4.1.15 I.3.2.
Conséquence du conflit homme lion
Bien que les aires protégées revêtent une
importance capitale pour les lions d'Afrique, certaines populations ont une
proportion importante sur les terres des communautés (Riggio et al,
2013). Cela signifie qu'ils dépendent fortement des terres
dominées par les humains, en particulier autour des zones
protégées. Cette cooccurrence de lions en tant que grands
carnivore obligés avec les humains entraine souvent des conflits, en
particulier lorsque le bétail est également présent (Bauer
et al, 2015). Les lions peuvent également attaquer des personnes
(Packer, 1988). Ce conflit peut avoir des conséquences néfastes
pour les humains et les lions. Les personnes, en particulier en Afrique rurale
dépendent souvent fortement de l'élevage en tant que ressources
économiques principales, qui a une grande valeur dans les zones pauvres
et exposées à l'insécurité alimentaire. La perte
des bétails peut donc avoir des effets dévastateurs au niveau des
ménages.
En 1998, il fut estimé qu'une petite population
d'environ 50 lions dans le parc national du Cameroun à waza causait plus
de conflit que d'autres carnivores, tuant près de 700 bovins et plus de
1000 têtes de petits bétails (Bauer et De longh, 2005). En
Ethiopie, les villageois ont déclaré avoir perdu en moyenne 287
USD par an à cause de la déprédation du lion. Les impacts
peuvent aller au-delà de la valeur monétaire de la
déprédation du bétail : le bétail fournit du
lait, de la viande et du fumier à la population locale et fournit la
base de la génération des revenus, de l'épargne et du
statut social (Chardonnet et al, 2010). Les bovins en particulier ont
souvent une importante valeur sociales et culturelles dans les
communautés traditionnellement pastorales et leur perte entraine donc
des couts culturels élevés en dehors des couts économiques
(Dickman, 2014). Plus grave encore, les lions peuvent constituer une menace
réelle pour les humains eux-mêmes, en Tanzanie, on estime que plus
de 800 personnes ont été tuées ou blessées par les
lions entre 1990 et 2004 (Packer et al, 2005)
4.1.16 I.3.3.
Techniques de gestions du conflit
Les méthodes pour gérer les conflits homme faune
sont de types moderne, traditionnelles et expérimentale (Marchand,
1999).
4.1.17 1.3.3.1.
Technique traditionnelles
· Surveillance du bétail
La surveillance est un élément important de la
protection des champs ou du bétail, et donc de la gestion des conflits
humains-faune (Naughton-Treves, 2006). Le gardiennage des troupeaux et la prise
des décisions pour les défendre activement font parties des
principes de base essentiels de l'élevage. Le pourcentage de
prédation est généralement moindre quand les bergers sont
présents que quand les troupeaux sont laissés à
eux-mêmes (Kaczensky,1996). En Afrique orientale, où les pasteurs
sont connus pour être téméraires et habile pour pousser les
prédateurs, on rapporte que les bergers provoquent et font fuir les
prédateurs aussi dangereux que les lions, les hyènes et les
guépards avec les armes rudimentaires, telles que les lances, couteaux
ou armes à feu (Patterson et al, 2004).
· Construction des enclos
Les éleveurs peuvent construire des enclos qui
dissuadent ou empêchent les grands carnivores de passer, tout en
permettant au bétail de pâturer librement. Cette technique est
largement employée en Namibie pour limiter les attaques des lions,
hyène et guépard sur le bétail. Cette option a
été un succès puisqu'elle a diminuée les attaques
sur les veaux pendant la période la plus vulnérable de leur
croissance (WWF ,2005).
Une clôture peut aussi avoir des effets non attendus sur
une vaste gamme d'espèces non ciblées (Hoare, 1992). Au Zimbabwe,
autour de la zone d'étude de la faune de Sengwa, le bétail
continue d'être attaqué, bien que la réserve soit
clôturée et que les animaux domestiques soient paqués la
nuit dans les enclos. Cela s'explique par le fait que les babouins, les lions
et les léopards peuvent passer à travers la clôture de la
réserve et sauter dans les enclos (Bauer, 2013)
· Animaux de garde
Les animaux de garde fournissent une alternative à
l'éleveur pour le suivi de son troupeau, activité couteuse qui
demande un travail intensif et beaucoup de temps. Les chiens sont
dressés pour alerter les personnes de la présence des
prédateurs plutôt que pour les faire fuir (La Grange, 2005)
Une étude réalisée entre janvier 1994 et
novembre 2001 sur les chiens accompagnants les troupeaux dans 117 fermes
namibiennes a montré que les chiens de garde permettaient de
réduire les pertes de bétail ; 73% des fermiers
interrogés ont signalés qu'il y a eu une baisse significative des
pertes depuis qu'ils avaient acquis un chien (Dickman, 2005)
· Dissuasion acoustique
Les méthodes de dissuasion acoustique font fuir la
faune, grâce à l'émission d'un bruit puissant et inattendu
ou de sons spécifiques connus pour effrayer la faune. Les populations
ont utilisé des coups de feu pour effrayer les lions dans les ranches
commerciaux à Laikipia, au Kenya. Les cartouches pétards sont des
cartouches de calibre 12 ; elles déclenchent une faible charge qui
explose près du prédateur, lui causant une frayeur plus grande
qu'un coup de feu tiré d'un enclos (Wodroffe, 2004).
· Barrières traditionnelles
Les haies faites de diverses cactées et autres plantes
épineuses présentent l'avantage d'être une solution peu
couteuse et efficace à la fois contre les carnivores et les
ongulés. Dans le gourma malien, ces barrières représentent
32 pour cent des mesures de protection employées (Maiga, 2011)
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