Le libre accès et la préservation des collections de la bibliothèque de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar : entre contraintes et exigences de modernisationpar Abdoulaye TOURE Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Master 2 en Sciences de l'Information Documentaire. Option: Ingénierie documentaire 2009 |
Chapitre II. MéthodologieDu point de vue méthodologique, notre démarche sera la suivante :
9 Revue de la littérature « Le travail de recherche et de l'écriture d'un texte scientifique (rapport, mémoire de fin d'étude et de thèse) suppose une recherche d'information approfondie. Cette recherche, inscrite dans la démarche scientifique, prend directement appui sur les travaux antérieurs. L'information choisie et exploitée permet à l'auteur de développer une réflexion personnelle »6 Ces propos montrent toute l'importance de la revue de la littérature dans tout travail académique. Elle permet de faire l'état des lieux de la question et par la même occasion de mieux comprendre le sujet à traiter. C'est ainsi que nous avons procédé à une revue de la littérature sur le thème du « libre accès et la préservation des collections », sur les questions qu'ils soulèvent, sur les différentes approches de la question. Il existe une riche documentation sur le « libre accès et sur la préservation des collections » qui nous a permis de voir ce qui a été réalisé en la matière dans le monde et surtout en France. Malgré les nombreuses publications dans ce domaine, nous n'avons pas pu trouver assez de documents sur le sujet à la BUCAD et à la bibliothèque de l'École de Bibliothécaires Archivistes et Documentalistes (EBAD) qui nous semblent les plus indiquées. Il nous fallait dès lors recourir aux ressources électroniques aptes à répondre à nos besoins en information. Les ressources documentaires via l'Internet ont été donc la principale source d'information dans laquelle nous avons trouvé des articles, des mémoires de l'École Nationale Supérieure des Sciences de l'Information et des Bibliothèques (ENSSIB) disponibles dans le catalogue du Système Universitaire de Documentaire (SUDOC) en texte intégral, en plus des nombreuses publications dans la revue en ligne Bulletin des Bibliothèques de France. 6Ressources Électroniques Pour les Étudiants, la Recherche et l'Enseignement (REPERES) http://repere.enssib.fr/repere2009.pdf Consulté le 19/08/2009 10 Les délestages qui ont motivé l'arrêt de la connexion Internet à la BUCAD (où nous avons fait l'essentiel du travail) à partir de 12h pendant les mois d'août et septembre, la saturation du réseau de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), les problèmes de connexion sont les principales difficultés que nous avons rencontrées pour la collecte de l'information sur Internet. Pour gagner du temps les cybercafés et cyber espaces ont finalement été notre dernier recours. Là aussi, les coupures intempestives d'électricité nous ont occasionné beaucoup de dépenses et des déplacements vers des zones alimentées. Nous avons également recouru au prêt inter pour compléter notre documentation sur le sujet. Si dans les pays anglo-saxons la pratique du libre accès date de longtemps, par contre en France, l'organisation de la documentation dans les bibliothèques universitaires a été dénoncée depuis 1960 de même que la conception des bâtiments. Cette revue de la littérature nous a permis de voir l'évolution des constructions de bibliothèques universitaires notamment à travers les programmes de réhabilitation des anciens bâtiments. Cette transformation des bâtiments est guidée par le souci de permette une mise en place du libre accès à la documentation. Anne-Marie Chantreau décrit bien cette situation « Les années 1945-1961 ont été celles de la construction des bibliothèques au parti architectural « ternaire » avec trois corps de bâtiments bien distincts : une salle publique, des bureaux (en général au pied d'une tour) et une tour qui abrite des étages superposés de magasins, accessibles seulement au personnel. Il s'agit des bibliothèques d'après-guerre conçues selon des programmes élaborés par la Direction des bibliothèques de France »7 François Lebertois dans son mémoire soutenu en 2004 à l'ENSSIB intitulé « L'accès au savoir : la classification, les pôles documentaires et l'interdisciplinarité à la croisée des chemins » retrace les grandes étapes de l'organisation spatiale des collections en libre accès dans les bibliothèques universitaires françaises. 