La protection d'un bien naturel inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco face à la nécessité de l'exploitation des ressources naturelles en RDC. Cas du parc national des Virunga.( Télécharger le fichier original )par LIONNEL Aron MPOZI Université de Goma - LINCENCE 2015 |
§3. L'inscription du PNVI sur la liste du patrimoine mondial naturel1. Création du Parc National des Virunga et Aperçu de ses valeurs universelleexceptionnelles a. Création du Parc National des Virunga La création des parcs nationaux en RD Congo remonte à 1925. Lors d'une visite aux Etats-Unis en 1919, le Roi Albert Ier de Belgique avait longuement visité et admiré le Parc national Yellowstone, premier parc national au monde créé dès 187264. C'est le naturaliste américain Carl Akely, l'homme qui connut sans doute le gorille, qui conçut l'idée de ce sanctuaire après un voyage sur le Kivu en 192165. Dès 1925 le projet prend corps, une première zone de protection est créée englobant le Karisimbi, le Mikeno et le Visoke, soit 20000 ha au total (décret du 21 avril 1925). Un décret du 9 Juillet 1929 adjoint à ce noyau primitif les volcans actifs (Nyamulagira et Nyiragongo) et une partie de la plaine Rwindi-Rutshuru, soit 200 000 ha au total. [...] Les décrets du 26 novembre 1934 et 12 novembre 1935 et une ordonnance du 6 janvier 1939 fixèrent les limites actuelles du Parc National des Virunga [...]66. Le 9 janvier 1932 [...] le Duc de Brabant (futur LÉOPOLD II) est encore plus explicite: il apparaît que la première exigence qui doit être réalisée est de maintenir l'intégrité du Parc: intégrité territoriale, hydrographique, faunistique, floristique, géologique, ce qui implique non seulement l'exclusion de tout élément étranger à la faune et à la flore indigènes, mais aussi que l'on évitera avec le plus grand soin tout acte de nature à altérer l'équilibre naturel. L'intervention de l'homme doit être exclue67. L'idée du Duc de Brabant est de protéger la biodiversité dans sa globalité et rencontre les propos du Professeur Bola Ikolua quand il écrit que «l'objectif primordial des parcs nationaux du Zaïre est la conservation des ressources biotiques et de leur environnement, c'est-à-dire la préservation de toute emprise humaine de l'environnement naturel et le maintien de la faune et de la flore»68. Actuellement, le Parc national des Virunga s'étend sur 64 j. DELVINGT, et al, Guide du Parc des Virunga, Commission des Communautés européennes, Bruxelles, 1990, p. 179. 65 R. FIASSON, Les animaux sauvages, Que sais-je ? , PUF, Paris, 1972, p.108. 66 C. PALUKU MASTAKI, op.cit., p.5. 67 j. DELVINGT et al, op. cit, pp. 179-180. 68 BOLA IKOLUA, Cours de problèmes d'aménagement et d'administration fauniques, Université de Kisangani, Faculté des Sciences, Département d'écologie et conservation de la nature, L2Protection de la faune, Kisangani, 1988, p. 51. Inédit. 21 une superficie de 800 km2.69 Il se situe dans la partie Est du pays le long des bordures frontalières du Rwanda et de l'Ouganda et il est « [...] logé dans la branche occidentale (dite aussi Albertine) de la grande famille d'Afrique appelée aussi Rift Est Africain [...]»70
Critère (vii): le PNVI offre certains des paysages de montagne les plus spectaculaires d'Afrique. Les monts Rwenzori aux reliefs tourmentés, avec leurs sommets enneigés, leurs 69 BISIDI MBIYAVANGA YALOLO, Bilan - Actions menées par le PEVi/WWF pour influencer les comportements de la population locale à l'égard de la conservation et de la gestion des ressources naturelles autour du Parc national des Virunga (1987-2000), WWF/ICCN, Goma, 2001, p. 3. 70 W. DELVINGT et al, op. cit. p. 12. 71 O. ALASSOUM, U. BELEMSOBGO et alii, Les aires protégées d'Afrique francophone, Paris, éd. Jean-Pierre de Monza, 1998, p.169. 72 A. NGUMBI AMURI, Op.cit., p.275 73 Comité du patrimoine mondial de l'UNESCO, décision 36.COM. 8E, Annexe I du document WHC-12/ 36.COM/8E, pp. 13-15, disponible sur http :// www.whc.unesco.org , consulté le 01 mai 2015. 22 falaises et leurs vallées abruptes, les volcans du massif des Virunga couverts d'une végétation Afro-alpine de fougères arborescentes et de lobélies, et leurs pentes couvertes de forêts denses, sont des lieux d'une beauté naturelle exceptionnelle. Les volcans, qui manifestent leurs activités par des éruptions à intervalles réguliers de quelques années, constituent les forment des terres dominantes de ce paysage exceptionnel. Le parc présente plusieurs autres panoramas spectaculaires comme les vallées érodées des régions de Sinda et d'Ishango. Le parc abrite aussi d'importantes concentrations de faune sauvage, notamment les éléphants, les buffles et cobs de thomas, et la plus forte concentration