I.4. La sous-scolarisation, un frein à la dynamique
du potentiel associatif
La dégradation de plus en plus croissante
des conditions de vie des femmes et la défaillance de l'Etat dans la
gestion des difficultés sociaux économiques ont donné
naissance à de nouvelles stratégies de développement dans
le pays comme partout ailleurs.
Cette nouvelle stratégie qui prend en compte
l'IMS (Indication de Mobilisation Sociale) permet de mesurer l'implication des
femmes à la vie associative et par de là leur participation aux
activités des CDQ dans les zones urbaines.
Nos recherches sur le terrain nous ont permis de
constater le faible engouement des femmes à s'adhérer aux
mouvements associatifs. En effet 54% des femmes interrogées ne sont
membres d'aucun mouvement associatif.
La non ou la sous-scolarisation semble agir comme un
élément perturbateur qui accentue la désunion des femmes
selon 52% des enquêtées. Bien que de nos jours la réussite
des programmes de développement exige le regroupement des femmes, celles
de la ville de Dapaong mènent la guerre contre la pauvreté et
l'exclusion en rangs dispersés. Cette désunion a des
conséquences fâcheuses sur la participation des femmes au
développement communautaire. Ce qui d'une façon ou d'une autre
aggrave la crise du processus de développement et du
phénomène d'expansion de la pauvreté. Il est
fréquent de constater que les coupes économiques sombres de
toutes sortes sont souvent faites sur la part revenant aux femmes, les faibles
c'est-à-dire celles qui sont les moins organisées pour
défendre leur intérêt à tout prix dans le cadre d'un
mouvement actif bien constitué et dynamique d'une société
civile.
Le principal foyer de l'expansion de la
pauvreté dans la localité est bien connu d'une multitude de
femmes c'est le manque d'une organisation solide capable de réclamer la
part des femmes dans la distribution des fonds de développement.
Cependant, la plupart des femmes victimes de
l'analphabétisme ont une vision sociale moins restreinte et des
ambitions moins radicales que leurs homologues instruites. Pour les femmes
instruites la façon idéale d'acquérir plus de pouvoir et
de se faire entendre est de rester grouper c'est ce qui justifie le fait que 8
femmes sur les 10 ayant un niveau supérieur sont membres d'un mouvement
associatif comparativement au 17 sur les 52 femmes non scolarisées. Les
analphabètes sont le plus souvent handicapées par un manque
d'information sur les avantages que procurent les mouvements associatifs. Or
ceux-ci accroissent le statut social des femmes tout en leur donnant le pouvoir
de défendre leur droit. De plus ils permettent aux adhérentes
d'identifier leurs besoins pour mieux planifier leur promotion sociale par le
biais des campagnes de sensibilisation ou des séances de formations
pratiques. (cf cliché 3)
Le désengagement d'une bonne partie des femmes
au cours des décennies passées les a enfermé dans un
engrenage méphistophélique qui limite leur participation à
la construction de l'évolution commune. L'analphabétisme
constitue donc un obstacle de taille à la bonne marche des associations
en limitant leur marge de manoeuvre. Pour preuve 52% de nos
enquêtées l'ont confirmé. La situation est telle que les
quelques associations existantes sont le plus souvent lésées dans
l'acquisition des financements à cause du manque de cohésion
entre les différentes membres. Cette situation est inhérente aux
conflits internes le plus souvent causés par une incompréhension
entre l'équipe dirigeante composée de lettrées et la
majorité des membres analphabètes qui ne cessent de pointer
l'équipe dirigeante du doigt l'accusant de gérer l'association en
leur faveur ce qui amène certaines membres à bouder l'association
et à se démotiver de celle-ci. Ce qui est l'avis de 23% des
femmes interrogées.
Ces conflits qui ne sont pas de nature à
favoriser l'intégration sociale amènent les groupes antagonistes
à se neutraliser mutuellement et à passer à
côté des objectifs visés sans se rendre compte. Cette
raison est de temps en temps utilisée par les acteurs de
développement pour justifier leur refus d'accorder certaines faveurs aux
femmes.
Quant aux cadres et agents de développement
qui sont en majorité des hommes, ils ne créent pas les conditions
favorables à la promotion des associations de femmes.
En fait, ils sous estiment considérablement leurs capacités
créatives et supposent souvent qu'elles ne sont pas disposées
à contribuer à l'amélioration de leur situation.
|