VII. INTERET DE L'ETUDE
La valeur d'un travail de recherche se reconnait par le
progrès que ce dernier apporte à l'élaboration des
savoirs scientifiques. En effet, la dite étude relèvera
également la pertinence des difficultés d'accès aux soins
de santé, prouvant que la recherche apporte des réponses aux
préoccupations des décideurs sociaux. On relèvera tout
d'abord un intérêt scientifique puis social.
· Intérêt
scientifique : notre étude se veut un apport scientifique,
analytique et méthodologique à la compréhension et
à la saisie intelligible des préoccupations des populations face
aux difficultés d `accès aux soins de santé conventionnels
dans notre zone d'étude. De ce fait, il contribuera à
résoudre ce problème dans l'arrondissement de MELONG. Enfin,
cette recherche constituera un enrichissement dans le domaine de l'accès
aux soins de santé en milieu rural et ouvre résolument de
nouvelles pistes de recherche que les travaux actuels et futurs pourront
creuser.
· Intérêt social :
notre travail aura un apport important, car les décideurs politiques
Camerounais seront informés du problème d'enclavement et les
difficultés d'accès aux soins de santé par les populations
rurales de l'arrondissement de MELONG, du manque de structures sanitaires dans
ces zones et fourniront des voies et moyens nécessaires pour
désenclaver ces mieux ruraux afin de permettre aux populations
d'accéder facilement aux soins de santé. Ceci permettra de
résoudre inéluctablement les difficultés d'accès
aux soins de santé dans l'arrondissement de MELONG, qui passera par la
mise en oeuvre des moyens pratiques de construction des centres de
santé en milieu rural. L'étude fera aussi la lumière sur
la place de la médecine parallèle dans l'offre de soins dans
l'arrondissement en particulier et au Cameroun en général, ceci
face à une situation de défaillance des politiques publiques de
santé et de la pauvreté financière des populations.
VIII. CADRE CONCEPTUEL ET
THEORIQUE
1. CADRE CONCEPTUEL
La définition des concepts clés est d'une
importance capitale dans tout travail d'étude et de recherche en
sciences sociales. A cet effet, E. DURKHEIM affirme : << la
première démarche [...] doit être de définir afin
que l'on sache bien ce qui est en question. >> Ainsi, une telle position
va nous permettre de définir les concepts clés utilisés
dans notre recherche:
Accessibilité aux soins de santé:
Selon Brunet(1990), « l'accessibilité est la
capacité à être atteint par une clientèle, un
message, un service. Elle dépend de l'état des moyens de
transport et représente un coût : le monde entier est
accessible en tous ses points mais le coût d'accès peut
êtreélevé ». A titre d'exemple, on compare
l'accessibilité des villes, qui change dans le temps selon le mode de
transport : faute de livraison aérienne, Poitiers était
l'une des villes les moins accessibles de toutes les autres villes
françaises, puis, le TGV en a fait une ville normalement accessible. On
analyse aussi l'accessibilité des services publics, notamment de ces
deux services fondamentaux que sont la formation et la santé.
L'accessibilité se mesure donc par la capacité de la population
à atteindre les services et les soins de santé sans
difficulté.
