1.2- JUSTIFICATION
Le dispositif normatif actuel du Cameroun se
caractérise par les traits essentiels ci-contre : (1) La
reconnaissance de l'éducation par la Constitution Nationale comme
une mission fondamentale de l'État. Le préambule de la
Constitution du 18 janvier 1996 affirme que : (a) l'État assure
à l'enfant le droit à l'instruction; (b) l'enseignement
primaire est obligatoire; (c) l'organisation et le contrôle de
l'enseignement à tous les niveaux est une responsabilité
de l'État. (2) La reconnaissance de l'éducation comme une
priorité nationale.
La loi n° 98/004 du 14 avril 1998 d'orientation de
l'éducation nationale au Cameroun et la loi n° 2001/005
du 16 avril 2001 portant orientation de l'enseignement supérieur
comportent des dispositions explicites sur ce point dans leurs articles
2 et 3 respectivement. (3) La mise en place d'un dispositif juridique
spécifique pour l'accompagnement de l'enseignement privé. Il
s'agit de la loi n° 2004/022 du 22 juillet 2004 fixant les
règles relatives à l'organisation et au fonctionnement de
l'enseignement privé au Cameroun. (4) Le choix
délibéré d'un système juridico-administratif
privilégiant la maîtrise par l'État du
développement institutionnel de l'éducation.
En effet, le système prévoit : (a) la
création et l'ouverture discrétionnaire par l'État
d'établissements publics de formation sur l'ensemble du territoire
national; (b) la collation des diplômes, à tous les
niveaux, relevant de la compétence exclusive de l'État;
(c) l'instauration du régime juridique de « l'autorisation
préalable » par l'Administration de l'État pour
l'exercice d'activités de formation par les promoteurs
privés; (d) la mise en place d'une réglementation
instituant à la fois la préparation des
élèves et étudiants des institutions privées
pour les diplômes nationaux et un mécanisme de
reconnaissance et de délivrance d'équivalences
académiques à des diplômes étrangers par
rapport aux diplômes nationaux. (5) L'institution de la promotion
de l'égalité des chances pour tous les citoyens
camerounais.
En effet, les lois d'orientation de l'éducation
(1998, 2001) prescrivent que : (a) l'État garantit l'accès
aux établissements de formation aux personnes remplissant les
conditions académiques requises et en fonction de la
capacité de chaque institution; (b) les institutions
d'enseignement supérieur développent des politiques
d'assistance permettant aux étudiants de toutes les couches
sociales d'accéder à l'enseignement supérieur. (6) Le
caractère obligatoire de l'enseignement primaire et la
gratuité de l'école primaire publique, qui interpellent de
ce fait les pouvoirs publics qui se doivent de mettre en place sur
l'ensemble du territoire national les conditions d'application effective
de cette prescription constitutionnelle.
Les grandes orientations assignées à
l'enseignement primaire au Cameroun visent à : (i) former des
futurs citoyens « enracinés dans leur culture mais ouverts
au monde et respectueux de l'intérêt général
et du bien commun », « aux grandes valeurs éthiques
universelles, que sont la dignité et l'honneur,
l'honnêteté et l'intégrité ainsi que le sens
de la discipline » et « au respect des droits de l'homme
et des libertés, de la justice et de la tolérance, au
combat contre toutes formes de discrimination, à l'amour de la
paix et du dialogue, à la responsabilité civique »;
(ii) permettre aux jeunes de « cultiver l'amour de l'effort et
du travail bien fait, la quête de l'excellence et de l'esprit
du partenariat, d'être créatifs et d'avoir le sens de
l'initiative et l'esprit d'entreprise »; (iii) assurer aux jeunes
une bonne « formation physique, sportive, artistique et culturelle
» et leur donner le sens de l'hygiène et de la
salubrité. En bref, il s'agit de former des jeunes camerounais
capables, à l'issue du cycle primaire, « de communiquer
oralement et par écrit dans les deux langues officielles que
sont le français et l'anglais, de vite s'adapter au contexte
socioéconomique de leur milieu de vie et de poursuivre les
études secondaires ».
Au de la du dispositif normatif qui est sensé encadrer
les actions de l'etats dans le secteur éducatif, de nombreux
écarts peuvent etre observés au niveau de l'implémentation
des différentes dispositions mises en place. Dans ce sens, le
système éducatif présente plusieurs problèmatiques
qui devraient faire l'objet de reflexions profondes.
1.2-1. Les grandes Problématiques
du système éducatif Camerounais
Le Ministère de l'Éducation de Base, qui a
en charge la gestion du cycle primaire au Cameroun, dispose d'un plan
d'actions prioritaires couvrant la période 2014-2018 et ciblant
les grandes problématiques du sous-secteur. Ce plan se
décline en quatre grands programmes dont les trois premiers sont
opérationnels et le dernier sert de support. Le premier
programmevisel'universalisation du cycle primaire et a pour
objectif l'amélioration de l'accès et de
l'achèvement du cycle. Pour ce faire, il s'agit de : (i)
renforcer l'accès et la rétention au cycle primaire; (ii)
améliorer la qualité de l'éducation dans les
écoles primaires en vue d'une scolarisation continue, d'une
socialisation équilibrée ou d'une insertion
socioprofessionnelle réussie; (iii) soutenir la scolarisation des
jeunes filles afin de lutter contre les disparités de genre.
Le second programme porte sur
l'alphabétisation, l'éducation de base non
formelle et la promotion des langues nationales en vue de :
(i) développer l'acquisition des compétences instrumentales
(lecture, écriture et calcul), de vie courante et
l'autonomisation des alphabétisés au travers des
activités génératrices de revenus; (ii) favoriser la
réinsertion des non-scolarisés et des
déscolarisés précoces; (iii) développer la
pratique orale et écrite des langues nationales en milieu
scolaire et extrascolaire. Les stratégies mises en oeuvre pour
l'atteinte de ces objectifs sont axées sur : (i) la
définition d'un cadre conceptuel de mise en oeuvre de
l'alphabétisation et le soutien des activités d'une
alphabétisation fonctionnelle; (ii) la définition et la
mise en place de passerelles entre l'éducation de base non
formelle et l'éducation de base formelle et le suivi du
fonctionnement et des activités des Centres d'Éducation de
Base Non Formelle (CEBNF); (iii) le renforcement des capacités
du personnel enseignant en matière de pratique des langues
nationales et la diversification des approches d'enseignement des
langues nationales.
Le troisième programmes'intéresse
à l'appui au développement du préscolaire,
avec pour objectif l'accroissement du taux de
préscolarisation sur toute l'étendue du territoire
national. Cette extension du préscolaire repose le soutien
au préscolaire communautaire, la promotion de l'initiative
privée formelle, l'amélioration de l'offre
préscolaire publique et la formation des formateurs.
Enfin, le programme support qui représente
le dernier programme vise la gouvernance et l'appui institutionnel dans
le but depermettre au système de rationaliser l'allocation des
ressources éducatives et le pilotage du système pour une
mise en oeuvre efficace et efficiente des programmes
opérationnels. Dans cette perspective, il est
envisagé de rationaliser l'allocation et la gestion des
ressources éducatives, d'améliorer le cadre de travail et
les conditions de vie des personnels, de consolider le système
d'information et de gestion de l'éducation, de renforcer les
activités de suivi et d'évaluation de la gestion des
ressources du budget d'investissement public (BIP) et de consolider le
processus de planification, de programmation, de préparation et
de suivi de l'exécution du budget.
|