La relation intersubjective selon Martin Buberpar Martin Kashila Institut superieur de philosophie et de théologie de Kolwezi - Philosophie 2021 |
II.2. l'intersubjectivité dans la pensée bubérienneLa forme la plus directement observable de la relation est ce qu'on appelle l'intersubjectivité, elle met l'accent sur le type d'échanges établis essentiellement entre deux ou plusieurs personnes et sur les sentiments éprouvés à l'égard d'autrui. La pensée de Martin Buber nous fait voir que la divergence collectionne et que quand on veut s'en passer, on prend une certaine position à son égard. Ce constat est d'après Gabriel Marcel, le résultat d'une réflexion suscitée par les enquêtes qui l'ont amené à reconnaitre la certitude du Toi10(*). La vision de Buber peut s'observer dans la disposition généreuse comme `philosophie de la rencontre' qui est le fruit de l'évènement de l'intersubjectivité. Ce qu'il faut voir avec un oeil ouvert est que ce n'est pas du côté de la sphère du Je et Tu qu'il faut fouiller l'ontologie de l'être humain ; c'est dans le rapport ou sur l'axe Je-Tu qu'on apercevra les vraies caractéristiques de l'homme. Il y a là une sorte d'ontologisme réciproque qui transcende le substantialisme du moi, qui fait du Tu l'attribut le plus prochain, le plus fondamental du Je. « Je suis une substance si je suis une personne. En me détachant de mon frère, je m'anéantis. En perdant son souci, j'abandonne Dieu »11(*). La catégorie bubérienne de la relation trouve son sens à ce niveau. Cette relation ne s'effectue en aucun cas sur l'axe du Je-Cela, puisque c'est une sphère qui établit un rapport impersonnel. Sinon sur celui du Je-Tu qui établit un rapport personnel, celui entre les sujets. Pour Buber, la pensée la plus admirable est sans substance si elle est sans discours. La communauté des hommes ne saurait être détruite que pour la possibilité des relations particulières. Nous sommes ainsi responsables de nos semblables, de nos proches, de ceux qui sont en face de nous. Buber évoquera l'idée que « C'est par grâce que le Tu vient à moi ; ce n'est pas en le cherchant qu'on le trouve. Mais en lui adressant le mot-principe, c'est l'acte de mon être, c'est mon acte essentiel »12(*). En parlant des mots-principes `Je-Tu' ou `Je-Cela', Buber dira encore que « lorsque placé en face d'un homme qui est mon Tu, je lui dis le mot-principe `Je-Tu', il n'est pas une chose entre les choses, il ne se compose pas de choses13(*). A des instants différents, l'auteur souligne avec soins le rapport entre le Je et le Tu, c'est-à-dire la relation. Le Je va vers le Tu et le Tu va vers le Je. Dans cette attitude intersubjective, les partenaires se reconnaissent, entrent en dialogue et se confirment. Dans sa conception, dire Tu, c'est n'avoir aucune chose pour objet. Car où il y a une chose, il y a une autre chose14(*). * 10 BUBER, Je et Tu, p. 5 * 11 BUBER, Je et Tu, p. 9 * 12 BUBER, Je et Tu, p. 29 * 13 BUBER, Je et Tu, p. 26 * 14 BUBER, Je et Tu, p. 21 |
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