Selon Picheral (2001) «c'est la
capacitématérielled'accéder aux ressources sanitaires et
aux services de santé, elle présente au moins deux dimensions:
matérielle et sociale. L'accessibilité traduit la
possibilité de recourir aux prestataires de soins et n'a donc qu'une
valeur potentielle (desserte). Surtout fonction du couple distance / temps
donc de la proximité ou de l'éloignement du cabinet
médical, de l'établissement de soins et de la ongueur du trajet
à effectuer. Indicateur social (inégalités) et indicateur
de santé fréquemment utilisés, l'accessibilité est
une condition de l'accès aux soins mais ne détermine pas à
elle seule le recours aux soins effectif (c'est à dire l'utilisation
effective du système). L'accessibilité se dit aussi de la
possibilité financière de recourir à des services de
santé (couverture, assurance sociale) ou à une innovation
médicale (pratique, technique, équipement, diffusion) La plus
grande accessibilité est ainsi un des objectifs premiers de tout
système de santé dans sa dimension sociale
(équité). Dans les deux cas, l'accessibilité est
maintenant considérée comme un déterminant de santé
et un éventuel facteur de risque.L'accessibilité dépendra
donc de la forme économique et technique du service. Le niveau
d'accessibilité est perçu comme un facteur de risque:
sous-entendu de développement anormal d'une maladie qui n'est pas
enrayée car pas traitée, l'accessibilité au service
devient dans une de ses acceptions un des déterminants de la diffusion
ou de la complication d'un problème morbide et donc un des
déterminants des conséquences de l'événement -
maladie, de son impact en particulier économique à
l'échelle sociétale ou psychologique à l'échelle
individuelle. La possibilité d'accéder aux soins de santé
est aussi sociale car elle dépend de la position sociale dans le groupe
et s'exprime sans faire référence à la capacité
financière.
Les dimensions de l'accessibilité aux soins de
santé :
- L'accessibilité
géographique : Ellerenvoie à la notion d'obstacle
à l'accès d'un service ou d'une infrastructure. La distance
physique est souvent utilisée pour la définir car elle permet
une interprétation plus intuitive de la notion d'obstacle. Ainsi,
l'accessibilité géographiqueest souvent considérée
comme une mesure de distance ou de densité de structures dans un espace
donné. Ainsi, elle est définit comme la mesure de
proximité, la relation entre la localisation des services et celle des
populations. Cette relation prend en compte la notion de distance-temps. De
plus, l'état de la route (bitumé, non bitumé, boueuse,
glissante), le rayon de proximité du centre de santé font
également partie intégrante de l'accessibilité
géographique.
- Accessibilité
économique : renvoie à la combinaison de
l'accessibilité géographique qui est l'exemple des centres de
santé et la capacité à atteindre à moindre
coûts (coût des soins de consultation, coût des soins de
traitement, coût des soins d'hospitalisation) les centres de santé
et les soins de santé. De ce fait, l'accessibilité
économique renvoie donc à la capacité de la population
à disposer des soins de santé à un coût
abordable.
- Accessibilité socioculturelle :
elle renvoie au comportement de la population face aux services de
santé, renvoie aussi à des préférences culturelles
et à la capacité d'adaptation des individus aux soins de
santé. Dans le cadre de cette étude, l'accessibilité
socioculturelle renvoie aux pratiques socioculturelles palliatives aux
difficultés d'accès aux soins de santé modernes. Pour
cela, on note la présence des soins de santé traditionnels
(Prières, voyances).
- Accessibilité technique : elle
renvoie aux personnels de santé en qualité et en quantité
(médecins, sages-femmes, infirmiers) fait appel à la
qualité des soins mis à la disposition des populations.
L'accessibilité technique est le ratio entre les personnels de
santé et la population. Elle renvoie à la qualité des
soins, la qualité des infrastructures sanitaires (hôpitaux, CSI,
CMA, HD, dispensaires, hôpitaux publics, hôpitaux privés).
Les types de soins (soins préventifs, soins curatifs, soins
spécialisés, soins généraux), on note
également les modes de transport (au dos, porte-tout, moto,
véhicule).
