Analyse comparative de la répartition des espaces verts urbains dans les métropoles européennes.( Télécharger le fichier original )par Yannick Schneeberger Université de Lausanne - Master of science in urban studies 2011 |
2 SUPPORTS DE DONNÉESLes fonds de carte sont acquis sur Google Earth. Ce choix a été effectué en raison de trois avantages. Premièrement, les images satellitales de Google Earth ont été actualisées ces dernières années pour les métropoles européennes, ce qui confère une certaine pertinence pour notre recherche. En effet, nous pouvons reprendre les mots de Guérois qui défendait son support de donnée : «l'apport potentiel d'une source comme l'image CORINE Land Cover semble immense : en représentant pour la première fois les modes d'occupation du sol de manière harmonisée, elle offre un apport inédit à la comparaison des formes de l'urbanisation d'un pays à l'autre» (Guérois, 2003 : 66). Nous prétendons que les images satellitales de Google Earth ont ces mêmes qualités. Deuxièmement, la gratuité de ce support était incontournable pour notre travail étant donné que nous ne disposions pas d'orthophotos de suffisamment de métropoles européennes. Troisièmement, Le choix de l'altitude, et par conséquent de l'échelle de travail est capital pour notre travail. En effet puisque ce travail porte sur les métropoles européennes, nous tentons d'utiliser l'échelle la plus élevée possible pour des raisons de présentation. Toutefois, il est nécessaire de pouvoir identifier et dessiner les contours des espaces verts urbains. Il a donc fallu définir une taille minimale pour ces derniers, à partir de laquelle leur recensement débute. Cette taille a été choisie en fonction du support informatif, soit le mode plan de Google Maps. Les images de la page suivante présentent les informations données par ce service à différentes échelles, avec comme exemple la ville de Londres. En procédant par zoom successifs à des échelles de plus en petites, nous pouvons définir à partir de quelle échelle l'information supplémentaire cesse ou n'est plus digne d'intérêt pour supposer travailler à des échelles inférieures. Au 1 :250'000, les espaces verts urbains apparaissent déjà colorés par le mode plan de Google Maps. Figure 7 Extrait Google Maps, Sud de Londres, Échelle : 1:250'000. Au 1 : 100'000, le nom de certains espaces verts apparaît. Les contours sont nettement plus visibles, car les systèmes de transports éblouissent beaucoup moins la vue. Des espaces verts supplémentaires sont visibles, à l'instar de celui entouré en rouge sur l'image ci-contre. Figure 8 Extrait Google Maps, Sud de Londres, Échelle : 1:100'000. Au 1 : 50'000, le nom de tous les espaces verts apparaît, à l'exception de celui entouré en bleu. Aucun espace verts supplémentaire n'est distinguable à l'oeil par rapport à l'échelle au 1 : 100'000. Figure 9 Extrait Google Maps, Sud de Londres, Échelle : 1:50'000. Figure 10 Extrait Google Maps, Sud de Londres, 48 49 L'échelle au 1 : 25'000 confirme les propos tenus pour celle au 1 : 50'000, à la différence que l'espace vert qui y était mis en valeur est ici nommé et assorti d'un symbole signifiant bois (wood). Google Maps recense donc les espaces verts jusqu'au 1 : 100'000. Puisque ces derniers mesurent au minimum un millimètre carré sur ces cartes, ce sont les espaces verts de plus de 100m x 100m qui sont définit comme tels. Cette échelle convient à notre travail, elle permet de ne pas inclure nombre de jardinets et d'espaces interstitiels urbains de faible taille (giratoires, talus, bosquets), et répond à un véritable fonctionnalisme. De plus, étant donné que les noms des espaces verts ne nous intéressent pas, l'échelle de référence qui a été choisie pour obtenir les données est celle de 1 : 100'000. Quant à la symbolique, elle est accompagnée d'une différenciation dans la couleur de l'espace vert, en effet, les forêts et bois sont colorés en vert plus pâle que les parcs, squares et jardins publics. Les espaces verts privés ne sont pas recensés, ce qui convient également pour notre méthodologie étant donné que la majeure partie des fonctions des espaces verts urbains suppose la publicité