7 La Réhabilitation des bibliothèques universitaires : état des lieux/Anne-Marie Chaintreau http://www.adbu.fr/IMG/doc/A-M_Chaintreau.doc Consulté le 17/06/2009 11 Depuis les instructions de 1962 qui ont préconisé l'ouverture des collections des bibliothèques universitaires françaises à une partie du public avec la classification CDU jusqu'aux recommandations de 1998 qui militent en faveur de l'abandon de la CDU jugée très complexe au profit de la Dewey. Dans SUDOC, il existe une abondante production sur le libre accès. Des mémoires présentent des cas concrets de mise en oeuvre du libre accès. L'ouvrage intitulé « Organiser le libre accès 8» publié sous la direction de François Larbre a occupé une bonne place dans notre documentation. Ici, la réflexion s'est articulée autour des différentes étapes de la mise en oeuvre du libre accès. Après avoir défini les préalables, l'ouvrage présente les différentes phases logiques du libre accès : le traitement documentaire, la nouvelle cotation des fonds à mettre en libre accès, l'organisation et la programmation de l'espace, la signalétique, la préparation du déménagement avant de terminer par un mémento pour l'organisation d'un service en libre accès. Dans notre documentation, nous citerons également le document de l'UNESCO intitulé « Safeguarding our documentary heritage=Conservation préventive du patrimoine documentaire ». 9L'UNESCO dans un de ses programmes intitulé « Mémoire du monde » dresse des recommandations pratiques pour la préservation du patrimoine documentaire tout en exposant les causes des dégradations de collections et les mesures préventives à prendre. Dans ce document « Préservation et conservation : Le programme fondamental PAC de l'IF LA10 » Christiane Baryla se penche également sur la question de la préservation des collections dans le cadre de la coopération internationale. La consultation des revues comme le Bulletin des Bibliothèques de France, Archimag ont complété notre documentation. Nous avons choisi quelques documents qui nous semblent très pertinents et qui sont complétés par une bibliographie et une webliographie. 8 Organiser le libre accès/sous la dir. De François Larbre. -Villeurbanne : Institut de Formation des Bibliothécaires, 1995.-1vol, 128p. 9 Safeguarding our documentary heritage=Conservation préventive du patrimoine documentaire/Unesco. CD 10 Préservation et conservation : le programme fondamental PAC de l'IFLA/Christiane Baryla .- http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2009-01-0042-006 Consulté le 20/06/2009 12 DEUXIÈME PARTIE : LA BIBLIOTHÈQUE
CENTRALE DE 2.1 Historique La création de l'École Africaine de Médecine de Dakar en 1916, puis l'ouverture de l'institut des Hautes Études de Dakar en 1950 marquent les premières étapes de la mise place d'un enseignement supérieur au Sénégal ainsi que celles de la constitution des premières collections destinées aux enseignants, aux chercheurs et aux étudiants comme supports d'enseignement et de recherche. Les collections de l'école des Hautes Études de Dakar constituent le fonds de base de l'actuelle bibliothèque centrale. Ainsi, la bibliothèque centrale est la plus ancienne des bibliothèques universitaires de l'Afrique d'expression Française au Sud du Sahara. Des fonds acquis en fonction des besoins des enseignants avec l'ouverture des sections lettres, sciences et droit furent logés dans des endroits distincts au Lycée Van Vollenhoven, actuel Lycée Lamine Guèye. En 1951 puis en 1952, deux fonctionnaires furent envoyés au niveau de ces trois sections. Le premier règlement de la bibliothèque de l'université fut signé le 10 janvier 1953 par le Recteur Guillaume Henri Camerlinck. Le 26 janvier 1954, un registre d'entrée est officiellement ouvert. L'importante place de la documentation dans le système de l'enseignement supérieur amena les autorités de l'université à créer à partir d'avril 1954 une commission des bibliothèques sous la présidence de M. Olivier Martin, professeur à l'École de Droit puis des Recteurs. A partir de 1956, la bibliothèque fait pour la première fois l'objet d'un chapitre particulier dans le budget de l'Institut des Hautes Études de Dakar. Vers la fin des années cinquante, les différents fonds constitués avoisinèrent 5000 volumes et 2000 titres de périodiques. Cette époque marqua également le début de l'application des normes et techniques propres à la gestion des documents et à l'administration des bibliothèques universitaires. 