Tableau 1: Conceptuel de
l'accessibilité aux soins de sante
CONCEPTS
|
DIMENSIONS
|
COMPOSANTE 1
|
COMPOSANTE 2
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INDICATEURS
|
ACCESSIBILITE AUX SOINS DE SANTE
|
Géographique
|
|
Distance
|
Distance à parcourir
|
Temps mis
|
Durée du trajet
|
Type de route
|
- Bitumée
- Non bitumée
- Boueuse
-glissante
|
Rayon d'influence du CS
|
-Proche
-Eloigné
|
Spatial
|
Milieu physique
|
Les obstacles du milieu physique
|
Economique
|
|
Coût des soins de santé modernes
|
-Coût de consultation
- Coût du traitement
- Coût d'hospitalisation
-Coût des médicaments
|
Niveau de vie
|
Montant du revenu
|
Frais de transport
|
Coût des frais de transport
|
Technique
|
Transport
|
Mode de transport
|
-Nombre de personnes portées au dos
-Nombre de porte-tout
-nombre de brancard
-Nombre de mototaxi
|
Personnel de santé
|
|
-Nombre de sages-femmes
-Nombre de médecins
-Nombre d'infirmiers
-Nombre d'aides-soignants
|
Qualité du personnel
|
Appréciation du personnel de santé
|
Disponibilité du personnel de santé
|
-Absence du personnel de santé dans les centres de
santé
|
Type de Soins
|
-Soins préventifs
-Soins curatifs
|
Offre des soins
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-Appréciation de l'offre des soins
- Qualité des soins
|
Catégories des formations sanitaires
|
Types de structure
|
-Nombre d'hôpitaux
-Nombre de CMA
-Nombre de SCI
-nombre de cases de santé
-Nombre de cliniques
-Nombre de formations sanitaires privées
|
|
Services des soins de santé
|
-Soins généraux
-Soins spécialisés
|
|
Equipements des centres de santé
|
-Nombre de lits
-Nombre de salles d'hospitalisation
-Nombre de services
-Nombre de bâtiments
|
Culturelle
|
Pratiques socioculturelles
|
-Consultation d'un naturopathe
-Tradipraticien
-Plantes médicinales
-Médecine traditionnelle
-automédication
|
Soins parallèles
|
-Voyance
-prières
-cultes des cranes
-Lieux sacrés
|
Recours à la médecine traditionnelle
|
-Nombre de personnes ayant fait recours à la
médecine traditionnelle
-Maladies régulièrement traitées à la
médecine traditionnelle
|
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Sociale
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Activités
|
Types d'activités
|
-Agriculture
-élevage
-pêche
|
Engins de déplacement
|
|
Possession d'un engin den déplacement
|
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Maladies du ménage
|
Les maladies les plus récurrentes dans le ménage
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Caractéristiques démographiques
|
|
-Nombre de personnes dans le ménage
-Nombre de femmes
-Niveau d'instruction
-Sexe
|
La notion de Santé
Santé : « état
complet de bien-être physique, mental et social et ne consiste pas
seulement en une absence de maladie ou d'infirmité et représente
l'un des droits fondamentaux de tout être humain, quel que soit sa
race, sa religion, ses opinions politiques, sa condition économique ou
sociale », « La santé résulte d'une
interaction constante entre l'individu et son milieu et représente cette
capacité physique, psychique et sociale des personnes d'agir dans leur
milieu et d'accomplir les rôles qu'elles entendent assumer d'une
manière acceptable pour elles-mêmes et pour les groupes dont elles
font partie »(OMS 1946).
En général, la santé peut être
divisée en santé physique et en santé mentale bien qu'en
réalité ces deux aspects soient en rapport. Pour
bénéficier d'une bonne santé physique, il est
recommandé de pratiquer une activité physique
régulière, d'avoir une alimentation équilibrée et
saine, en variant les nutriments et les protéines. En outre, la
santé mentale est liée au bien être émotionnel et
psychologique où un être humain peut utiliser ses capacités
émotionnelles, se développer en société et
résoudre les enjeux qui se présentent au quotidien.
La notionde soins de santé
conventionnels
Selon une définition officielle conjointement produite
par l'OMS (2018) et l'UNICEF (2018), les soins de santé conventionnels
« sont une stratégie sanitaire basée sur les soins
préventifs et curatifs et mise en oeuvre via la participation
communautaire des populations pour améliorer et mobiliser au mieux les
personnes et les moyens locaux disponibles » Ainsi, la dimension de
soins de santé primaires dont l'objectif ultime est une meilleure
santé pour tous est primordiale pour tous.
