IV. LES DIFFICULTES LIEES A LA
DEFAILLANCE DES POLITIQUES PUBLIQUES DE SANTE EN MILIEU RURAL
L'équité en santé selon l'OMS (2005)
désigne « l'absence de différences
systématiques et potentiellement remédiables, dans un ou
plusieurs aspects de la santé parmi la population qui sont
définis socialement, économiquement, démographiquement ou
géographiquement ». Dans cette partie, il sera question de
mettre en exergue le manque d'équité dans la distribution des
centres de santé et donc des soins dans les zones rurales
enclavées de l'arrondissement de Mélong en tenant compte des
normes de l'OMS. Ainsi, pour mieux comprendre les entraves
liées à défaillance des politiques publiques dans les
zones rurales enclavées de l'arrondissement de Mélong, nous
étudierons l'absence des centres de santé dans certains villages,
le manque de personnel dans les formations sanitaires, le manque
d'infrastructures sanitaires et des équipements dans les centres de
santé et la limite dans l'offre des soins.
1. Insuffisances des centres de
santé en milieu rural
Si la présence des structures sanitaires assure le
bien-être et le maintien en bon état de santé de la
population, c'est plutôt le contraire dans les zones rurales
enclavées de l'arrondissement de Mélong car certains villages de
notre zone d'étude ne sont dotés d'aucun centre de
santé. Il s'agit des villages Ediengo et Nzobi. C'est ainsi que cette
situation constitue un obstacle pour accéder aux soins de santé
modernes dans les ménages, ainsi, « Lorsque quelqu'un est
malade, on lui porte au dos, lorsqu'il s'agit d'une femme enceinte, on la porte
sur les brancards fabriqués localement par ce qu'on n'a pas de centre de
santé dans notre village » (extrait de l'entretien avec
le chef du village Ediengo le 22 Mars 2020 nommé Etienne M.). Par
ailleurs, cette absence des centres de santé est due à la
défaillance des politiques publiques de santé en milieu rural
selon le chef de district de santé de Mélong et la mauvaise
gestion des ressources économiques. Ce manque ne facilite pas d'ailleurs
la bonne utilisation des services de santé modernes par ces populations
qui sont obligées de parcourir d'énormes distances (20 km)
à pieds pour aller se faire soigner en cas de maladie, comme l'affirme
ce chef de ménage âgé de 39 ans appelé Eboué
Basile « l'absence d'un centre de santé dégrade
davantage notre situation sanitaire et entraine des conséquence
fâcheuses sur notre santé ». Ce qui entraine alors
la non fréquentation fréquente des structures sanitaires par bon
nombre de ménage (34%), d'où le graphique suivant :
Figure 13: Ménages
ayant déclarés la présence ou non d'un centre de
santé dans le village
Source : enquête de terrain 2020
Il ressort de ce graphique que 34% de ménages ont
déclaré avoir de centre de santé dans leurs villages alors
que 66% des ménages ont avoué ne pas avoir au moins un centre de
santé dans leurs villages et rencontrent par conséquent de
nombreuses difficultés.
Cette absence des formations sanitaires se fait ressentir
dans les ménages à travers le recours vers d'autres types de
soins et autres pratiques en cas de maladie. De plus, les chefs de
ménages ayant eu des cas de maladie dans leurs domiciles ont
déclaré qu'ils se sont déplacés à cause de
l'éloignement des centres de santé pour des soins modernes.
Cependant, les stratégies d'adaptations utilisées dans les
ménages face à l'absence d'un centre de santé sont
insuffisantes pour y retrouver l'état de santé normale en cas de
maladie. Par ailleurs, cette situation ne manque pas de décrier la
défaillance du système de santé Camerounais en
général et les problèmes de développements auxquels
font face les zones rurales enclavées en particulier dans le secteur de
la santé, et qui se caractérise par la mauvaise gestion et la
mauvaise répartition des formations sanitaires notamment en milieu
rural. La conséquence immédiate est la dégradation de
l'état de santé des populations les plus démunies qui ne
peuvent pas se déplacer pour manque de moyens financiers.
Ces résultats convergent vers les travaux
effectués par Beninguisse (2003, P130), Hérol T. (2017,
P74)pour qui dans les régions rurales où vit la majorité
des populations, les services de santé adéquats sont plutôt
rares car les chances de recourir à l'appareil médical et de se
conforter aux règles préventives en vigueur, diminuant
considérablement au fur et à mesure que la distance par rapport
aux services sanitaires le plus proche augmente et cette relation causale est
plus perceptible en milieu rural.
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