CHAPITRE 3. ANALYSE EMPIRIQUE DE
L'EFFICACITE DE LA POLITIQUE MONETAIRE DANS L'ECONONOMIE CONGOLAISE
DOLLARISEE
La dollarisation pourrait accroître la fragilité
du système financier. Les banques peuvent devenir vulnérables
face à l'accroissement des transactions en devises. Puisque la Banque
Centrale domestique ne crée pas des devises, le système bancaire
devient plus vulnérable en cas de défaillance ou
d'incapacité d'une banque donnée à honorer ses engagements
en devises. Une crise de liquidité individuelle peut ainsi se
généraliser à l'ensemble du système bancaire dans
la mesure où la Banque Centrale domestique ne peut pas jouer un
rôle de prêteur des devises en dernier ressort (suite par exemple
à l'insuffisance des réserves de change). Lorsque
l'économie est complètement dollarisée, la Banque Centrale
domestique perd totalement son rôle de prêteur en dernier ressort
au profit de la Banque Centrale émettrice de la monnaie de
référence.
Les analyses aussi bien théoriques qu'empiriques ont
démontré que la RDC figure parmi les économies les plus
dollarisée au monde. La dollarisation de l'économie affecte, en
règle générale, les fonctions de réserve de valeur
et d'unité de compte pour les biens durables et surtout les
décisions de l'institut d'émission. Lorsqu'elle est
installée, il est très difficile de revenir en arrière. Le
retour entraine des coûts fixes importants, c'est-à-dire le
changement de comportement vis-à-vis de l'utilisation d'une monnaie et
la volonté politique de s'engager dans le processus de la
dédollarisation de l'économie.
Dans le but de répondre à nos questions, nous
proposons d'étudier empiriquement l'efficacité de la
politique monétaire dans une économie dollarisée en
utilisant le vecteur autorégressif (VAR) afin d'analyser les
causalités entre les variables et leurs analyses dynamiques. Ce chapitre
sera organisé de façon suivante : d'abord, nous parlerons de la
spécification de modèle VAR ; ensuite, nous parlerons de
l'évaluation empirique.
SECTION I : SPECIFICATION DU MODELE VECTORIEL
AUTOREGESSIF (VAR)
La modélisation VAR repose toutefois sur
l'hypothèse que l'évolution de l'économie peut être
bien approchée par la description du comportement dynamique d'un vecteur
de k variables dépendant linéairement du passé. Elle a
été introduite en économétrie en 1980 par SIMS
comme une alternative aux modèles à équations
simultanées.
Au regard de la période, ces modèles ont
donné des résultats très médiocres, notamment en
termes de prévisions et ont suscité un grand nombre de critiques
au sujet de la simultanéité des relations et de
l'exogénéité des variables. La modélisation VAR
permet, sans recourir à une théorie économique en amont,
d'avoir un cadre relativement bien adapté pour notre étude, et
permet d'analyser l'efficacité des
politiques macroéconomiques.
3.1.1. Représentation du modèle VAR
Un vecteur autorégressif (VAR) est un système
d'équations linéaires dynamiques dans lequel chaque variable est
écrite comme fonction linéaire de ses propres valeurs
retardées et de celles des autres variables .Considérons k
variables ou processus stationnaires .
Chacun de ces processus est fonction de ses propres valeurs
passées, mais aussi des valeurs passées et présentes de
l'autre processus. Si nous notons p le nombre de retards, le modèle
VAR(p) décrivant la dynamique des k variables sous forme réduite
s'écrit de la manière suivante :
(2)
;
Cette représentation peut s'écrire à
l'aide de l'opérateur retard :
que l'on peut, à son tour, réécrire de la
façon suivante :
Où I la matrice identité, L
l'opérateur retard et satisfait les conditions de bruit blanc.
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