des lieux. L'échelle des fonds de cartes doit évidemment être équivalente pour supporter l'information. Il est possible de travailler avec des fonds de carte de Google Maps, néanmoins le mode plan apparaît comme peu présentable, nous y préférons les images satellitales, de plus la colorimétrie est une information qui sera utilisée. Le mode satellite de Google Maps équivaut aux images de Google Earth. Nous avons néanmoins choisi de travailler avec le second support pour une raison précise. Il est aisé de choisir quelles couches vectorielles nous souhaitons voir apparaître et parmi ces dernières, celle nommée Green area nous importe beaucoup. Google a déjà vectorisé les espaces verts intraurbains pour beaucoup de villes européennes. Force est de constater qu'entre 15 et 20% des données sont à nos yeux erronées. Ce chiffre n'est pas donné au hasard, il est issu d'un simple et bref constat sur place dans les villes de Rome et de Stockholm effectué en 2010 et 2011, à l'aide de plans de ville détaillés mais également de deux visites sur place. La précision laisse parfois à désirer (10% des cas) et des erreurs de type de couverture du sol représentent le reste des cas d'erreurs (15%). Dès lors, puisque 75% à 80% des espaces verts intraurbains sont correctement dessinés, nous utilisons cette fonction proposée par Google Earth, mais vérifions à chaque fois que le doute est possible à partir de zoom à des échelles inférieures au 1 : 100'000. Tous les cas sont solvables par ce 50 moyen. Les espaces verts de plus de 100m x 100m que nous sommes susceptibles de manquer en nous basant sur le service de Google Earth est de moins de 3%14. L'échelle 1 : 100'000 correspond à une altitude de 24 km au dessus-de la mer par photos satellitales sur Google Earth. Ainsi nous avons effectué des captures d'écran pour chaque métropole, 97 au total, puis les avons fusionnées dans Adobe Photoshop pour obtenir une seule photo aérienne de chaque métropole. L'étape suivante consiste à dessiner les contours des métropoles. 2.1 ECHANTILLONNAGE DE MÉTROPOLESDeux sélections ont été effectuées. Premièrement il s'agit de retenir un échantillon de métropoles susceptibles d'apporter une contribution maximale à l'analyse comparative sur la base des espaces verts urbains. Deuxièmement, une batterie de statistiques est développée pour les besoins analytiques. 2.1.1 SÉLECTION DES MÉTROPOLESNotre panel de ville a été défini suivant l'objectif de rendre compte de la diversité des systèmes d'espaces urbains présents dans les métropoles européennes. Plusieurs raisons ont conduit à la sélection. Premier paramètre, il s'agit de travailler sur des métropoles européennes, ce choix a été fait car plus la taille d'une ville est grande, plus les espaces verts urbains sont importants. En effet, rappelons que d'après Boutefeu (2007a : 1), «les Français manifestent clairement leur quête de verdure d'autant plus qu'ils vivent dans une grande ville». Puisque la nature hors milieu urbain est plus difficile à atteindre, les parcs et squares sont des supports de vie parfois incontournables, à l'inverse des petites entités urbaines où l'accessibilité aisée aux portes de la ville permet une nature au choix. Par ailleurs, les fonctions des espaces verts urbains sont plus utiles et de plus grande portée dans un large espace urbanisé. En effet, la tranquillité des lieux est un atout majeur d'attrait des lieux naturels comme nous l'avons vu précédemment. Quant aux fonctions propres, il en va de même, les îlots de chaleur urbains étant corrélés avec la taille de l'aire urbaine. La limitation au continent a été choisie car les rythmes d'urbanisation sont plus similaires ainsi qu'avec un échantillon de métropoles mondiales. De plus, les données d'Eurostat peuvent s'avérer utiles. 14 Avec une analyse approfondie d'une portion d'espace des villes d'Athènes et de Zürich, nous aurions manqué trois parcs après en avoir recensé cent par le service de Google Earth. Dès lors le taux est de 3 sur 103, soit moins de 3%. 