C-3- Dans le TOP Compilations
Au cours de l'année 1997, 244 compilations ont
été réalisées en France dont 21 consacrées
aux Musiques du Monde soit près de 9% environ. Sur ces 21 compilations,
5 étaient des « Best of » d'artistes dont les scores de ventes
sont généralement remarquables comme Tri, Yann, Ajpha blondy,
Johnny Clegg ET Savuka, et Rachid Taha. Les couleurs de ces compilations
reflétent bien les tendances du moment à savoir musique celtique
(5), rai (6) ; Antilles/caraïbes (4), latino (4), Afrique (3) et musiques
orientales (1)
La logique « compilatoire » dans l'industrie
phonographique repose sur des campagnes de promotion
télévisée auxquelles n'ont accès que le major
compagnies et leurs faramineux.
Ceci explique bien le fait que ces compilations sont pour la
plupart distribuées par ces compagnies bien qu'un tiers de la production
émanent de labels indépendants. Il s'agit de Déclic ;
entre-temps devenu Globe music racheté par Sony Music (nous reparlerons
de la concentration des labels), de Pomme Music et de AB Productions.
Ces compilations « Musiques du Monde » ont
totalisé 89 semaines de présence dans les Tops, soit 7% de
l'ensemble. Une longévité moyenne inférieure à
celle
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constatée dans le Top Albums ; les compilations
étant généralement soumises aux effets de mode, leur
durée d'exploitation est traditionnellement plus courte.
Ainsi, les compilations « Musiques du Monde »
affichent une longévité moyenne de 4.2 semaines contre 5.3 sur
l'ensemble du Top : 10 d'entre elles se sont classées dans les 10
premières places au fil des semaines.
Au classement général, 6 compilations
apparaissent dans les 100 premières places mais aucune ne fait mieux
qu'une vingtième place.
D-LA PLACE DES MUSIQUES DU MONDE DANS LES MEDIAS
En France, les Musiques du Monde n'ont pas
bénéficié d'une présence remarquable dans les
médias français. Notamment à la télévision
où on peut estimer sans grand risque de se tromper que les premiers
documents télévisés sur le sujet datent du milieu des
années soixante avec la première chaîne de
télévision « ethno » sur le petit écran
surtout.
A la radio, il a fallu attendre l'avènement des radios
libres en 1981, pour que les Musiques du Monde soient disponibles sur les
ondes. Dans les journaux, très peu d'encre a coulé sur le sujet.
Nous allons étudier les grands moments de cette aventure des Musiques du
monde dans les médias français.
D-1- Les Musiques du Monde à la
télévision Française
Dans les années soixante-dix, c'est l'Asie qui
bénéficie d'un traitement privilégie.
Les continents africains et latino-américains font une
entrée en force. On ne parle encore de World Music car la part belle est
faite à la musique traditionnelle. Au début des années 80,
Antennes 2, ancêtre de France 2,
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diffuse un documentaire portrait sur le nigérian Fela
Anikulapo, Kuti, fondateur de l'Afro-beat.
Probablement, il s'agirait là de la première
apparition de la World Music à la télévision. La
création de la Sept marque une étape fondamentale car cette
chaîne s'ouvre alors à toutes les musiques.
Mais l'euphorie sera de courte durée. Les
impératifs de l'audience viendront réduire
considérablement la marge de manoeuvre des différents
responsables de programme consacrés aux Musiques du Monde.
Depuis 1999, les Musiques du Monde ont pratiquement disparu
des chaînes d'hertziennes :
Sur TF1, la privatisation a instauré le dogme de
l'audimat à tout prix, sonnant le glas du magazine «
Télévision sans frontières » qui réservait une
belle case à ces musiques. Bien entendu, on ne saurait considérer
les opérations « Tube de l'été » qui surfent sur
des phénomènes de mode comme la Macaréna ou la Lambada
comme des signes d'intérêt pour les cultures musicales du
monde.
Ces opérations purement marketing visent
essentiellement à faire d'un clop-vidéo plusieurs coups : coup
médiatique d'abord, en offrant aux téléspectateurs un
produit traduisant le sentiment dominant du moment, l'été, fait
de désir d'évasion et d'exotisme. Coup financier ensuite, puisque
le produit promu est issu de sa filiale de production disque, Une Musique.
A Canal +, la direction affiche sans ambigüité sa
sensibilité rock, bien que dans son ancien format, l'émission
Nulle Part Ailleurs a souvent invité quelques artistes World.
Quelques reportages et documentaires consacrés aux
musiques d'Afrique, de Syrie, du Brésil, de l'Egypte et du Maroc ont
permis aux Musiques du Monde de ne pas être complètement absentes
de l'antenne.
Quant à M6, seuls quelques insomniaques ont dû
remarquer ont dû remarquer la diffusion à des heures tardives,
entre minuit et deux heures du matin, de quelques clips du genre.
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Sur les chaînes du service public, la contagion du tube
de l'été a touché France 2 et France 3. France 2 assure le
service minimum en invitant de temps à autre quelques artistes World
notamment princes du rai sur ses plateaux de prime time.
France 3 distille un peu de Musiques du Monde à travers
les grands événements régionaux dont il capte les
concerts, généralement agrémentés d'un documentaire
(Festival interceltique de Lorient, Fiesta des Suds à Marseille,
Transmusicales de Rennes)
La naissance de la cinq en 1994 avait suscité
beaucoup d'espoir. Espoir de programme surtout, mais il a fallu très
vite déchanter, faute de budget de production. Le son de cloche est
identique chez Arte.
Dans l'ensemble, la présence des Musiques du Monde sur
les chaînes hertziennes reste très faible.
La note encourageante sonne du côté de certaines
chaînes thématiques du câble. Plus exactement, sur la
chaîne de Muzzik, (10% de l'antenne) et Mezzo (une case de mercredi soir)
qui diffusent l'une et l'autre des concerts et des documentaires. Même
chose à Paris Première qui alterne concerts, documentaires et
programmations événementielles.
Quant aux deux chaînes musicales majeures, MTV et MCM,
leur contribution accorde une large place à la diffusion des clips.
Au total, un bilan terne qui n'augure pas d'un avenir
meilleur. Entre les années soixante-dix où des artistes inconnus
en France étaient filmés au bout du monde dans leur environnement
quotidien, on est passé en moins de trente ans, aux portraits de
quelques stars de la World, notamment des vedettes des major companies
qui occupent les maigres espaces que les plateaux télé
concèdent encore à ces musiques.
Nous sommes là en face d'une logique essentiellement
commerciale instaurés et animées par l'industrie du disque.
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