La rdc et le dilemme de securité : etude comparative entre la deuxième et la troisième républiquepar Didier CHIGANGU MUNGUAKONKWA Université Officielle de Bukavu - Licence en Relations Internationales 2018 |
Paragraphe 1 :La Conférence Nationale Souveraine (2ième république)La Conférence nationale souveraine (CNS) est une rencontre, qui s'est étalée sur une année et demi, soit du deuxième semestre de 1990 à 1992, et avait réuni les délégués représentant toutes les couches de la population, toutes les régions et la diaspora du Zaïre (Congo- Kinshasa). La CNS est restée jusqu'à ce jour comme la conférence la plus longue et la plus réfléchie de l'Afrique, mais dont les résolutions n'ont jamais été sérieusement appliquées84(*). Parmi les participants, étaient comptés, les délégués représentants des partis politiques enregistrés, de la société civile, groupes professionnels et de l'armée zaïroise. La présidence de la République y était aussi représentée par quelqu'un d'autre que le président Mobutu Sese Seko. La CNS s'est tenue à Kinshasa, la capitale zaïroise, au Palais du Peuple.À la suite des grandes transformations que subit la politique internationale à la fin des années 1980 avec l'effondrement du bloc de l'Est et la réorientation des politiques d'aide au développement désormais soucieuses de promouvoir la bonne gouvernance et le respect des droits humains, le rôle de Mobutu Sese Seko , alors président du Zaïre, comme bastion des puissances occidentales contre le communisme n'avait plus de sens et sa politique faisait de lui un allié incommode face à l'opinion publique. Conscient de cela, et choqué par la mort de son ami Nicolae Ceausescu, Mobutu lança le 14 janvier 1990 le projet d'un grand débat national auquel le peuple prendrait part pour exprimer son opinion sur l'amélioration du développement du pays. La CNS a eu lieu à la suite des consultations populaires organisées par le président Mobutu du 30 janvier au 2 avril 1990, afin de se rendre compte et entendre lui-même les préoccupations de la population. Ces consultations l'ont conduit dans tous les grands centres du pays, organisant dans chaque centre des rencontres avec la population ou avec leurs délégués, ces derniers lui faisant part de leurs doléances. Après les consultations populaires, la Conférence nationale avait alors été convoquée et avait, tout au début de ses travaux, bien réussi à acquérir sa souveraineté juridique, d'où sa désignation de « Conférence Nationale Souveraine ». Le but de la CNS était que les citoyens du Zaïre se mettent ensemble afin de discuter ou analyser la situation du pays, et qu'ensemble ils trouvent les solutions aux maux qui rongeaient le pays. Le but a bel et bien été atteint avec succès et des bases nouvelles avaient alors été jetées à travers les résolutions et les acquis de la conférence nationale souveraine ». Parmi ces résolutions et les acquis, nous retrouvons aussi la finalité de la CNS qui, après avoir donné naissance à toutes les commissions spécialisées, se parachèverait en prenant le statut juridique du Haut Conseil de la République tenant lieu de Parlement de Transition, soit HCR-PT. Malheureusement, toutes ces bonnes résolutions, qui inspiraient tout l'espoir du peuple zaïrois, n'ont pas pu être d'application à la suite de la décision du président Mobutu de suspendre la CNS et son refus de reconnaître et de permettre l'application des résolutions et des acquis de la CNS, quand bien même son institution même était un acquis de la CNS85(*). Ainsi, à la fin de la CNS, le président du bureau de la CNS deviendrait le président du HCR-PT, le premier ministre devrait être élu dans la CNS et les différentes commissions spécialisées poursuivraient leurs travaux en vue de la préparation des États Généraux des différents secteurs. L'idée de la CNS était plus la prise de conscience, l'élaboration de la démocratie et de développement par les Zaïrois, pour les Zaïrois et fait au Zaïre. Après de faux départs, la conférence Nationale, qui va se proclamer « souveraine », entameréellement ses travaux le 6 avril 199286(*). Elle se clôture le 6 décembre. Ce grand moment del'histoire politique congolais est donc (en regard de la longueur de la transition entre ladeuxième République et une troisième République aujourd'hui toujours virtuelle) un assezbref moment : 8 mois exactement.Le contexte politique dans lequel s'inscrit la CNS a des traits bien marqués, et réduit à saligne de force- une configuration assez simple. Trois principales forces et trois grands acteurs dominent la scène : La « mouvance présidentielle » (qui à l'époque se retrouve dans le cartel des Forces démocratiques unies), avec à sa tête le président Mobutu ;L' «Union sacrée » (créé en juillet 1991) dont le leader est Etienne Tshisekedi ; l'Église Catholique que Mgr Monsengwo, archevêque deKisangani, représente etconduit sur la scène politique, que cela plaise ou non à (toute) la hiérarchieecclésiastique.Caractérisons l'attitude et le rôle de ces trois forces dans le processus de mise enplace et le déroulement de la CNS. C'est dès la fin avril 1990, lors d'une
réunion tenue à Bruxelles, que des représentants de
l'UDPS, principale composante de la future Union sacrée, et Mobutu veut réunir une commission
constitutionnelle. Il ne veut pas la Grâce à l'attitude inconséquente
de L'union sacrée, il opère progressivement
un Et surtout le Compromis politique globaldu 31 juillet 1992 restaure sa pleine légitimité en faisant de la présidence, aux côtés du Haut conseil de la République et du gouvernement, une institution de la transition. La Conférence nationale s'était
proclamée solennellement souverainele 5 mai, mais en vertu du Compromis
elle accepte (ou plutôt on lui fait acceptercar le compromis a
été conclu et signé par des représentants de son
bureau et deses différentes plates-formes politiques mais en dehors du
cadre même del'assemblée) de partager cette souveraineté
avec le président Mobutu : auxtermes du compromis, la défense
nationale et la politique extérieure sont desdomaines de collaboration
entre les institutions de la transition, et le chef del'État retrouve,
en même temps que son intangibilité, sa prééminence
dans l'ordre L'Église catholique conçoit la
Conférence nationale d'une tout autre manière que Ainsi conçue, la Conférence nationale
transcende la sphère du politique La CNS n'est une arène de propagande
électorale ni de conquête du * 84A.M. Kabambi, « Bref aperçu historique de la Conférence, nationale souveraine (Extrait du mensuel de l'Union de la Diaspora Congolaise) », InLa renaissance N° 21 du 31 octobre 1998, édité à Montréal, Canada, p26. * 85A.M. Kabambi, Op. cit., p32. * 86I. Ndaywel, Histoire générale du Congo. De l'héritage ancien à la République Démocratique, Bruxelles, Duculot, 1998, pp.772-783. * 87K.Kinkela, « Rapport final des travaux de la CNS », Dans Zaïre-Afrique, (n° 273), mars 1993, (pp.155-193). * 88I. Ndaywel, Op. cit., pp.700-783 |
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