ABSTRACT
XIII
Operation Yabassi-Bafang is an oriented agricultural
colonization, launched by the - government in 1966. The outcome of this Project
has benefited from favorable human and physical conditions, above all from the
present of a managment organism. The immigration that followed has touched
almost all the regions of Cameroon and even neighboring countries. Thanks to
the dynamism of the pioneers, above 50 000 ha of forest has been put to use.
The evaluation of this schem at the eve of the dissolution of SODENKAM
presented a mitigated balance sheet.
In 1988, SODENKAM is dissolved. The consequences of this
dissolution go beyond tii»1 Operation Yabassi-Bafang and affect
the whole Nkondjock region, in other to deal with the new situation in this
zone of the schem, the pioneers abandoned suddenly, organize themselves
following their own way, but the difficulties of the region continue to
increase.
The future, of this region which has for a long time
benefited from state subventions depends on the geographical and demographical
situation of each village, and on external factors. Though some of the villages
offer favorable perspectives as concerns the future, others on the contrary
express uncertainty. Some solutions of the problem of the region some from the
peasant's self guidance, the diversification of activities and a good network
infrastructure.
xiv
Figure 1 : Localisation de l'opération Yabassi
Bafang
INTRODUCTION GÉNÉRALE
0
Notre sujet clé de recherche formulée ainsi:
Mutations et Devenir des Paysanneries de l'Opération
Yabassi-Bafang est l'aboutissement d'un long processus.
La région que couvre notre sujet est située dans
l'arrondissement de Nkondjock, et plus précisément dans la zone
de 1 ' Opération Yabassi-Bafang. Elle est comprise entre
10010' et 10°20'de latitude Nord, et entre 4°40 ' et
4° 60° de longitude Est. Cette région, au Sud-est du plateau
Bamiléké est délimitée au Nord par la courbe de
niveau 1000, au Sud par la forêt de Yingui, à 1 ' Est par le
fleuve Makombé et à l'ouest par le f1euve Nkam. Elle couvre une
superficie d'environ 501 m2.
Le projet de mise en valeur agricole, qui a effectivement
démarré en Janvier 1966, a été placé sous la
tutelle d'un organisme d'encadrement des immigrants. (la SODENKAM)
chargé d'assumer la gestion de la zone. En 1988 cette
société d'encadrement est dissoute. Cette dissolution, marque le
point de départ de notre recherche, avant de faire les perspectives de
la région.
Bien des travaux de recherches sur la région nous ont
précédés. Ainsi les premiers travaux sur
l'Opération Yabassi-Bafang remontent à 1963 et sont surtout les
rapports de faisabilité du projet, réalisés par les
différents ministères1. Les recherches qui s'en sont
suivies jusqu' en 1973 n'ont été pour l'essentiel que des
articles de journaux2. DONGMO Jean Louis3 a
étudié le groupe ethnique majoritaire (les
Bamiléké) de la région. D'autres études
menées sur la région ont sui tout un caractère
sociologique4 avec parfois des connotations historiques. Le plus
récent travail est celui D'ESSECK David5 explique
l'évolution en dents de scie de la région du Nord du Nkam. De
tous ces auteurs, Barbier Jean Claude a le plus contribué à la
connaissance de la région grâce à ses nombreuses
publications : (1971, 1973, 1977)
1 Ministère du plan, l'opération Yabassi-Bafang,
Yaoundé 1963.
2 Vene, M., « Yabassi-Bafang ; une opération
intégrée de la colonisation » in coopération et
développement N°26 Juillet-Août 1969, pp 33-41
3 Dongmo J. L., le dynamisme Bamiléké, vol I,
Yaoundé, CEPER, 1981, 424p.
4 Barbier, J C, A propos de l'opération Yabassi-Bafang,
Yaoundé, ONAREST, ISH, 1977, 122p
5 Esseck D., Déprise et reprise humaine dans les
campagnes du Cameroun : l'exemple du nord du département du Nkam,
Université de Yaoundé, 1985, 305p.
1
Notre contributif dans ce champ de connaissance de la
région est d'évaluer l'Opération Yabassi-Bafang à
une période charnière de son évolution. Nous tenterons
d'analyser la situation de transition que vivent les paysanneries
abandonnées et d'envisager leur avenir. Ce travail se veut de jauger le
degré, les effets cl ' une assistance extérieure prolongée
et mesurer l'impact des sociétés de développent sur leur
région.
Un certain nombre de faits et de considérations nous
ont guidés dans le choix de notre sujet d'étude. En effet, 1
'Opération Yabassi-Bafang des particularités difficiles à
étudier.
