3. La prédominance des
pratiques culturelles tandant à prendre le dessus sur l'orthodoxe
établie en matière de soins dans les ménages
Dans les zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélong, les ménages utilisent divers services de la
médecine traditionnelle soit par manque de moyens financiers, ainsi,
« actuellement je suis malade et je n'ai pas d'argent pour me
rendre à l'hôpital. Je vais plutôt me rendre chez le
tradipraticien du village pour des soins » (affirme un chef de
ménage âgé de 70 ans appelé Ewangué A). De
plus, pour chaque type de maladie, il y a des herbes pour le traitement selon
nos enquêtes comme l'affirme ce chef de village « Chez
nous, quand quelqu'un est malade, il part en brousse se défendre avec
les herbes pour voir après, par exemple mon fils qui venait
d'être malade a été traitée par le
tradipraticien » (affirme un chef de ménage
âgé de 62 ans, appelé NDJILE H.). A travers ces propos,
nous voyons que la médecine traditionnelle est une culture dans les
zones rurales enclavées de l'arrondissement de Mélong car les
ménages comptent d'abord sur celle-ci en cas de maladie. Cependant, les
ménages font donc recours à la médecine traditionnelle
pour plusieurs maladies, comme l'illustre le graphique suivant :
![](Accessibilite-aux-soins-de-sante-modernes-dans-les-zones-rurales-enclavees-de-larrondissement44.png)
Figure 21: Les types
maladies traitées traditionnellement dans les ménages
Source : enquête de terrain 2020
Soixante-dix pourcent de ménages ont
déclaré avoir fait recours à la médecine
traditionnelle pour tous les types de soins en cas de maladie et pour cause
l'éloignement des formations sanitaires et la pauvreté
financière, 19% ont affirmé avoir consulté les soins
traditionnels pour le paludisme qui est récurrent dans les villages
à cause de la non utilisation d'une moustiquaire imprégnée
à longue durée d'action. Ensuite les maladies mystiques (19%)
encore appelées maladies compliquées que les ménages
estiment qu'elles ne se traitent pas avec les soins de santé modernes,
préfèrent alors consulter les tradipraticiens pour des soins
appropriées, ainsi, « pour savoir de quoi je souffre
exactement, parfois la médecine moderne ne voit pas la maladie mais
c'est le tradipraticien qui voit plutôt » (extrait de
l'entretien avec le chef traditionnel du village Nzobi le 26 Mars 2020
nommé Eboua E.).
Les chefs de ménage font consulter
régulièrement les personnes de leurs ménages chez le
tradipraticien pour des soins. En effet, pendant nos enquêtes de terrain,
les ménages disaient qu'ils utilisent régulièrement les
soins de santé traditionnels pour toute la famille en cas de
nécessité. Le tableau suivant présente les personnes du
ménage ayant déjà consultées la médecine
traditionnelle dans les différents ménages :
Tableau 19: Les personnes
du ménage ayant consultées la médecine
traditionnelle
Les personnes du ménage
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Catégorie de personnes
|
Enfants
|
13
|
6,5
|
Adultes
|
22
|
11,0
|
Tout le monde
|
160
|
80,0
|
Total
|
195
|
97,5
|
Total
|
200
|
100,0
|
Source : enquête de terrain 2020
A travers ce tableau, on constate que la majeure partie de la
population des zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélong n'a pas accès aux soins de santé modernes, car
l'utilisation de la médecine traditionnelle est très
répandue. Ainsi, presque tout le monde dans le ménage consulte le
tradipraticien (80%) y compris les enfants (6,5%) et les adultes (11%),
« tout le monde consulte le tradipraticien dans ma maison par ce
que le centre de santé de notre village est fermé mais aussi
à cause de l'efficacité du traitement » (affirme
un chef de ménage âgé de 35 ans appelé NGOUNDE E.).
A travers ces propos, les pratiques médicinales socioculturelles sont
très avancées en milieu rural de l'arrondissement de
Mélong, cette idée rejoint celle d'Emmanuel Mpondo (2012)
où la médecine traditionnelle est ancrée dans les
traditions ancestrales africaines.
Au cours de nos enquêtes de terrain, les ménages
ont affirmé que la pauvreté financière et le mauvais
fonctionnement des centres de santé sont les principaux facteurs qui les
amènent à utiliser régulièrement la médecine
traditionnelle. Car lorsque les enfants sont par exemple malades, les soins
viennent des tradipraticiens du village par ce qu'ils ont une santé
fragile selon eux. Par contre les adultes qu'à eux peuvent prendre
à la fois les plantes médicinales et la consulter les
tradipraticiens en cas de gravité de la maladie.
|