif au Katanga, dans
les deux Kasaï, et dans quelques provinces de la RD Congo).
Tableau n°08 : Evolution du taux de
chômage
Indicateur
|
2005-2008
|
2009
|
2010-2014
|
2017
|
Norme internationale
|
Taux de chômage (en %)
|
48,7
|
60,8
|
47,9
|
25,22
|
< 10
|
Source : Ngonga N. (2019, p. 61)
3. Causes et conséquences de cet état de
choses
Analysant l'évolution récente de l'emploi des
jeunes en RDC, Sumata Claude (2019) note que l'inadéquation du
système éducatif, l'ampleur du secteur informel et les
contraintes de l'environnement macroéconomique demeurent des
défis à relever. Notons que la pauvreté et le
chômage qui caractérisent l'économie congolaise
s'expliquent par plusieurs facteurs parmi lesquels nous reprenons quelques-uns
ci-dessous :
- La destruction du tissu économique congolais
(guerres, pillages, insécurité, instabilités, corruption,
mauvaise gouvernance, etc.) est à la base des problèmes de
pauvreté et d'emploi, et même bien de maux qui gangrènent
l'économie congolaise ;
- Le caractère extraverti et peu diversifiée de
l'économie congolaise. A titre d'exemple, la crise financière de
2008-2009 était plus défavorable aux pauvres qui étaient
les plus affectés par les fluctuations des taux de change (perte de
pouvoir d'achat et d'emplois), non compensées par l'accroissement des
revenus ou les opportunités d'emplois ;
- Les contraintes structurelles qui entravent le
développement du secteur privé : le manque de coordination des
agences gouvernementales dans la perception des taxes, multiplicité des
réformes législatives, etc. Les innombrables
prélèvements et impôts formels et informels paralysent le
développement du secteur privé créateur d'emplois, et cela
limite la croissance des PME ;
- La détérioration du système
éducatif est une entrave au développement de certains secteurs
d'activité pouvant employer pas mal des gens, notamment le secteur de la
construction qui peine à recruter une main d'oeuvre qualifiée (en
mécanique, travail des métaux, techniciens, contremaîtres,
chef de chantier, etc.) ;
- Le mauvais climat des affaires (incertitudes juridiques)
empêche le secteur privé de créer des emplois ; à
cela s'ajoute d'autres obstacles : infrastructures et services publics
insuffisants, capital humain et accès au financement limité,
obstacle réglementaire, monopoles d'entreprises publiques (eau,
électricité, transport ferroviaire), incertitudes quant aux
droits fonciers, etc.
- Le système financier reste moins
développé et ne finance pas le développement de
l'activité économique (le crédit à
l'économie ne représente que 7,1% du PIB en 2017), ce qui limite
les opportunités d'emplois. Aussi, les conditions de crédit (taux
d'intérêt excessifs, garanties, etc.) limitent l'accès des
PME, et l'insolvabilité des créanciers (accroissement des
prêts non performants) rend les banques adverses au risque (elles
limitent le crédit) ;
- L'absence de recours légal pour faire appliquer les
contrats jouent négativement sur la création d'emplois ;
- La dégradation du secteur agricole, couplée
à une détérioration des infrastructures et à
l'insécurité, contribue à réduire la
disponibilité alimentaire ;
- La croissance rapide de la population urbaine et la
diminution de l'accès aux marchés et du nombre de
propriétaires d'entreprises contribuent à accélérer
l'incidence de la pauvreté et pèsent sur les ressources et
infrastructures de base (baisse des ressources disponibles).
La pauvreté etLe chômage en RDC sont à la
base de beaucoup de maux qui gangrènent le pays, notamment : la
corruption ; les violences et criminalité (phénomène
« kuluna» et enfants de la rue).
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