L'OMS a recensé cinq (4) éléments pour
parvenir à cet objectif :
v Réduire l'exclusion et les disparités sociales
dans le domaine de la santé ;
v Intégrer la santé dans tous les secteurs
(reformes des politiques publiques) ;
v Organiser les services de santé autour des besoins
et des attentes des populations (réforme de la prestation des
services)
Suivre des modèles de collaboration et de dialogue
politique
La notion d'enclavement
L'enclavement: est l'isolement d'un territoire donné,
repli sur lui-même, donc difficilement accessible et mal relié aux
territoires voisins et au reste du monde.Brunet(1992) dans mots de la
géographie, il définit l'enclavement comme un territoire ou
fraction de territoire entièrement situé à
l'intérieur d'un autre. Car selon lui, le mot enclavement est
rapproché des domaines de la mobilité et de
l'accessibilité. Il désigne également la situation d'un
territoire desservie par les grandes voies de communication. Le concept
d'enclavement est donc fortement associé à la dimension spatiale
et géographique dans le cadre de notre étude qui porte sur les
zones rurales enclavées de l'arrondissement de MELONG.
Jean Varlet (1997) confirme qu'il n'y a d'enclavement et de
désenclavement que par rapport à un ailleurs mieux desservi. Un
espace peut être géographiquement enclavé par rapport
à d'autres espaces plus ou moins importants, selon une
hiérarchisation non exclusivement géographique ou spatiale.
Alors que le concept d'enclavement « tient a priori une place
limitée dans la production théorique des sciences sociales »
(J. Debrie, B. Steck, 2001), il demeure néanmoins ubiquitaire en
géographie et en aménagement. On le retrouve, entre autres, dans
plusieurs problématiques liées à la géopolitique,
à l'accessibilité, aux déplacements et même aux
politiques de la ville. Enclave, enclaver, enclavement,
désenclavement... l'origine de ces mots est latine. Elle vient du mot
clavis qui désignait à l'origine la tige que l'on passait dans
des anneaux. Le concept d'enclavement est souvent réduit à des
problèmes d'accessibilité spatiale commandés par des
obstacles physiques. La recherche du mot « enclavement » dans le
dictionnaire nous renvoie généralement au verbe « enclaver
» et au mot « enclave » qui signifie « un territoire
enfermé dans un autre », « absence d'accès direct
à la mer », « absence d'issue à la voie publique
», « pays à l'intérieur d'un autre », etc. Telle
est l'image relativement figée du concept, un rapport directement
lié à l'accessibilité. L'enclavement d'une région
signifie qu'elle est d'accès difficile et qu'elle est mal desservie vers
l'intérieur. À la relecture de la définition que Claude
Cabanne et son équipe donnent de l'enclavement, nous pouvons
dégager le sens suivant : isolement géographique dû aux
conditions naturelles et/ou au retard du développement. L'isolement
apparaît donc comme synonyme de l'enclavement. Non loin de cette
configuration spatiale, Pierre George et Fernand Verger, utilisent le mot
« isolement » non comme synonyme mais comme facteur l'enclavement.
Pour eux, ce dernier « par les effets de l'isolement peut aboutir à
des phénomènes identiques à ceux provoqués par
l'insularité (...) » P. George, F. Verger (1996).
Selon Paul Georges, l'enclavement est desserte, l'absence de
moyen de communication. Il est donc un obstacle à l'accessibilité
à certains besoins par la population du fait de l'éloignement et
de l'isolement. Selon Yve Lacoste, le terme enclavement désigne
l'isolement, faute d'infrastructures ou d'offre de transport de l'espace
concerné vis-à-vis de ceux qui l'environnent.
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