Chapitre deuxième : L'ANALYSE DE
L'EXPLORATION/EXPLOITATION PETROLIERE DANS LE PARC NATIONAL DES VIRUNGA
Dans ce second chapitre, nous aborderons la question de
l'exploitation pétrolière dans le parc national des Virunga
(section I), nous chercherons à déconstruire des
discours des évidences sur l'exploitation de l'or noir dans le PNVI
(section II), enfin, nous ferons un regard croise entre l'exploitation
et la conservation du PNVI concours des circonstances favorables (section II)
ce qui constitue notre point de vue par rapport au sujet que nous
analysons.
Section I : L'EXPLORATION/EXPLOITATION PETROLIERE DANS
LE PARC
NATIONAL DES VIRUNGA
Pour mieux expliquer cette section nous brosserons d'abord
l'État des lieux des activités pétrolières dans
le rift albertin (Ç1), pour ensuite expliquer la Menaces sur le
Parc National des Virunga, patrimoine mondial en RDC (Ç2), enfin,
chuter par une réflexion sur l'incidence de l'octroi des permis
d'exploitation et exploration pétrolière sur les engagements pris
par la RDC sur le parc national de Virunga, patrimonial mondial.
(Ç3).
§1. État de lieu des activités
pétrolières dans le rift albertin
Le rift Est-Africain s'étend du sud de la mer Rouge au
nord du Zambèze sur plus de 6000 km de longueur et 40 à 60 km de
largeur132. Le rift Est-Africain est une zone où
s'écartent les parties ouest et est du continent africain à une
vitesse qui peut atteindre 1 cm/an133. C'est une zone très
active sur le plan sismique134 et volcanologique. Il se divise en
deux branches au nord du lac Malawi. La plus grande partie de la
frontière orientale de la RDC est située le long de la branche
occidentale du rift Est-Africain. Depuis de nombreuses années, on
suppose que le fossé d'effondrement (graben) qui souligne ce rift, en
partie occupé par des lacs, recèle des réserves
pétrolières pour l'instant encore mal connues135.
132 OVG, Evaluation environnementale stratégique de
l'exploration/exploitation pétrolière dans le rift albertin,
province du Nord-Kivu et orientale, Goma, 2010, p.3, inédit.
133 Idem.
134 Par exemple (en dehors des séismes liés
à l'activité volcanique) : le 3 février 2008, un violent
tremblement de terre secouait simultanément les villes de Goma et de
Bukavu, causant de très importants dégâts. Le 25 mars
2009, un séisme tectonique de 5,2 sur l'échelle
ouverte de Richter était ressenti à Bukavu, Kigali, Butare
(Sources : Observatoire Volcanologique de Goma)
135 OVG, op.cit. , p.3. Inédit.
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La découverte des gisements de pétrole dans le
lac Albert entre l'Ouganda et la RDC attire aujourd'hui plusieurs grandes
compagnies pétrolières dans la région, après qu'une
petite compagnie junior, Heritage Oil, a fait des travaux préliminaires
de collecte des données géologiques et géophysiques, des
études et des analyses géochimiques des échantillons
déterminant les acquisitions sismiques du côté est du lac
Albert sur la rive ougandaise136. Les réserves ougandaises
évaluées entre 800 millions et 2.5 milliards de barils sont
subdivisées en cinq blocs et les blocs 1, 2, 3 et 4
réputés potentiellement rentables sont partagés entre
trois grandes compagnies principales, l'anglaise Tullow oil, la chinoise CNOOC
et la française Total. Ces dernières compagnies sont à
l'oeuvre et l'Ouganda espère passer en phase d'exploitation dans les
mois à venir137.
Du côté de la RD Congo, comme il s'agit du
même bassin du Graben albertine et que les eaux et les rives congolaises
du lac Albert devraient logiquement avoir les mêmes potentialités,
les mêmes compagnies pétrolières qui opèrent du
côté ougandais sont intéressées dans l'exploration
et l'exploitation des gisements du pétrole congolais. Les
réserves potentielles congolaises non encore évaluées sont
déjà subdivisées en cinq blocs. Les blocs 1 et 2 qui
couvrent la rive ouest du lac Albert sont les plus convoités par les
compagnies opérant du côté ougandais et naturellement sont
objets des disputes138.
L'Etat Congolais a signé un contrat avec un certain
nombre d'opérateurs pétroliers, dont celui signé le 5
décembre 2007 avec un consortium formé par les compagnies
pétrolières Dominion petroleum, SOCO international et la
Congolaises des Hydrocarbures (COHYDRO)139.
En effet, une compagnie canadienne, Heritage Oil, a
signé un protocole d'accord d'exploration le 2 juin 2002 avec le
gouvernement de Joseph Kabila dans un territoire que ce dernier ne
contrôlait pas à l'époque. En 2005, après un appel
d'offre lancé par le gouvernement congolais et gagné par Heritage
Oil, les blocs 1 et 2 de la rive congolaise du lac Albert ont été
répartis entre Heritage Oil et Tullow oil, une compagnie anglaise ayant
acheté une partie des parts de Heritage Oil, et la compagnie congolaise
Cohydro140. Depuis, en moins de 4 ans, les blocs 1 et 2 sont
passés entre les mains de plusieurs compagnies pétrolières
en compétition selon qu'un ministre congolais à l'énergie
remplaçait un autre. En juillet 2006,
136 A. TOGERA, op.cit., p.24
137 Idem, p.24
138 Ibidem., p.25.
139 A. NGUMBI AMURI, Op.cit., p.300.
140 A. TOGERA, op.cit., p.25
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Tullow oil, ayant racheté les parts d'Heritage Oil,
réclamait être en possession des blocs 1 et 2 après avoir
signé un contrat de partage de production avec le ministre de
l'énergie Salomon Banamuhere. En 2008, le nouveau ministre de
l'énergie, Lambert Mende, offrait le bloc 1 à un consortium
sud-africain, Divine Inspiration. En 2010, Céléstin Mbuyu rejeta
le candidat de son prédécesseur et signa un contrat de partage de
production avec deux compagnies britanniques domiciliées aux Iles
Vierges, Caprikat Ltd et Foxwhelp Ltd qui appartiendraient à Khulubuse
Zuma, un neveu de l'actuel président sud-africain Jacob
Zuma141.
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