C'est une zone de colonisation agricole orientée,
organisée par le gouvernement. L'immigration qui a suivi a
concerné presque toutes les régions du pays, ainsi que certains
paysans voisins (Nigeria, Niger). ceci s'oppose aux autres zones de
colonisation agricole spontanée ou ancienne (Moungo, Nkogam ,Galim). Un
autre fait et non des moindre est l'accès des jeunes de moins de 20 ans
à la propriété foncière, ainsi que les femmes au
même titre que les hommes. Le choix du NKam comme cadre do travai1 ne
relève pas du hasard; la région a été longtemps
marginalisée par les autorités coloniales. Aujourd'hui, avec 1a
dissolution des organismes de développement, il serait
intéressant de savoir comment la région évolue et plus et
plus particulièrement la zone de 1 'Opération Yabassi-Bafang. Les
paysanneries de l'Opération Yabassi-Bafang sont pour la plupart des
immigrants d'origines diverses. Dès leur arrivée dans la zone de
l'Opération l'État leur accorde un encadrement moral et
matériel, à travers la SODENKAM. La dissolution de celle-ci sans
l'avis des paysans marque également; la fin de l'assistance à ces
derniers. Désormais ils doivent: assurer leur propre destin. Une
question se pose d'emblée à l'esprit : les paysanneries
survivront-elles à la disparition du tuteur? Auquel cas comment ces
paysans abandonnés, s'organisent-t-ils pour aborder l'avenir?
Pour répondre à notre problématique, nous
avons formulé des réponses anticipées sur lesquelles
s'appuie notre travail :
- Les principales mutations paysannes sont une suite logique
de la dissolution de la SODKNKAM.
- La dissolution de la SODENKAM hypothèque l'avenir de
l'Opération Yabassi-Bafang. - L'avenir de chaque village est fonction de
sa structure interne et l'influence les facteurs extérieurs.
L'aboutissement de ce travail vise des objectifs bien
précis. Nos recherches s'inscrivent dans 1'une des préoccupations
du sixième plan quinquennal du Cameroun (1986-1991). Ce plan
prévoit que la « SODENKAM devra poursuivre son programme
d'encadrement des pionniers dans le département du Nkam. Les
études en cours pourront permettre d'envisager, de réorienter les
activités de cette société ». Ceci n'a pas
été réalisé, puisque la SODENKAM
2
est dissoute avant la fin du quinquennat. A ce titre nos
recherches ont pour but d'analyser les activités et les
difficultés de la zone de l'Opération et d'envisager les
perspectives et les solutions concrètes pour les pionniers
abandonnés.
Pour mener ce travail à terme, nous avons
élaboré une stratégie qui s'appuie sur le travail en
Laboratoire et le travail de terrain
Sur le plan bibliographique, nous avons consulté les
archives de la mairie et de la : Sous-préfecture de Nkondjock. Nous y
avons obtenu les données relatives à la population de
l'arrondissement et aux infrastructures de la région. Le service de la
documentation de la SODENKAM en disso1ut i on, nous a fourni les données
sur la population pionnière, sur les pionniers et leur production
agricole, ainsi que sui la société elle-même.
En outre, nous avons exploité de nombreux documents
administratifs dans les ministères de tutelle (agriculture, plan et
aménagement du territoire) , nous avons, rencontré les
différents membres de la commission de liquidation de la SODENKAM. Nous
y avons obtenu les informations sur les résultats de leurs travaux,
notamment le décret de la dissolution de la société,
l'effectif des pionniers 3 ans après, ainsi que l'état des
équipements sur place. Nous avons également effectué des
lectures dans plusieurs bibliothèques de Yaoundé, où nous
avons lu mémoires et thèses portant sur le Nkam et la zone de
L'Opération Yabassi-Bafang. La typologie des colonisations agricoles, la
sociologie et l'histoire de la région de Nkondjock nous est connu
grâce à la lecture de Barbier Jean Claude et de Raison Jean
Pierre6 principalement. Notre bibliographique a été
complété par la lecture des articles de journaux pouvant nous
intéressé dans notre étude.
Notre méthodologie qui s'appuie particulièrement
sur le travail de terrain a consisté au choix de l'échantillon et
à la méthode de collecte des données sur le terrain. Les
paysans de l'Opération Yabassi-Bafang sont ceux sur gui se joue 1'avenir
de la région. Nous avons sollicité leur concours et ceci au moyen
d'un questionnaire d'enquête.
Notre enquête, qui s'est déroulée du 15
Mars au 20 Avril 1991, a été précédée par
une phase de pré-enquête en Décembre 1990. Nous avons
également eu de nombreux entretiens de groupes avec les paysans. Compte
tenu de L'hétérogénéité de la population et
la dispersion des villages constituer un échantillon n'a pas
été facile pour nous.
