5.5 POLITIQUE COMMUNAUTAIRE EUROPÉENNE
Parmi les principes directeurs pour le développement
territorial durable du continent européen, nous en retenons trois qui
sont liés aux espaces verts urbains.
? Un développement de forme polycentrique qui est
souhaité ; ? les espaces interstitiels doivent être intelligemment
utilisé ; ? la surface d'espaces verts par habitants doit augmenter.
Prôner le polycentrisme s'allie parfaitement avec la
création de parcs et squares pour un aménagiste. Si par espaces
interstitiels, l'on entend des programmes de complétude architecturale
dans les limites du bâti actuel, il en va de même. Si l'utilisation
des interstices urbains est appliquée aux poches libres d'urbanisation
à l'échelle métropolitaine, c'est un développement
anti-polycentrique qui se met en place, et des espaces antérieurement
souvent verts (forêts, bois) qui disparaissent. Ce fait ne diminue pas la
surface d'espaces verts par habitants théorique puisque Eurostat la
calcule avec un recensement des parcs, squares et jardins urbains uniquement.
Par contre, l'offre réelle en espaces verts, s'en voit largement
affectés, ce d'autant plus que l'on a tendance à
développer ces zones de manière plus intense lorsqu'elle est sont
centrales, et donc hautement accessibles. Dans le contexte des
métropoles européennes, des villes présentent des formes
urbaines très, partiellement ou peu polycentriques, des espaces
interstitiels nombreux ou rares, et des quantités de surfaces vertes par
habitants radicalement différentes.
Finalement, un parallèle étroit peut être
fait avec l'analyse de Bernadette Merenne-Schoumaker (1996 :135) quant à
la répartition de la localisation des services publics, «qui
est rarement le résultat d'une planification systématique et
s'explique davantage par le poids des contingences particulières
historiques, politiques, de contraintes de sites».
5.6 QUESTIONNEMENTS RELATIFS A L'ÉTUDE COMPARATIVE
DES ESPACES VERTS URBAINS DANS MÉTROPOLES EUROPÉENNES.
La littérature a permis de ventiler la simple
présence d'espaces verts en diverses fonctions sociologiques et
environnementales, malgré le fort lien qu'elles peuvent entretenir entre
elles. Il a été démontré que bien des analyses
peuvent être faites sur la base d'une échelle
métropolitaine.
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Différents indicateurs sont d'ailleurs
plébiscités. Les rythmes d'urbanisation sont à même
d'offrir un champ à la compréhension de la place actuelle des
espaces verts urbains dans les métropoles européennes.
Alors que l'on observe que des poches de nature sont
englobées dans la ville croissante d'aujourd'hui, la question du lien
entre accessibilité aux espaces verts forme des métropoles
européennes est ouverte. L'absence d'espaces verts urbains historiques
dans les couronnes urbaine, relève-t-il d'un problème
d'accessibilité pour les habitants de ces dernières ? Nous
pouvons supposer que dans les cas de villes de formes radioconcentriques ou
compactes, c'est l'extra-urbain qui est le support référent
d'espace vert pour les résidents, et que cela suppose un
déplacement plus long que dans leurs consoeurs multi-radiales.
Les cités de forme polycentriques englobent plus
d'espaces non-urbanisés dans leurs limites, et permettent ainsi un autre
accès à la nature pour les habitants décentrés des
métropoles, reste à savoir le type d'espace que cela suppose, les
champs agricoles n'étant le support que peu de peu d'activités en
comparaison des aires forestières.
Par ailleurs, la place de l'agriurbanisme dans de telles
structures est méconnue, des constats sont nécessaire pour juger
de la pertinence de ce mode d'utilisation du sol.
Des directives de politique communautaire voient le jour en
Europe, qu'en est-il de l'adaptation de ces mesures par rapport aux
particularismes locaux, en premier lieu la forme des villes ?
Bernadette Mérenne-Schoumaker nous indique (1993 : 133)
que «certains services se sont largement exurbanisés ou tout au
moins se sont (ré)installés dans les espaces
périphériques». Ayant pris acte de l'attrait massif des
citadins pour la limite ville-campagne, nous pouvons partir du postulat que les
espaces verts sont un tel service. Les nouvelles formes urbaines, plus
étalées, hétérogènes et fragmentées
(Ascher, 1995), que Bochet (2005 : 55) dénomine
«nébuleuse de centralités secondaires j...] sans
véritable limite», participent-ils de ces flux dont les
conséquences sont si problématiques ?
D'après Guérois (2003 : 44), «on
observe assez nettement, à travers l'évolution des formes
urbaines citées en référence, un glissement progressif du
modèle `idéal' vers une structure urbaine de type
polycentrique», ainsi entourant ces fragments bâtis, des
espaces verts devenus adjacents à ces nouvelles centralités
émergentes ne permettent-ils pas d'éviter une fuite encore plus
lointaine du citadin devenu urbanophobe ? Dès lors, émerge
l'hypothèse d'une amélioration de l'accessibilité aux
espaces verts urbains dans les métropoles européennes. La
disponibilité par habitant en surface
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verte, dans un cadre bâti fonctionnel, est un indicateur
qui permettrait d'apporter sa pierre à l'ébauche d'une
réponse. Alors que les nouveaux espaces verts, interstitiels, sont peu
équipes en mobilier urbain, ils répondent pourtant d'un besoin
d'un nombre élevé de citadins. Le modèle dominant de parcs
et de squares ne suffit-il plus à la qualité de vie urbaine ?
Ce sont autant de questions qui sont ouvertes et qui demandent
de repenser la localisation des espaces verts urbaines dans les grandes villes
d'Europe.
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