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Groupes armés et conditions socio-économiques de la population de Shabunda au Sud-Kivu


par Jacques LUTALA KATAMBWE
Université de Lubumbashi  - Diplôme d'Etudes Approfondies en Sciences politiques et Administratives. Option : Science Administrative 2020
  

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3.2.2. Désarmement, démobilisation, rapatriement, réinstallation et réintégration des combattants étrangers (Ddrrr)

Dès février 2000, la résolution 1291 du Conseil de sécurité donne pour mandat à la MONUSCO, alors MONUC, d'élaborer un plan d'action systématique pour le DDRRR des groupes armés présents dans l'Est du Congo(77(*)). Dans un premier temps, l'avis du Secrétariat général et du Conseil de sécurité est qu'il faut comme préalable « que les groupes armés eux-mêmes acceptent d'être désarmés et démobilisés »(78(*)). En décembre 2000, le Conseil de sécurité « engage » ainsi « les parties, à coopérer pour faire avancer le désarmement, la démobilisation, la réinsertion et le rapatriement et la réinstallation » des groupes armés étrangers(79(*)).

Le programme DDRRR est pris en charge par la MONUC en collaboration avec les programmes de réintégration des pays d'origine des combattants étrangers. Conformément à l'Accord de Lusaka, il vise les FDLR du Rwanda, les FNL (Forces Nationales de Libération) du Burundi et les ADF/NALU (Forces Démocratiques Alliées / Armée Nationale pour la Libération de l'Ouganda).

L'accent est mis sur les combattants hutu rwandais et leurs dépendants (en majorité des FDLR) en raison d'une part de leur importance numérique, et d'autre part de leur impact négatif sur la sécurité de la population et sur la stabilité régionale.

Notons qu'à l'exception notable de la Lord Resistance Army (LRA), la plupart des groupes armés burundais et ougandais ont volontairement quitté le territoire de la RDC après avoir conclu des accords de paix avec leurs gouvernements respectifs(80(*)). Cette politique n'a cependant qu'un succès très relatif.

Au fil de la lecture des rapports du Secrétaire général sur la MONUC, il apparaît que seul un petit nombre de combattants étrangers et membres de leurs familles ont progressivement intégré les programmes DDRRR mis en place par la MONUC - avec l'aide de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), du Haut-Commissariat des Nations unies aux Réfugiés (UNHCR), du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et du Programme Alimentaire Mondial (PAM) - et consenti à rentrer dans leur pays.

Aussi, en dépit de ses faibles succès, le DDRRR n'a guère permis de juguler le flot des armes légères dans l'Est du Congo. Considérant que le désarmement, la démobilisation et la cessation de tout soutien aux ex-Forces armées rwandaises et aux forces Interahamwe faciliteraient le règlement du conflit en RDC, le Conseil de sécurité est néanmoins régulièrement revenu à la charge. Tandis que le Gouvernement d'unité nationale et de transition se met en place, le Conseil de sécurité se fait de plus en plus pressant.

En mars 2005, après que huit casques bleus guatémaltèques aient été tués par des combattants de la LRA dans le Nord-Est du Congo, le Conseil de sécurité demande au gouvernement congolais « d'établir avec la MONUC un concept conjoint d'opérations en vue du désarmement des combattants étrangers ». Le Conseil « insiste sur le fait que la MONUC est autorisée à utiliser tous les moyens nécessaires », et ce, y compris le recours aux « tactiques d'encerclement et de recherche pour prévenir des attaques contre les civils et perturber les capacités militaires des groupes armés illégaux qui continuent de faire usage de la violence dans ces régions »(81(*)).

Ainsi, tandis que la MONUC affine sa stratégie en matière de DDRRR, la position minimaliste et attentiste de départ cède progressivement le pas à une politique plus proactive, plus offensive, ayant pour objet la traque et le désarmement forcé des combattants étrangers et qui amènera in fine les forces de la MONUC à soutenir les vastes opérations menées par les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) contre les groupes armés étrangers dans l'Est de la RDC.

Tant et si bien que depuis le début de l'année 2009, les pressions diplomatiques et militaires (opérations « Umoja wetu », « Kimia II » et plus récemment « Amani leo ») exercées sur les groupes armés étrangers ont contribué à l'augmentation spectaculaire du nombre de candidats au désarmement volontaire et au rapatriement. Selon le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, Alan Doss, l'action de la cellule DDRRR de la MONUC a en effet permis, le rapatriement volontaire de plus de 1.500 ex-combattants FDLR et de plus de 2.000 de leurs dépendants en 2009.

Par ailleurs, au cours de la même période, près de 15.000 civils rwandais ont été rapatriés par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (UNHCR), portant le total à 18.500 le nombre de Rwandais rentrés dans leur pays en 2009(82(*)).

* 77Résolution 1291 (2000) du Conseil de sécurité, 24 février 2000, S/RES/1291 (2000).

* 78Rapport du Secrétaire général sur la Mission de l'Organisation des Nations unies en République démocratique du
Congo, 17 janvier 2000, S/2000/30.

* 79Résolution 1332 (2000) du Conseil de sécurité, 14 décembre 2000, S/RES/1332 (2000).

* 80CARAMÉS, A. et SANZ, E., DDR 2008 : Analysis of Disarmament, Demobilisation and Reintegration (DDR) programmes in
the World during 2007, Barcelone : Escola de Cultura de Pau, 2008, p. 82.

* 81Résolution 1592 (2005) du Conseil de sécurité, 30 mars 2001, S/RES/1592 (2005).

* 82« RDC : Le chef de la MONUC rencontre des ex-combattants rwandais », Centre de documentation des Nations unies, 19 janvier 2010, http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=21031&Cr=RDC&Cr1=Doss, consulté le 01/02/2020

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