II. cadre conceptuel
II.1. Revue de littérature.
Il y a quelques années de cela la question de
la participation des femmes au développement était peu prise en
compte dans les débats internationaux. Mais la décennie des
nations unies pour la femme a inauguré en 1975 des conférences,
des colloques et des séminaires afin de débattre sur la question
de l'intégration des femmes au développement. De ces nombreuses
rencontres plusieurs documents furent rédigés et bon nombre de
conventions furent ratifiées à l'endroit des femmes. Ainsi, ces
nombreux ouvrages nous ont servi de base pour élaborer une revue
thématique et critique centrée autour des principaux
thèmes suivants : l'analphabétisme, un facteur limitant pour
les femmes, genre et éducation, un défi à relever, la
nécessité de la reconnaissance du rôle des femmes dans le
développement.
II.1.1. L'analphabétisme, un facteur limitant
pour les femmes
L'incapacité du système éducatif
togolais à absorber tous les enfants en âge d'être
scolarisés et le manque de programme d'alphabétisation poste
fonctionnel constitue une sérieuse entorse pour les femmes.
La revue mensuelle TAÏ Afrique (1993)
dans son article titré « éducation et
développement », s'intéresse à la relation entre
l'instruction et le développement. Il existe en Afrique des preuves
empiriques qui attestent, qu'il y a une relation entre pauvreté et
analphabétisme parce que toutes les études de cas sur l'Afrique
subsaharienne établissent le fait que la carte de la pauvreté
extrême couvre la carte de l'analphabétisme.
L'analphabétisme est une culture de pauvreté. Par ailleurs, il
démontre par une étude de série d'exemples de projets que
l'instruction est source de développement. C'est ainsi qu'il bat en
brèche la thèse selon laquelle certains théoriciens
soutiennent que les analphabètes peuvent apprendre et assimiler des
connaissances sur l'hygiène ou le commerce par des explications orales.
Pour cet article il n'en demeure pas moins que les connaissances à
enregistrer sont trop nombreuses pour que leur esprit puisse les retenir,
autrement dit un important capital de savoir se perd du fait des oublis. En
conséquence il convient de recueillir les informations dans des manuels
auxquels il sera facile de se référer en cas de
nécessité. D'une façon générale,
l'instruction trouve sa raison d'être dans l'amélioration du
niveau de vie. Les études de cas menées dans les pays au sud du
Sahara montrent que le taux de mortalité infantile baisse au fûr
et à mesure que le taux d'alphabétisation monte, puis,
l'accès à l'information et au système de communication
prend de l'ampleur.
Il est donc indéniable que
l'analphabétisme constitue un sérieux handicap à
l'implication des femmes dans la vie publique car il empêche la
majorité d'entre elles de faire connaissance du contenu des textes,
traités et conventions nationaux et internationaux qui leur
reconnaissent des droits. Il est donc dans ce cas difficile aux femmes de
savoir que leur participation à la gestion des affaires publiques est un
droit qui leur est reconnu.
W. Gnangba (2007) à travers une analyse de la
participation politique des femmes au Togo n'a pas manqué de faire
ressortir que le faible niveau d'informations et de connaissances politiques
explique en grande partie le retard politique de la femme africaine et
constitue la cause de son invisibilité dans les grandes instances de
prise de décisions qui sont le plus souvent des postes politiques. Cette
invisibilité les empêche d'exprimer leurs idées et de se
faire valoir dans la société. En plus, cette situation affecte
non seulement les femmes qui sont les premières victimes mais
rejaillissent également sur la famille et la société toute
entière. Du point de vue social et politique, il paralyse la femme,
annihile ses capacités, perturbe ses activités
économiques, réduit son rendement, accroît la
pauvreté et la morbidité. Bref empêche celle-ci de faire
valoir ses compétences.
L'UNICEF dans son rapport annuel de 2006, s'attache
à un autre aspect du problème, celui de l'interaction entre
l'éducation et les autres domaines sociaux. Selon ce rapport les
objectifs du millénaire pour le développement ne peuvent
être conquis indépendamment les uns des autres. Aucune nation ne
peut prétendre réaliser la vision du millénaire sans avoir
au préalable mis un accent particulier sur la lutte contre
l'analphabétisme et les questions de genre. Une série
d'enquêtes à indicateurs multiples a permis de remarquer au Niger
et en Thaïlande que les efforts accomplis pour atteindre le
quatrième objectif (réduire de deux tiers le taux de
mortalité des enfants de moins de cinq ans) ne sera pas atteint si l'on
n'améliore pas également la santé maternelle et celle-ci
à son tour ne sera pas concrétisée si l'on ne lutte pas
contre l'analphabétisme des femmes. Puisque « Les
objectifs du millénaire pour le développement
s'enchevêtrent comme les racines d'un arbre et ensemble, ils forment le
socle d'un monde affranchi de la pauvreté, de la faim, de
l'analphabétisme, des inégalités et de la violence».
(UNICEF, 2006 :7).
La Banque Mondiale dans son rapport annuel de 2003
met un accent particulier sur la relation entre l'analphabétisme et la
difficulté de la mise en oeuvre des reformes économiques dans les
Pays Sous-développés. L'analphabétisme constitue un
handicap à la mise en place des stratégies de productions
efficientes. La consolidation du système économique national d'un
pays est en partie liée au niveau de connaissance des acteurs
économiques. Pour résoudre ce problème elle propose de
mettre un accent particulier sur la formation et l'éducation des acteurs
impliqués dans la production et la commercialisation des biens et
services. Un pays ne peut prospérer sans une main d'oeuvre
qualifiée. Les pays qui ne mettront pas en valeur ces recommandations
seront en marge du progrès des peuples. (Banque Mondiale, rapport
annuel, 2003 : 21-37).
S.Aleza (2005 :50) par une étude
critique sur la problématique du développement négro
Africain a su démontrer le lien intrinsèque entre
l'éducation et le processus de développement en Afrique. Pour
lui,
« Le manque d'informations reste la source de
tous les maux dont souffre la société qui s'emprisonne en
s'enfermant sur elle-même. Une action ou réaction ne peut
être efficiente sans se nourrir d'un processus d'information de
qualité sans cesse en transformation. En dehors de ce dispositif
culturel nouveau et radical, il serait difficile de conduire un processus de
développement répondant à la satisfaction des besoins du
système social en présence. » (S.Aleza,
2005 :50)
L'origine structurelle de la pauvreté
réside non dans l'absence des richesses ou d'opportunité
financière mais dans l'état d'esprit humain fonctionnant dans une
contre performance ou encore en sous activité. Cependant
« L'augmentation du niveau moyen des connaissances d'une
population participe à l'amélioration de la vie économique
et sociale. Ceux qui sont exclus de ce phénomène
d'amélioration subissent une exclusion sociale plus
large. » M. Mantousse et G. Renouard ,1997 :195) les
problèmes d'illettrisme des parents sont toujours des sources de
difficulté pour la scolarité des enfants.
FNUAP Togo dans un guide rédigé
à l'intention des acteurs du système éducatif conclut
que « la pauvreté et l'analphabétisme des
mères jouent négativement sur la scolarisation des enfants et
surtout celle des filles ». (FNUAP Togo,
2005 :135) L'ignorance des femmes inhibe leur capacité à
investir dans la scolarisation de leurs enfants. Elles ne perçoivent pas
la nécessité d'encourager leurs filles à poursuivre de
longues études. Selon ce guide pour promouvoir l'intégration
socio-économique de notre pays, il urge de promouvoir l'éducation
des filles.
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