d'hippopotames d'Afrique, avec 20 000 individus vivant sur les berges du lac Eduard et le long des rivière Rwindi, Rutshuru et Semliki74. Critères (viii) : le PNVI est situé au centre du Rift Albertin, lui-même dépendant de la vallée de la grande Rift. Dans la partie sud du parc, l'activité tectonique due à l'extension de l'écorce terrestre dans cette région a fait émerger le massif des Virunga, composé des huit volcans, dont sept sont situés totalement ou partiellement dans le parc. Parmi eux figure les deux volcans les plus actifs d'Afrique : le Nyamulagira et le Nyiragongo tout proche, responsables à eux seuls des deux cinquièmes des éruptions volcaniques historiques sur le continent Africain et qui se caractérise notamment par l'extrême fluidité de leurs laves alcalines75. L'activité du Nyiragongo a une importance mondiale en tant que témoignage du volcanisme d'un lac des laves : le fond de son cratère est en effet occupé par un lac des laves quasi permanent, qui se vide périodiquement avec des conséquences catastrophiques pour les communautés locales. Le secteur nord du parc inclut environ 20 % du massif des monts Rwenzori, la plus vaste région glacière d'Afrique et la seule chaine des montagnes véritablement alpine du continent. Il jouxte le parc national des monts Rwenzori en Ouganda classé aussi au patrimoine mondial, avec qui il partage le pic Marguerite, troisième sommet d'Afrique (5 109m)76. Critères (x) : En raison de ses variations d'altitude (de 680 m à 5 109 m), de pluviomètre et de nature de sols, le PNVI possède une très grande diversité de plantes et d'habitats qui le mettent au premier rang des parcs nationaux africains pour la diversité biologique. Plus de 74 Comité du patrimoine mondial de l'UNESCO, décision 36.COM. 8E, Annexe I du document WHC-12/ 36.COM/8E, pp. 14. Disponible sur http:// www.hwc.org consulté le 01 mai 2015. 75 Idem. 76 Ibidem, p.15. 23 2 000 plantes supérieures y sont identifiées, dont 10 % sont endémiques au Rift Albertin. Les forets afromontagnardes représentent environ 15 % de la végétation77. Le Rift Albertin abrite plus d'espèces de vertébrés endémiques que toute autre région du continent africain et le parc en possède de nombreux exemples. Le PNVI abrite aussi 218 espèces de mammifères, 706 espèces d'oiseaux, 109 espèces de reptiles et 78 espèces d'amphibiens. Il sert aussi de refuge à 22 espèces de primates, dont trois epèces de grands de grands singes : les gorilles de montagne scientifiquement appelés Gorilla beringei beringei, le gorille des plaines de l'est ou gorilla graueri et le chimpanzé de l'est ou pan troglodytes schweinfurthi, et à un tiers de la population mondiale de gorilles de montagnes78. Les zones de savane du parc abritent une population diverse d'ongulé et la densité de biomasse de mammifères sauvages et l'une de plus haute de la planète (27.6 tonnes/km2). Parmi les ongulés on trouve certains animaux rares comme l'Okapis ou Okapia johnstoni, endémique en République Démocratique du Congo et le céphalophe rouge ou cephalophus rubidus, endémique aux monts Rwenzori. Le parc comporte aussi d'importantes zones humides essentielles pour l'hivernage et l'avifaune paléarctique79. En effet il s'agit d'un des parcs les plus emblématiques du continent africain qui ne peut se décrire que par les superlatives : le plus ancien de l'Afrique, le plus diverse en terme de richesse spécifique et diversité d'habitats et le plus spectaculaire en termes de paysages et panoramas80. Il est important de noter que les critères ont subi des modifications. Ils étaient auparavant classés en deux listes distinctes - six critères culturels (v) à (x) et quatre critères naturels (i) à (iv). Ils figurent actuellement, depuis les Orientations de 2005, dans une seule liste de dix critères - (i) à (vi) pour les critères culturels et (vii) à (x) pour les critères naturels. L'ordre relatif des anciens critères naturels a changé. Le critère naturel (iii) est devenu le nouveau critère (vii), suivi par les autres critères naturels dans leur ordre initial. De même, la 77 Comité du patrimoine mondial de l'UNESCO, décision 36.COM. 8E, Annexe I du document WHC-12/ 36.COM/8E, pp. 14. Disponible sur http:// www.hwc.org consulté le 01 mai 2015. 78 O. ALASSOUM, U. BELEMSOBGO et alii, op.cit, Paris, éd. Jean-Pierre de Monza, 1998, p.170. 79 Idem. 80 Centre du patrimoine mondial/UICN/ Ramsar, Mission de suivi réactif de l'état de conservation du parc national des Virunga, République Démocratique du Congo (RDC), 07 au 14 mars 2014, p. 8. 24 formulation précise des critères a changé au cours du temps, les amendements les plus importants datant de 1992. 81 |
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