La relation intersubjective selon Martin Buberpar Martin Kashila Institut superieur de philosophie et de théologie de Kolwezi - Philosophie 2021 |
II.2.3. Prendre intimement connaissanceSelon Buber, le mot-principe Je-Tu ne peut être dit que par l'intégralité de l'être. Cette fusion en un être intégral ne peut jamais se faire par moi, ne peut jamais se faire sans moi. Je m'accomplis au contact du Tu. C'est en devenant Je que je dis Tu. Toute vie est rencontre, dit-on. Pour qu'un dialogue véritable puisse avoir lieu, il faut que chacun apprenne que son partenaire est autre, essentiellement autre en le légitimant en tant qu'homme avec lequel il est prêt à entrer en dialogue et en lui faisant confiance. On a aucune expérience du Tu, car on ne peut l'expérimenter. Chacun doit en ce sens prendre intimement connaissance de l'autre en face de lui. Prendre intimement connaissance d'une chose ou d'un être signifie très généralement le prendre dans sa totalité. Bien qu'il soit un être parmi d'autres êtres et même une chose parmi d'autres choses, l'homme forme une catégorie différente de toutes les choses et de tous les êtres. Car on ne peut comprendre l'homme véritablement l'homme sans le saisir, aussi en ce qui lui a été donné à lui seul, entre tous dans l'esprit. II.3. La vie avec les hommesC'est une relation qui restaure l'épanouissement de l'homme, qui est manifeste et explicite. Elle s'accomplit davantage du fait que le Je et son Tu manifestent un rapport d'égalité ; lorsqu'on y donne le Je, on s'attend y recevoir avec précision le Tu. Le Moi (Je) retrouve un autre Moi (Je) et entre eux le dialogue s'établit sans faille. La sphère de la vie avec les hommes est une sphère par excellence où le langage se parachève en se prolongeant dans le discours suivi de sa réplique. Le mot-principe est donné et rendu sous un même langage ; le Je et le Tu y sont non seulement en relation mais dans la sincérité du dialogue. Les moments de la relation sont reliés entre eux par l'élément même du langage dans lequel ils plongent. Par conséquent, c'est là et là seulement que nous sommes bien réellement contemplateurs et contemplés, connaisseurs et connus, aimants et aimés22(*). II.3.1. La relation humaine et l'intersubjectivitéBien que l'homme soit un être complet, jouissant ainsi de toutes les fonctions nécessaires à la vie, il ne peut en aucun cas se suffire à lui-même. Il se verra en difficulté de remplir toutes les taches de la vie à la fois. Ceci prouve que l'homme seul n'existe pas et qu'il doit être avec ses semblables. Cette forme de son existence est pour lui la condition d'un plus grand bonheur et d'un progrès plus rapide. La vision de Buber nous confirme que l'homme dans toutes ses formes ne doit pas seulement attendre la protection, toute forme d'aide, de conseils des autres, mais il doit chercher dans les mesures du possible à venir en aide à ceux qui lui tendent la main, car le fait seulement d'attendre des autres quelques choses plonge cet être dans l'égoïsme qui est parmi les vices qui rongent la société. Les véritables relations encouragées par notre auteurs, sont celles dans lesquelles chacun de ceux qui y participe apporte sa part, c'est-à-dire son aide, sa pierre afin d'aboutir à une édification du type universel dans laquelle règne la mutualité, la paix, l'entente, l'unité...en un mot, une société de dialogue. Les actions de la vie sociales sont objets de l'intersubjectivité, elles ne proviennent pas seulement des relations totalement apparentes, car elles concourent au sentiment intérieur de sympathie et de développement pour ses semblables ; par là on voit apparaitre la dignité de l'homme. Comme nous venons de le voir, le rapport de présence réside dans la reconnaissance de la valeur infinie d'autrui. Pour cette raison, une communauté de personnes ne suffit pas pour le fonder. Il faut en plus l'intervention d'un principe fondateur : ma relation, c'est-à-dire rapport dialogal. * 22 BUBER, Je et Tu, p. 150 |
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