L'Opération Yabassi-Bafang compte 18 villages pionniers
et une population pionnière estimée à 7000 personnes en
1985. Nous avons franchi 2 étapes dans le choix de l'échantillon:
le choix des villages à enquêter et le choix des paysans.
6 Raison, J.P. « la colonisation des terres neuves
tropicales » in étude rurale n°31,Juillet-Septembre1968
3
Pour le choix des villages, les critères suivants ont
été pris en compte:
> La date de la création. Parmi Les anciens villages
créés entre 1966 et 1971, nous avons retenu N'jingang le premier
village créé le 17 Janvier 1966 Parmi les villages de
création récente (1976-1981) nous avons retenu Didipé, le
dernier village créé le 09 Février 1981.
> La position géographique; nous avons choisi un
village situé le long de la route principale : N'dock-Samba et un
village à l'écart de la route comme Didipé, situé
à 4 km de la route. D'après la position par rapport au centre
administratif de la région, nous avons choisi un village
éloigné de 21 km de Nkondjock : N' jingang, et un village
rapproché du centre : Malé situé à 2 km de
Nkondjock.
> Le poids démographique parmi les villages les plus
peuplés nous retrouvons N'dock-Samba et parmi ceux qui le sont moins,
nous avons encore retenu N'jingang.
Ainsi plusieurs critères ont été
appliqués sur un même village. En ce qui concerne le choix des
paysans, en plus d'interroger les hommes, nous nous sommes attelés
à interroger les femmes pionnières. C'est-elles qui font la
spécificité même de cette colonisation agricole.
A ce moment, nous estimons que notre échantillon est
représentatif de l'Opération Yabassi-Bafang
La méthode de collecte des données sur le
terrain a été une étape importante sur les études.
Nous avons opté pour une enquête par sondage systématique.
En définitive, l'échantillon a été constitué
de 207 questionnaires à raison d'un questionnaire par paysan. Bien avant
son placement, notre questionnaire a été testé lors d'une
pré-enquête dans 2 villages : Matoubé et Kouedjou.
Notre voie d'investigation a été l'enquête
direct compte tenu de la complexité de notre échantillon, le
processus consiste à interviewer directement les paysans et nos
questions ont été en majorité des questions ouvertes pour
permettre à ce dernier de nous renseigner d'avantage sur leurs
perspectives et partant, celle de la région. Pour chaque village, le
taux des enquêtés est le suivant :
·
|
N' jingang
|
30%
|
·
|
Malé
|
52%
|
·
|
Ndock-Samba
|
57%
|
·
|
Didipé
|
60%
|
Le dépouillement manuel des questionnaires s'est faits
suivants les grandes rubriques : état matrimonial, état
antérieur à Nkondjock, les champs et perspectives. Pour une
question nous avons procédé au comptage direct et au calcul des
pourcentages correspondants. Au
4
décompte, nous retenu 190 questionnaires, certains
ayant été incomplets. C'est sur cette base en principe que nous
avons effectué notre étude.
Avant d'aborder effectivement notre étude, ainsi que
notre plan de travail, il serait important d'apporter quelques
précisions et définitions sur notre sujet d'étude.
L'opération Yabassi-Bafang est le cadre physique et
l'environnement humain dans lequel le gouvernement a organisé une
colonisation agricole et y a favorisé l'immigration.
La SODENKAM est l'organisme d'encadrement des immigrants et de
gestion de la zone de l'opération.
Dans le vocabulaire régionale on utilise couramment le
terme « pionnier », pour designer les paysans de la zone de
l'opération. A l'article 2 titre 2 du cahier de charge, on a la
définition suivante : « a qualité de pionnier celui qui
volontairement recruté et inscrit au registre de la SODENKAM accepte de
:
? S'installer comme exploitant agricole dans le
périmètre des mises en valeur Yabassi-Bafang
? Se soumettre aux objectifs de la société
».
Plus que pour des raisons de commodité, nous allons
substituer par moment au terme de "pionnier", celui de "paysan". Car les
habitants de la zone de I ' Opération ne sont plus des immigrants, qui
font la conquête d'un espace dont ils ignorent totalement l'extension.
Nous réservons le terme "mutation" à tout changement qui assure
le passage d'une structure à une autre, d'un système à un
autre.
Trois parties principales constituent l'ossature de notre
mémoire :
? La première partie présente l'état des
lieux au moment de la dissolution de la SODENKAM, et fait un bilan des 22 ans
de l'Opération.
? La deuxième partie traite de la dissolution de la
SODENKAM, de ses conséquences sur le milieu et des réactions de
la population.
? Enfin la troisième' · partie analyse les
perspectives de la région, sans encadrement étatique.
5
Figure 2 : Les villages pionnier de l'opération
Yabassi-Bafang
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