CONCLUSION GENERALE
Nous voici au terme de notre investigation philosophique. Au
cours de ces analyses, nous nous sommes efforcé de comprendre
l'intervention de Buber et de pénétrer les motivations qui sont
à l' origine de sa démarche philosophique. Notre effort a
consisté, en effet, à considérer l'homme dans sa
volonté de relation avec les autres pour se réaliser. C'est
grâce à cette dissertation sur l'homme que nous avons pu engager
un dialogue fructueux avec Buber, dialogue qui nous a conduit dans les
méandres de sa pensée.
Notre dissertation philosophique a porté sur la
relation intersubjective selon Martin Buber. Nous l'avons subdivisée en
trois chapitres dans le but de répondre aux préoccupations de la
problématique qui était la nôtre.
Le premier chapitre s'est employé à
étaler l'historique du concept de la relation. Ce dernier est
subdivisé en cinq points. Nous avons dans un premier moment
présenté la notion philosophique de la relation qui est un
concept fondamental dans la vie d'un être humain marquant la
présence des différences, des contestations, des écarts et
des divergences. Ce concept manifeste une grande importance dans la vie de
chaque être humain, surtout cette présence en face des autres.
Cette existence touche de façon particulière l'aspect moral de
l'homme. De ce fait, l'homme doit accepter dans ses relations, tous ceux qui se
présentent à lui tel qu'ils sont. Nous avons ensuite vu comment
l'homme dans ses relations est considéré. Il doit être
aimé d'un amour qui n'est pas aveugle. Par après nous avons
développé les deux couples de relation. Le couple Je-Tu qui
confère a l'être humain sa pleine valeur et s'actualise dans la
parole. Le couple Je-Cela quant à lui instaure un rapport de type
impersonnel, car il s'agit des rapports entre sujet et objet. Dans la relation
comme engagement de soi, l'être qui veut entrer en relation avec les
autres doit de lui-même s'engager par sa présence, ses mouvements
et la considération de l'autre. Enfin nous avons vu quelques attitudes
de l'individu envers autrui dans la relation. Ici, Buber cite deux attitudes
que l'être humain manifeste en lui tout comme devant les autres. Il cite
premièrement la solitude comme abandon de soi par les autres,
c'est-à-dire la déréliction ou l'isolement et
deuxièmement il cite la solitude comme abandon des autres ou
l'égoïsme.
Le deuxième chapitre s'est focalisé sur la
philosophie bubérienne de l'intersubjectivité. A ce niveau, il a
été question d'indiquer que la vie humaine est un mouvement. Le
mouvement fondamental de l'homme, c'est d'être un mouvement tourné
vers autrui. De là, une ascension vers le mieux-être et le plein
épanouissement de l'homme, le pas est vite franchi. De ce fait nous
avons compris combien Buber a une conception optimiste de
l'intersubjectivité. Ce chapitre a tourné sur quatre points
principaux. Le premier point est celui dans lequel nous avons exposé la
relation avec la nature. Nous avons montré que cette relation y vibre
dans l'obscurité sans atteindre le seuil du langage. Le
deuxièmepoint est celui dans lequel nous avons vu
l'intersubjectivité dans la pensée bubérienne. Ici Buber
affirme que l'homme est un être de relation, il est ce mouvement vers
autrui. La vraie relation découle de la rencontre entre les hommes qui
s'expriment en toute honnêteté de manière à
co-appartenir dans le vrai sens du mot. Nous y avons aussi montré que
pour qu'il y ait relation, il faut la présence des partenaires. Le
troisième point est sans doute celui de la vie avec les hommes. Ici la
relation est manifeste et explicite. En donnant le Je, nous pouvons recevoir le
Tu. Nous avons aussi montré dans ce point que l'homme ne peut en aucun
cas se suffire àlui-même bien qu'il soit complet. La vision de
Buber nous confirme que l'homme doit éviter l'égoïsme, un
des vices qui rongent la société. Et le quatrième point
est celui dela considération interpersonnelle. Ici Buber nous dit
quel'autre que nous rencontrons est une chance, il est une grâce. Pour
une bonne réalisation de ces rapports, il faut un effort de
présence, d'amour, de paix et d'entente.
Le troisième chapitre portant sur l'appréciation
critique de la relation telle qu'abordée par Martin Buber. Nous nous
sommes appuyés, pour apprécier à juste titre cette
intersubjectivité, sur les conceptions d'autres penseurs philosophes.
Avec le concours de ceux-ci, nous avons accepté la considération
de la relation de l'homme et la nature, l'homme et son semblable ainsi que de
l'homme et la transcendance. Avec ces philosophes, nous constatons que l'homme
en tant qu'être social ressent le besoin urgent de la rencontre avec les
autres.
Apres avoir présenté les mérites de Buber
quant à la conception de la relation humaine, nous remarquons certaines
zones d'ombres. Il est vrai que la pensée de M.Buber regorge des
mérites, mais en même temps elle donne à penser de sorte
que tout esprit qui la rencontre ne peut ne pas en saisir le fort et le faible
qu'elle renferme. Dans cette perspective nous constatons que Buber mise
légitiment sur la rencontre de l'homme avec son semblable, cependant,
L'autre tel que nous le constatons, peut constituer une menace. Sartre a eu
à le démontrer en déclarant que « l'enfer
c'est les autres ».
Somme toute, il va sans dire que malgré toutes les limites
adressées à l'endroit de la pensée de Buber, nous
reconnaissons en lui les mérites de nous avoir apporté un sens
humain de la relation authentique.
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