Vers une compréhension de la mobilité résidentielle au regard de l'étalement de l'aire métropolitaine de Port-au-prince : le cas de Canaan de 2010 à 2020par Wilguens Pharius Université d'État d'Haïti - Diplôme en sciences sociales 2021 |
IntroductionPourquoi les gens déménagent-ils ? Comment choisissent-ils leur logement et le lieu de résidence ? Ces questions sont capitales pour comprendre la dynamique des villes contemporaines. Les mouvements résidentiels sont en effet un moteur majeur qui façonne les tissus urbains. Ils sont au coeur des processus tels la gentrification et l'étalement urbain. Des chercheurs comme Florin et Semmoud (2010 :2)explicitent et précisent que la mobilité résidentielle està l'origine des dynamiques quasi synchrones, à savoir la métropolisation, le desserrement voire l'étalement urbain. La mobilité résidentielle, objet d'étude entre autres de la géographie des mobilités constitue l'une des quatre formes principales de mobilité spatiale aucôtéde la mobilité quotidienne, de la migration et du voyage. La géographie des mobilités visent àrépondre à la question « pourquoi les gens se déplacent-ils ? ». Depuis trois décennies, le desserrement des grandes agglomérations urbaines et leur expansion spatiale sur les espaces environnant se sont imposés comme un processus planétaire : c'est l'étalement urbain. On parle de périurbanisation1(*) plus précisément quand cette croissance spatiale se fait aux dépens des espaces ruraux environnants (Guibert et Jean, 2011). L'explosion des mobilités, l'intensification des circulations matérielles et immatérielles et le processus d'urbanisation planétaireaccélérée depuis un demi-siècle dans un contexte de capitalisme mondialisé, constituent les principales causes de ce phénomène.Si l'on veut paraphraser, on pourrait dire que l'accroissement des surfaces urbaniséesrésulte de la mobilité résidentielle, c'est-à-dire dudéplacement des individus ou des ménagesimpliquantl'installation sous un toit, dans un domicile. Au Nord, la périurbanisation tout en étant moins forte dans les années 1970 en île de France en France, continue d'alimenter la densification et l'expansion des aires métropolitaines. A Mexico au Sud,où la périurbanisation est ancienne (1960), le taux d'accroissement annuel des zones périurbaines est de 2,5% à la fin des années 1990 contre 1,28% pour l'agglomération. Dans d'autres pays du Sud, à la mêmepériode, la croissance des espaces périurbains est bien plus rapide : de l'ordre de 10% autour de Chennay et de New Delhi en Inde ; de 8% à Chia, au nord de Bogota en Colombie (Guibert et Jean, 2011). Les villes haïtiennes n'échappent pas au phénomène de l'étalement urbain ou de lapériurbanisation. La littérature scientifiqueévoque en ce sens la zone ouest vers Gressier et Léogâne, la zone sud-est dans les communes de Kenscoff, la zone nord dans la commune de Croix des bouquets de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince avec Canaan, notre terrain d'étude. Depuis 2010, Canaan s'étend et participe à l'agrandissement de la tâche urbaine de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince. C'est un cas particuliercontrairement aux autres périphéries de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince, en raison de la rapidité de son urbanisation et le contexte dans lequel il s'est émergé, un contexte post-catastrophe. Ce territoire reçoit près de 250 000 habitants en cinq ans selon l'UCLBP. Presque tous les nouveaux arrivants viennent de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince. Ainsi, pour réaliser cette étude, en plus de la partie introductive constituée par la présente, ce travail comporte cinq chapitres répartis comme suit : Le premier chapitre définit le problème, présente nosquestions de recherche, les objectifs de l'étude et les justifications du travail, Celui-ci présente également les travaux antérieurs réalisés en rapport avec la thématique de recherche. Le deuxième traite du cadre théorico-conceptuel dans lequel nous situons notre recherche, et fera la lumière autour des concepts clés du travail. Le troisième chapitre est consacré à la présentation du cadre méthodologique, lequel vise à définir la méthode de recherche, les techniques utilisées pour la collecte des données. Le quatrième chapitre procède à une brèveprésentationdu terrain d'étude : Canaan. Le cinquième chapitre est consacréau cadre empirique c'est-à-dire la présentation, l'analyse et l'interprétation des données recueillies. Enfin, la conclusion. * 12 Initié dans les années 1920 aux Etats-Unis et, dans une moindre mesure, en Europe, ce phénomène prend de l'ampleur dans les années 1970 dans les pays du Nord avant de gagner, selon les temporalités variables, les pays du Sud. Voir Guibert et Jean, 2011 : 46. |
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