13 Le développement des collections, la massification des effectifs des étudiants et à la forte demande d'accès à une documentation jusqu'ici dispersée, rendirent indispensable la construction d'un édifice propre à la bibliothèque. Ainsi, des contacts furent pris avec la métropole, notamment avec la Direction des Bibliothèques de France aboutissant par l'envoi en mission à Dakar du docteur Hahn, conservateur de la Bibliothèque de la Faculté de Médecine de Paris. Dans son rapport, il souligna avec force la nécessité de doter l'Institut des Hautes Études de Dakar d'une bibliothèque Centrale. Le Recteur Capelle fixa alors l'emplacement de cette bibliothèque. La première pierre de la bibliothèque centrale est posée le 10 décembre 1959 par Monsieur André Boulloche, Ministre de l'Éducation Nationale chargé de l'Enseignement Supérieur dans la Communauté. Elle fut inaugurée le 20 novembre 1965 par le Président Léopold Sédar Senghor. Elle offrait en plus des services administratifs et techniques, 350 places assises dans quatre salles de lecture et des magasins pouvant contenir 450 000 volumes sur 13 km de rayonnages. Le 24 février 1957, est officiellement créée l'Université de Dakar qui deviendra le 30 mars 1987 l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Depuis lors, le budget alloué aux acquisitions et au fonctionnement de la bibliothèque ne cessa d'augmenter permettant ainsi de développer un important fonds documentaire sur des supports aussi divers que variés. Un important fonds de thèses fut constitué grâce à la coopération très dynamique avec les universités françaises. Le personnel scientifique et technique affecté par la métropole est secondé par les bibliothécaires professionnels sénégalais formés dans le cadre de l'ancien Centre Régional de Formation des Bibliothécaires ouvert en 1963 à l'Université de Dakar, devenu École de Bibliothécaires Archivistes et Documentalistes (EBAD). Pendant cette période, d'importantes ressources financières et matérielles furent mises à la disposition de la bibliothèque lui permettant de renouveler ses équipements et de développer de manière régulière ses collections grâce aux abonnements, aux dons, aux échanges avec les nombreuses bibliothèques nationales et universitaires d'Afrique, d'Europe et d'Amérique du Nord. 14 Les conservateurs sénégalais formés à l'École Nationale des Bibliothèques en France assurèrent progressivement la relève du personnel scientifique de la métropole à partir des années soixante-dix. Mais, vers la fin des années quatre-vingt, la bibliothèque commença à traverser des situations difficiles liées à la chute drastique des ressources financières et matérielles au vieillissement de ses collections, à l'exiguïté de ses locaux et à la vétusté de ses équipements. Cette situation sera vite corrigée à partir de 1994 avec l'ambitieux programme d'extension, de rénovation, de réorganisation et de modernisation de la bibliothèque mis en oeuvre par les autorités universitaires aidés par l'État du Sénégal. Ce nouvel édifice offre 1729 places assises dans les services publics. La bibliothèque centrale qui a un statut d'institut d'université par le décret No 78-808 du 28 juillet 1978, est administrée par un Conseil d'Administration. Point focal du réseau des bibliothèques de l'Université (par le décret 95.197 du 21 février 1995), elle est membre de l'Assemblée de l'Université, de la Commission de Recherche et de la Commission Pédagogique de l'Université. Depuis sa création, la bibliothèque centrale a été successivement dirigée par Messieurs Jean Rousset de Pina (1957-1972), Jean Donati (1972-1978), Théodore Ndiaye (19781987), par Henri Sène (1987- 2006) et depuis le 19 janvier 2007 par Madame Mariétou Diongue Diop 2.2 Les missions et les objectifs La BUCAD a pour mission essentielle de répondre aux besoins en information scientifique et technique de la communauté universitaire en soutenant et accompagnant les activités de recherche et d'enseignement. Ses principales missions sont : ? Orientation, étude, recherches bibliographiques et documentaires; ? Coordination des activités documentaires de l'université; ? Soutien logistique de l'enseignement et de la recherche. Elle accomplit cette tâche avec d'autres institutions documentaires plus ou moins importantes ou des laboratoires de l'université. ? Acquisition, traitement et diffusion de l'information aussi bien au profit de la communauté universitaire que des chercheurs venant d'horizons divers. 15 Par ailleurs, la bibliothèque offre les services suivants :
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20 TROISIÈME PARTIE : LE LIBRE ACCÈS ET LA PRÉSERVATION DES COLLECTIONS À LA BUCAD |
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