51 Deuxièmement, une simple analyse visuelle de la forme urbaine des métropoles, laisse comprendre que cette dernière influence grandement l'accessibilité des espaces verts urbains. Un exemple est parlant. Alors que la Rome post-antique s'est jusqu'à présent développée suivant un modèle multipolaire, Paris a longtemps présenté un développement fortement radioconcentrique et peu axiale. Dès lors, l'étendue de la capitale italienne est supérieure à celle de la ville-lumière, puisqu'elle incorpore de grandes poches d'espaces verts. Ces derniers peuvent être diversement qualifiables, résiduels dans un esprit de développement du bâti, ils sont également des réserves écologiques d'un point de vue environnemental. Le terme interstitiel convient à leur nouveau statut urbain par défaut, puisqu'englobés dans la ville. . L'accessibilité à ces derniers, est ainsi élevée pour les Romains, et faible pour les Parisiens, contraints de parcourir de longues distances pour approches la lisière d'espaces non urbanisés. Ce fait constitue la première variable rendant compte de la présence d'espaces verts urbains, à savoir, la forme urbaine. Le deuxième apport de nature en ville est anthropique, il s'agit d'espaces verts urbains créés à des fins de loisirs, esthétiques et environnementaux. De plus faible tailles que les forêts adjacentes à la ville ou les poches naturelles d'espaces verts interstitiels, ils présentent également une fonctionnalité très marquée, puisque ces parcs et squares sont aménagés à des fins d'utilité. Le système de ce deuxième type d'espaces verts urbains varie selon des paramètres fortement liés aux rythmes d'urbanisations des villes, d'ailleurs Pelletier (1994 :77) nous assure que l'on «reconnaît aisément dans les grandes villes les extensions urbaines successives par leurs types d'organisation». Dès lors, et cela constitue le troisième paramètre dans la constitution d'un échantillon, il convient de sélectionner des terrains où les développements ont été les plus différents, afin d'avoir une analyse plus riche. Des approches intéressantes sont basées sur des classements ou rankings internationaux, des villes selon leur importance. Une hiérarchie avec des classes s'en dégage. Nous associons ceux effectués pour l'Europe par Rozenblat et Cicille (2003 : 53) et le classement mondial du GAWC15 (Globalization and World Cities, groupe de recherche en géographie de l'université de Loughborough) pour son actualité (2008). Les villes d'Istanbul et Moscou sont actuellement les plus grandes agglomérations du continent européen en termes d'habitants. Elles ne sont pas prises en compte dans l'échantillon pour plusieurs raisons. Premièrement Eurostat ne fournit pas de données sur ces dernières. Deuxièmement, les 15 http://www.lboro.ac.uk/gawc/world2008t.html 52 régimes d'urbanisations se détachent de ce qui a prévalu dans l'Europe de l'Ouest et centrale. Troisièmement, géographiquement elles apparaissent comme excentrées. Mais encore, ne faisant pas partie de l'Union Européenne ni de l'AELE, elles ne sont pas concernées par la politique communautaire. Finalement, un certain flou règne quand à la comptabilisation de leurs populations. Finalement, il convient de remarquer que nombre de villes partagent leur espaces fonctionnels entre elles. La figure 7 (page 33) qui présente les aires fonctionnelles de la LUZ présente des tâches urbaines très vastes et concomitantes, particulièrement en Allemagne et au centre de l'Angleterre. Notre méthodologie basée sur la continuité du bâti à 400m aurait comme effet d'obtenir des métropoles multipolaires dans certains cas. Dès lors, pour des raisons de simplification, les villes d'Amsterdam dans l'aire urbaine Randstadt, ainsi que la conurbation de la Ruhr avec les centralités de Essen et Düsseldorf, théoriquement une des plus grandes métropoles d'Europe en termes d'habitants, ne sont pas retenue dans le panel de dix villes. Par ailleurs, il a été évité de choisir deux cités appartenant au même pays. Milan est également un cas complexe avec la continuité du bâti à 400m, puisque son développement radial s'étend sur une presque 100 kilomètre englobant une partie du pointe sud de la Suisse (Mendrisiotto), la cité industrielle du Nord de l'Italie a donc été évitée. |
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