A-3. Ouverture de la zone à d'autres
sociétés privées de commercialisation
La SODENKAM a pendant 18 ans, géré
l'Opération seule en maîtresse, assurant l'encadrement des
immigrants. En contrepartie, les pionniers doivent lui vendre toute sa
production de café et de cacao sur laquelle les dépenses
d'encadrement sont défalquées. Le coxage est formellement
interdit et dans ce sens, des barrières routières sont
érigées à la sortie et à l'entrée de la zone
de l'opération; en même temps, aucune société
privée n'est autorisée à se déployer dans la
région. Pour faire le commerce vivrier que la SODENKAM a pratiqué
jusqu'en 1981, il faut se munir d'une autorisation du Directeur
Général.
Le rôle joué par la SODENKAM dans
l'arrondissement de Nkondjock a longtemps éclipsé celui des
autorités administratives; le sous-préfet n'ayant vraiment
d'autorité que sur les autochtones. Le chef de poste agricole
n'étant qu'un simple figurant.
Or, depuis 1989, la situation a changé; la SODENKAM est
dissoute et la libéralisation du commerce des vivriers dans le Cameroun
et vers les pays voisins, ouvre largement les frontières de zone de
l'Opération à l'influence extérieure. A partir de ce
moment, les barrières routières sont supprimées, le coxage
refait surface, la commercialisation des vivriers est relancée, ce
d'autant plus qu'il semble être un palliatif à la chute des cours
du café et du cacao.
Les sociétés privées de
commercialisation, pour la plupart en provenance du Haut Nkam et du Moungo
voisin et qui sont avides de se déployer dans la zone, en ont
l'opportunité. Parmi ces sociétés on a la CACEP, la SCA
qui occupent les foyers culturels de Mâle et de N'dock-Samba comme hangar
de stockage du café. Le commerce des vivriers est encore le fait des
individus isolés.
A-4. La reconversion des employés de la
SODENKAM.
Les employés de la SODENKAM dans leur majorité
ne sont pas des pionniers. Au centre de Nkondjock où ils sont
installés, ils se sont procuré des parcelles de terrain sur le
territoire autochtone. Sur ces portions de champ, ils y pratiquent
généralement des cultures vivrières destinées
à 1'autoconsommation.
Dès la compression du personnel qui a
précédé la dissolution de la SODENKAM, on assiste à
une reconversion des employés d'une certaine catégorie à
d'autres activités dans la région de Nkondjock. Cela touche
surtout les employés temporaires et ceux de basse hiérarchie. On
peut distinguer 2 groupes de reconvertis en fonction de 1'origine ethnique des
employés.
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Les employés temporaires originaires du
département du Nkam se sont dans leur majorité, reconvertis dans
l'agriculture. Ils sont parmi les derniers immigrants installés par la
sous-préfecture, dans les villages pionniers. Nous en avons
rencontrés 2 à Didipé et dans d'autres villages.
Pour les employés, non originaires du Nkam, ils se
reconvertissent dans les activités telles, le petit commerce et le
transport. Cette dernière activité est surtout le fait des
anciens chauffeurs, qui ont acheté des voitures "pick-up" lors de la
liquidation de la société. Aujourd'hui 4 de ces chauffeurs
exercent le transport clandestin en direction de Yabassi et de Bafang.
Certains cadres de la SODENKAM qui ont investi dans la
région reviennent assurer l'entretien de leur maison et de leurs
plantations.
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