Conclusion
Nous nous sommes proposé dans le cadre de ce modeste
travail de fin d'étude du premier cycle universitaire d'étudier
la mobilité résidentielle et l'étalement urbain. Plus
spécifiquement, nous avons choisi de mettre l'accent sur la
mobilitérésidentielle comme élément moteur de
l'étalement urbain. Il s'agit de considérer le choix
de localisation résidentielledes habitants de Canaan, ce
derniers'illustrant comme l'une des nouvelles périphéries de
l'aire métropolitaine de Port-au-Prince. Cette nouvelle
périphérierésultant d'une urbanisation non
planifiée, se constituedans un contexte post-catastrophe, celle du 12
janvier 2010. Cela dit, nous avons formulé notre sujet comme suit :
Vers une compréhension de la mobilité résidentielleau
regard de l'étalement de l'Aire métropolitaine de
Port-au-Prince : le cas de Canaan de 2010 à 2020.
A ce titre, nous avons soulevé deux (2) questions de
recherche : une principale et l'autre secondaire. La question principale a
été formulée de la façon suivante :
Quelles sont les motivations résidentielles des habitants de Canaan
entre 2010 à 2020 au regard de l'étalement de l'aire
métropolitaine de Port-au-Prince?En guise de question secondaire,
nous avons retenu : quel est le cadre de vie des habitants de Canaan
entre 2010 à 2020?
Nous avons par ailleurs formulé des
réponsesanticipées à ces questions de recherche.Pour la
question principale de recherche, notre hypothèseétait :
la décision publique du 22 mars 2010 et la volonté de devenir
propriétaire d'une parcelle de terrain ont joué un certain
rôle dans le choix résidentiel à Canaan entre 2010 à
2020.
Au regard de la seconde question, nous avons retenu comme
hypothèse : Le cadre de vie des habitants de Canaan est un lieu
« sans » : sans Etat, sans électricité,
sans routes, sans eau, etc.Nous nous sommes fixés aussi des
objectifs de recherche. Ils ont été exprimés en ces
termes :déterminer les motivations résidentielles des
habitants de Canaan entre 2010 et 2020 et ensuite mettre en évidence le
cadre de vie de ces habitants au cours de la même
période.
La poursuite de ces objectifs n'a pas été une
entreprise naïve. Elle a, en effet, été guidée par
une trame théorique. Cet énoncé théorique fait
valoir que « les individus et les ménages disposent au cours
de leur vie d'un minimum de liberté d'action et de lucidité dans
leurs pratiques résidentielles ».Cet
énoncéthéorique est soutenu par Catherine Bonvalet et
Françoise Dureau (2000) et repris par Patrick Rérat (2016).
En vue d'atteindre les objectifs poursuivis dans cette
recherche, il nous a été impérieux d'avoir recours
à l'investigation empirique. A ce titre, nous avons mobilisé
trois (3) techniques complémentaires : l'analyse documentaire,
l'observation directe ainsi que l'entrevue semi-dirigée.
D'abord, pour l'analyse documentaire, nous avons
utilisé comme matériaux empiriques, un rapport dont l'UQAM est
l'auteur. Il s'intitule Perspective de développement de l'aire
métropolitaine de Port-au-Prince, Horizon 2030. Une vingtaine de
chercheurs ont participé dans la production de cet immense document
scientifique réalisé dans le champ de l'urbain. Des
thématiques ont été étudiées ayant pour
terrain Canaan. Ensuite, l'observation directe s'est portée notamment
sur le cadre de vie des habitants. Enfin, nous avons interviewé (10) dix
Cananéens. Celles-ci comprennentdes membres de la population et des
« leaders communautaires » se regroupant autour d'une
structure dénomméeCode 15, se chargeant entre autres de
la nomination des rues et d'autres initiatives porteuses de changements
positifs à Canaan.
L'analyse et l'interprétation des données de
l'enquête ont confirmé nos hypothèses, c'est-à-dire
nos objectifs ont été atteints. Toutefois, en plus des
motivations résidentiellesliéesàla
propriétéfoncière et la publication de
l'arrêté du 22 mars 2010 déclarant d'utilité
publique la zone, d'autres ont été révélées.
Ellesrévèlent que la mobilité
résidentielleaboutissant à l'emménagement à Canaan
demeure un choix sous contrainteslié à la perte ou
l'endommagement de son logement lors du séisme de 2010. S'installer
à Canaan est aussi motivé par des logiques de valorisation
considérant son contexte résidentiel marqué par le
lotissement,le faible coût des parcelles de terrain et une relative
tranquillité. Ainsi, continue de s'étaler le plus grand centre
urbain du pays.
L'étude a également mis en évidencele
cadre de vie lié à l'étalementrésidentiel dont
illustre Canaan.Elle a mis l'accent sur les dysfonctionnements auxquels est
confrontée cette nouvelle périphérie de l'aire
métropolitaine. Canaan s'étend et se développe sans aucun
plan urbanistique de l'Etat. Le décor est planté pour que Canaan
sombre dans la bidonvilisation et tout ce que cette dernière charrie.
Il s'agit d'un lieu « sans » pour répéter
Jean-Marie Théodat (2018) : sans eau, sans route, sans
électricité, sans Etat.
Pour finir, une importante précision s'impose afin
d'éviter des malentendus sur la portée de ce présent
travail. Celui-ci est une étude de cas. Celle-ci ne prétend pas
à la représentativité statistique. A ce titre, les
résultats obtenus à partir de cette
étuderéalisée sur Canaan ne sont pas extrapolables
à d'autres périphéries. Plus encore, l'analyse des
données recueillies à partir de cette enquête relative
notamment aux motivations résidentielles ne sont pas
généralisables à l'ensemble de la population de Canaan,
parce que « le cas n'est pas un
échantillonreprésentatif qui permettrait de tirer des conclusions
globales » (Roy, 2009 : 208). Mais peut-être utile pour
d'autres recherches sur le sujet : lequel projet nous tient à
coeur.
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