CONCLUSION GÉNÉRALE
L'Opération Yabassi-Bafang en 22 ans d'existence a
connu des succès, malgré quelques points sombres. En 1988, les
pionniers jusque là encadrés par la SODENKAM, voient la
disparition de celle-ci. Ce qui marque en même temps, la fin brusque de
l'assistance étatique. Les pionniers n'étant plus sous aucune
tutelle, cherchent de nouvelles voies pour assurer eux-mêmes leur propre
survie.
Cette période charnière dans l'évolution
de la région, est engendrée par la dissolution de la SODENKAM.
Son rôle et ses effets sur la région sont indéniables, hier
comme aujourd'hui. Société d'encadrement, elle a longtemps
supporté de nombreuses charges, épargnant les paysans de
certaines tâches agricoles les plus élémentaires,
nonobstant la restriction aux initiatives paysannes. Ceci a progressivement
amené les pionniers dans une situation de dépendance
vis-à-vis de la société. Si certaines personnes estiment
que la dissolution de la SODENKAM a été une bonne solution,
à cause de l'échec de la politique qu'elle a menée,
d'autres par contre, s'appuyant sur les premiers succès de
l'Opération pensent plutôt le contraire.
Toutefois, la majorité des paysans acceptent mal que la
dissolution de la SODENKAM soit définitive ; car bien que dissoute, elle
est encore présente dans beaucoup d'esprits. Actuellement, les paysans
oeuvrent dans tous les sens pour combler le vide laissé par la SODENKAM.
Y parviendront-ils? Nous pouvons répondre par l'affirmative dans la
mesure où les mutations évoluent dans le bon sens. D'autres
mutations qu'on observe dans la région sont liées à la
chute des cours des matières premières agricoles, café et
cacao, principales productions de base de la zone.
Pour bien d'observateurs, compte tenu des imbrications
profondes entre la SODENKAM et l'Opération Yabassi-Bafang, la
dissolution de l'un entraînera inéluctablement la disparition de
1'autre. Au terme de nos recherches, cette hypothèse est
infirmée, car nous constatons que la SODENKAM et l'Opération
Yabassi-Bafang sont 2 entités complémentaires mais bien
distinctes. Ce n'est que dans ce contexte que l'on peut mieux comprendre
pourquoi la dissolution de la société n'entraînera pas la
fin de l'Opération, Elle a des incidences directes sur
l'évolution de l'Opération certes, mais elle n'entravera pas sa
survie.
80
Contrairement à ce qui a été posé
au départ, cette opération bien que perturbée se poursuit
tout de même. Le Sous-préfet de Nkondjock, chargé du
dossier des pionniers, a installé au cours de ces 3 dernières
années, 22,3% de paysans interrogés dont 17 pionniers à
Didipé, 3 à Mâle, 1 à N'dock-Samba et N '
jingang.
L'avenir de la zone ne peut être envisagé
globalement, eu égard aux diverses situations géographiques et
démographiques que vivent les villages. Notre analyse confirme cette
hypothèse de départ. A partir de là,-nous pouvons faire
certaines recommandation, pour les recherches futures sur la région.
Au bout de nos recherches, on peut déduire que, la
nouvelle situation engendrée par la dissolution de 1'ONPD à
Yabassi et de la SODENKAM à Nkondjock génère des
problèmes nouveaux, qui se greffent sur les premiers. Ainsi les
recherches effectuées jusqu'alors sur la zone de l'Opération et
par extension sur la région de Nkondjock et du Nkam, ont aboutit aux
résultats selon lesquels le principal problème de la zone demeure
celui des infrastructures de communication. Ceci a été valable
jusqu'à une certaine période (autour de 1987). Aujourd'hui, nous
franchissons un pas de plus dans la recherche et les propositions de solution
des problèmes de la région; car, outre le problème de
l'enclavement, la région doit gérer des contradictions internes
et surmonter des difficultés endogènes telles 1'auto-encadrement,
la réorientation et/ou la diversification des activités
paysannes. Dans ce si 1-1 âge, les recherches futures à partir de
la conjoncture actuelle devront trouver d'autres problèmes et proposer
des solutions concrètes.
81
|