INTRODUCTION
Le développement est l'affaire de toutes les
couches sociales sans distinctions de sexe, ce qui signifie qu'il faut
dépasser les considérations passéistes qui excluent les
femmes et repenser toute la philosophie et la stratégie de
l'éducation de manière à assurer l'égalité
des chances à tous afin de mobiliser les ressources nécessaires
dont la société a besoin pour son évolution.
Négliger l'instruction scolaire des femmes, c'est compromettre leur
capacité de réaliser un travail productif pouvant tout d'abord
leur permettre de subvenir à leurs propres besoins et ensuite de
contribuer à la construction de leur communauté.
L'éducation est alors une arme
particulière, efficace pour combattre le sous développement. Par
contre, la sous scolarisation semble être une préoccupation
permanente parce que, source de dysfonctionnement au niveau microsociale et un
obstacle majeur à la mise en place de la politique nationale d'auto
promotion des communautés de base. Les communautés rencontrent
ainsi d'énormes difficultés dans la mobilisation des
compétences locales pour la mise en application des programmes
déconcentrés à cause de la morosité de d'une partie
des acteurs sociaux. Ces acteurs victimes de l'analphabétisme sont
constamment discriminés et marginalisés dans l'accès et la
distribution des ressources. Les conséquences de cette marginalisation
sont telles qu'elles agissent comme un handicap à la promotion
socioéconomique du groupe social. Or il est reconnu que la vie et
l'épanouissement des membres d'une société exigent la
pleine participation de tous les agents sociaux. C'est dire qu'aucune
entreprise de développement ne saurait aboutir tant que les femmes
seront analphabètes comme ce fut le cas par le passé. Tel est en
réalité le constat amer qui se dégage quand on analyse les
opérations de développement qui ont été conduite
dans les pays sous-développés en général et au Togo
en particulier.
La contribution des femmes dans le
développement est donc unanimement reconnue tant au plan national
qu'international, imposant de ce fait qu'elle soit systématiquement
prise en compte dans les stratégies et les projets de
développement. Mais pour que les femmes puissent jouer convenablement ce
rôle crucial, il faut qu'un certain nombre d'handicaps qui entravent leur
volonté et leur action soient identifiés et surmontés. Et
qu'elles soient par exemple exemptées de l'arbitraire des valeurs
traditionnelles et de certaine politique éducative qui les contraint
d'abandonner très tôt les études pour gonfler la masse des
analphabètes.
La sous-scolarisation constitue une bombe à
retardement pour une grande partie des pays subsahariens. Cependant dans les
pays où elle sévit le plus, elle constitue une menace
réelle pour la stabilité sociale avec beaucoup de
dénuement et d'occasion perdue.
En l'an 2000 le Togo a opté pour la
réalisation des objectifs 2 et 3 des OMD qui ont pour souci majeur
d'assurer d'ici 2015 une éducation primaire pour tous et promouvoir
l'égalité des sexes en renforçant le pouvoir des femmes.
L'objectif global de ce programme national est d'accroître l'action
d'information et d'encadrement des masses afin de leur assurer un
complément d'information ce qui les rend plus apte à participer
consciemment et efficacement aux efforts de développement du pays.
Le problème de la sous scolarisation des
femmes en ce début du 21eme siècle rend sensible
l'élite intellectuel togolais. C'est pourquoi l'orientation de la
politique éducative actuelle du pays tend à promouvoir
l'éducation comme un facteur important du développement. Ainsi,
le gouvernement togolais a lancé depuis les années 1970 une
série de programme d'alphabétisation en faveur des femmes afin de
permettre à celles-ci de participer plus activement à la gestion
des affaires locales grâce à un complément de formation. La
politique de la gratuité de l'enseignement primaire a permis de
scolariser un nombre non moins important de jeune fille. Cette volonté
manifeste des autorités de notre pays, ne doit pas les illusionner car
le nombre d'analphabètes ne cesse d'accroître et des voix ne
cessent de s'élever pour dénoncer la faible participation des
femmes au processus du développement.
Par ailleurs un lot d'enfants non ou
sous-scolarisée rejoignent chaque année la masse des
analphabètes adultes. Le nombre d'analphabète continue
d'augmenter à cause de plusieurs facteurs sociaux qui sont entre
autre : la croissance démographique galopante, l'ignorance, et
l'incapacité des systèmes scolaires classiques à
scolariser tous les enfants en âge d'être scolarisé et le
manque de structure d'accueil.
Dans cette logique, L'éducation de la jeune
fille est au coeur de la problématique du développement
socio-économique. Elle crée les conditions de relèvement
de la productivité, de renforcement des capacités nationales, de
conception et d'exécution de politique, d'innovation qu'elle soit
économique, financière ou technologique ; son expansion est
en grande partie déterminée par la croissance économique
mais également par la volonté politique.
D'autant plus que dans la perspective de la
stratégie de lutte contre les handicaps à la participation des
femmes au développement communautaire l'asymétrie de l'offre
éducative entre les filles et les garçons doit être pris en
compte. Car la distribution des ressources publiques en matière
d'éducation n'est pas équitable dans le système
éducatif togolais. Elles profitent plus aux garçons qu'aux filles
(tableau de bord de l'éducation au Togo 2007). C'est donc à juste
titre qu'E. Boserup et C. Litencrate soutiennent que :
« Nombre de contraintes qui
limitent la contribution des femmes au développement doivent être
surmontées par une intensification des efforts nationaux et
internationaux auxquels les gouvernements participeraient notamment. Tel
devrait être particulièrement le cas dans les attitudes
traditionnelles. » (Cité par Gentil ,1991 :197)
La faible participation de cette frange important de la
société exige une reconversion des mentalités de la part
de tous les acteurs de développement afin de changer la tendance
actuelle. C'est dans cette logique que notre recherche se donne pour souci
primordiale d'étudier l'impact de la sous scolarisation sur la
participation des femmes au processus de développement communautaire.
Notre recherche s'articule autour de deux parties
essentielles :
La première partie traite des cadres théorique
et conceptuel, méthodologique et présentation de la zone
d'étude tandis que la dernière partie est consacrée
à la présentation des données quantitatives et
qualitatives de nos recherches, à l'interprétation des
résultats, aux suggestions et perspectives et enfin des limites
de l'étude.
|